Abonnés

Pro D2 - Le roman de la saison : les Oyonnaxiens, maîtres de leur destin !

Par Jean-Pierre Dunand
  • À Toulouse, les Oyonnaxiens ont décroché le titre de Pro D2 au terme d’une saison qu’ils ont largement dominée. Les hommes du président Dougal Bendjaballah (à droite au milieu) et du manager Joe El Abd (en bas à droite) décrochent ainsi un billet pour le Top 14.
    À Toulouse, les Oyonnaxiens ont décroché le titre de Pro D2 au terme d’une saison qu’ils ont largement dominée. Les hommes du président Dougal Bendjaballah (à droite au milieu) et du manager Joe El Abd (en bas à droite) décrochent ainsi un billet pour le Top 14. Patrick Derewiany
Publié le
Partager :

Après avoir dominé la saison régulière, les Oyonnaxiens ont su surmonter les difficultés de la phase finale pour décrocher un troisième titre de champion de France et retrouver le Top 14.

Les oracles avaient vu juste. En août dernier, invités à sacrifier à la tradition des pronostics dans les colonnes du Midi Olympique, les entraîneurs de Pro D2 avaient fait d‘Oyonnax leur grandissime favori. Quinze d’entre eux s’étaient exprimés (Vannes faisant exception) et quatorze avaient alors promis à Oyonnax une qualification directe pour les demi-finales. Douze les voyaient finalistes, dont neuf en champions et promus en Top 14.

Dès lors, et plus encore au vu de l’emprise exercée par le club de l’Ain sur le championnat tout au long de la saison, le voir brandir son troisième bouclier de Pro D2 ce samedi, sur la pelouse du stade Ernest-Wallon à Toulouse, relève d’une forme de logique. On pourrait même aller jusqu’à admettre que cette réussite s’inscrit dans une forme de rythme décennal. En 2003, en dominant son voisin Bourg-en-Bresse, Oyonnax s’était ouvert les portes du rugby professionnel. En 2013 au terme d’un parcours linéaire (111 points, 24 victoires, 1 nul, 5 défaites), le club de l’Ain s’était offert directement un premier titre et l’accession en Top 14. Et voilà que pour célébrer ce double anniversaire, les "Oyomen" (après un deuxième titre décroché en 2017) récidivent avec pratiquement le même parcours qu’il y a dix ans lors de la phase régulière (111 points, 23 victoires, 1 nul, 6 défaites), mais en passant cette fois par la case "phase finale".

Pour évoquer cette saison que viennent de boucler les Oyonnaxiens dans l’euphorie d’un titre et d’un retour en Top 14, la référence au passé s’impose. En juillet 2012, lors du stage de préparation à Hauteville-Lompnes (Ain), alors que les joueurs réunis pour fixer l’objectif de la saison s’étaient montrés unanimes pour cibler la qualification, une voix s’était élevée pour viser plus haut et fixer un autre cap. "Nous irons chercher le titre et la montée", avait promis un certain Joe El Abd tout juste arrivé comme joueur au sein de l’effectif haut-bugiste. Les Oyonnaxiens venaient de naître…

Le 8 juillet dernier, au seuil de sa quatrième saison comme entraîneur d’Oyonnax, devant 1 500 supporters réunis au stade Mathon pour la présentation de l’effectif, Joe El Abd avait pris un nouvel engagement : "Notre objectif est de nous qualifier et de le faire en terminant à la meilleure place possible pour chercher à aller plus haut. Pour réussir, nous devrons être encore plus rudes et plus efficaces dans notre jeu."

Un état d’esprit

Ce jour-là, le manager aindinois avait même souligné que le calendrier qui promettait à son équipe une ouverture à Biarritz, avant les réceptions de Massy et Grenoble, puis un déplacement à Mont-de-Marsan "donnerait le cap". Au soir de la première journée, après avoir rapporté un bonus défensif de Biarritz, Joe El Abd et son groupe avaient pourtant dû faire face à une première frustration après s’être vu refuser trois essais, mais le manager aindinois relevait déjà "un excellent état d’esprit, il y a des choses en place". Au-delà des qualités individuelles et collectives, cet état d’esprit a pesé d’un bout à l’autre de la saison sur le parcours des "Oyomen". Il leur a permis de ne pas se satisfaire des acquis, de savoir sans cesse se remettre en cause pour s’inscrire dans l’avancée et la progression. Il les a aidés à surmonter certaines difficultés dans le cours d’une saison qui, contrairement à ce que pourrait laisser croire la domination affichée, n’a pas été celui d’un long fleuve tranquille. C’est lui aussi qui les a portés lors des deux duels âpres et serrés livrés face à Vannes et Grenoble pour aller décrocher le Graal, répondant ainsi au souhait exprimé par leur président Dougal Bendjaballah, à la veille de la finale : "Nous avons les cartes en mains, nous sommes maîtres de notre destin."

Treize matchs sans défaite

Les deux premiers matchs à domicile de cette saison offraient à Oyonnax ses deux premiers bonus offensifs, avant de revenir sans le moindre point de Mont-de-Marsan. Mais dès la 5e journée et la réception de Nevers, les Oyonnaxiens entamaient une impressionnante série de victoires, la treizième de rang leur permettant de réaliser un doublé face aux Neversois. Leader depuis la 7e journée, Oyonnax n’était pourtant pas invincible. Rouen, sur ses terres, allait en apporter la preuve, suivi par Mont-de-Marsan qui venait saper l’une des ambitions des Aindinois, celle de demeurer invaincus sur la pelouse de Charles-Mathon. L’édifice aurait pu vaciller, mais une fois encore l’état d’esprit du groupe s’avéra prépondérant, Joe El Abd lui fixant des défis, battre Biarritz, ce qui fut fait avec le bonus offensif, signer une première à Sapiac où Oyonnax ne s’était jusqu’alors jamais imposé (contrat rempli avec là aussi un bonus offensif).

C’est ainsi que l’équipe du Haut-Bugey a fonctionné durant toute la saison, sans jamais s’endormir sur ses lauriers, en définissant à chaque match un nouveau challenge que ce soit dans le contenu ou dans le résultat comme quand dans la fin de parcours, la place de leader étant acquise, les "Oyomen" se firent un devoir d’égaler leur record de points acquis dans la phase régulière (111) et de battre celui des essais inscrits (115 contre 112).

"Focus sur les objectifs"

Rien n’a jamais détourné Oyonnax de ces objectifs, pas même les difficultés suscitées par des séries de blessures à des postes clés. Quand la problématique a touché les demis de mêlée, Joe El Abd n’a pas hésité à puiser dans les rangs des espoirs pour titulariser le jeune Yvan David (20 ans) à deux reprises, et le retenir dans le groupe onze fois. Quand les ouvreurs, Jules Soulan et Justin Bouraux, se sont retrouvés voisins sur les bancs de l’infirmerie, Tony Ensor a quitté son poste d’arrière pour les suppléer. "Quoiqu’il arrive, nous restons focus sur nos objectifs", n’a cessé de marteler Joe El Abd qui, depuis le début de la préparation en juillet, a toujours eu une vision à long terme, le regard fixé sur un horizon ambitieux, même quand après la victoire à Grenoble (24-28 lors de la 25e journée) son équipe a eu en poche son billet qualificatif, même quand après celle face à Agen, la semaine suivante, elle a obtenu l’assurance de terminer à la première place de la poule. Réfutant la notion de gestion, le patron des Haut-Bugistes a toujours répété : "Terminer à la première place ne constitue pas une fin en soi, nous voulons aller plus loin. Nous avons besoin d’entretenir la pression dans la perspective de la phase finale et pour cela il est nécessaire d’impliquer la globalité du groupe dans la préparation de la fin de parcours."

Oyonnax, après trois tentatives infructueuses, a su passer le cap des demi-finales face à Vannes puis s’affranchir de la résistance iséroise en finale, lors de deux matchs aussi intenses que compliqués, pour s’ouvrir à nouveau les portes du Top 14, cinq ans après l’avoir quitté en perdant le match d’accession face à… Grenoble.

Les oracles avaient raison. Les "Oyomen" ont su relever l’énorme défi qui se présentait à eux. Le Top 14 les attend. En juillet, ils seront là où ils voulaient être.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?