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Pro D2 - Dans les coulisses de l'ultime espoir de Carcassonne

Par Manon Moreau
  • Les Carcassonnais se sont offerts un sursis avec ce point de bonus défensif arraché à Sapiac.
    Les Carcassonnais se sont offerts un sursis avec ce point de bonus défensif arraché à Sapiac. Midi Olympique - Manon Moreau
Publié le Mis à jour
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Pour préparer ce match crucial face à Montauban, les Audois n’avaient rien laissé au hasard avec une importante mise au vert. Retour sur une journée spéciale au bout de laquelle Carcassonne s’est offert le droit d’y croire, jusqu’à la dernière seconde de ce championnat.

Avec 19 défaites pour seulement 9 victoires cette saison, ce rendez-vous sur la pelouse de Sapiac était la dernière chance des Audois pour terminer cette saison maîtres de leur destin. L’USC n’avait pas le choix. Gagner pour se sortir de la zone rouge et avoir le pouvoir de sceller leur maintien en Pro D2 lors de la dernière journée du championnat. Un match pour la survie que les Carcassonnais avaient senti arriver.

Les calculs alambiqués pour l’éviter ne comptaient plus et les regrets des points laissés en chemin devaient être oubliés : plus rien ne devait être laissé au hasard avec une préparation précise durant laquelle le staff audois s’est attardé sur les détails. « Ceux qui peuvent faire basculer un match », assurait Mathieu Cidre, entraîneur des avants.

Après une dernière mise en place en terre toulousaine, c’est dans le centre-ville de Montauban que Pierre Aguillon et ses coéquipiers s’étaient réfugiés pour une dernière nuit, jeudi. Avant le grand soir. Pour éviter de fixer le plafond trop longtemps, quelques accrocs aux jeux de cartes repoussaient le moment du coucher. Après avoir reposé les esprits, l’ensemble du groupe se lançait vendredi dans une marche matinale dans le centre de la cité tarn-et-garonnaise.

Des noeuds dans le ventre

Arrivés sur la place du monument qui rend hommage aux combattants des première et deuxième guerres mondiales, les plus impliqués rassemblaient les troupes pour répéter encore et encore les lancements de jeu. Le troisième ligne Étienne Herjean, toujours muni de ses notes sur l’avant-bras, donnait de la voix bien accompagné par l’ouvreur-arrière Damien Añon. Les avants prenaient ensuite le temps de réviser les différentes combinaisons en touche. « Ça les rassure », expliquait un membre du staff.

Derrière les sourires, la pression commençait à se faire ressentir. Les discussions autour des différentes stratégies laissaient place à un silence de plus en plus présent, chacun avec sa façon de gérer la pression. Romain Manchia ne tenait plus en place, happé par l’impatience d’entendre le bruit strident du sifflet donnant le coup d’envoi alors qu’Etienne Herjean avait déjà débuté son travail de concentration. Samuel Marques apparaissait, lui, à la fois serein et soucieux de cette blessure qui le ronge depuis un mois. La dernière séance vidéo d’avant-match fut courte mais précise. « On bouge d’abord et on pense après » martelait Aurélien Cologni, entraîneur de la défense.

À quelques heures du coup d’envoi, il y avait ceux qui, aussitôt arrivés à l’hôtel jeudi soir, avaient déjà pris la mesure de cette rencontre et son importance capitale. D’autres laissaient traîner les sourires jusqu’au dernier moment, sans doute pour occulter la pression. Après un réveil musculaire et un dernier brief du staff, plus rien ne ressemblait à l’ambiance des dernières heures.

Le bruit des crampons qui claquaient le sol des vestiaires n’allait rien arranger. Les blessés avaient tous fait le déplacement. « Je donnerais tout pour jouer ce match », lançait le troisième ligne Grégory Annetta.

Les Carcassonnais ont passé l'intégralité de la journée de vendredi à Montauban, pour être prêts au combat.
Les Carcassonnais ont passé l'intégralité de la journée de vendredi à Montauban, pour être prêts au combat. Midi Olympique - Manon Moreau

Du rêve à la réalité…

Dans les vestiaires, les minutes devenaient des heures. Rynard Landman, si détendu jusqu’ici, faisait soudain des allers-retours dans le couloir du vestiaire : « c’est dur, c’est stressant », avouait-il. Christian Labit donnait le timing : « six minutes les gars ! ». Pierre Aguillon rassemblait les siens dans un cercle presque trop grand pour les petits vestiaires de Sapiac. « On doit s’envoyer comme des fous sans rien calculer. Je ne veux voir personne la tête en bas. On est sûr de nous. On a pas besoin de se regarder. Pas besoin de se parler. On y est. On le fait pour nous et pour le maillot ». Le minuteur n’affichait plus que quelques secondes et les joueurs se retrouvaient dans le couloir. Avant de se jeter sur la pelouse de Sapiac.

Carcassonne démarrait fort et respectait le plan. Les Audois subissaient sans jamais rompre et trouvaient des solutions pour se retrouver devant à la pause (9-14). Un souffle de soulagement traversait alors le vestiaire, comme si les Carcassonnais venaient de réellement prendre conscience qu’ils en étaient capables.

Plusieurs petits groupes se formaient pour échanger sur cette première période. Cette fois, le temps passait à une vitesse folle et alors que le minuteur n'affichait plus que deux petites unités avant la reprise, Christian Labit élevait la voix : « Quarante minutes de souffrance, c’est rien ! On n’a pas le droit de lâcher ! ». « On est à quarante minutes de quelque chose d’énorme ! », poursuivait Romain Manchia.

Christian Labit et son staff ont vécu la rencontre face à Montauban en gardant un œil sur les autres résultats de la soirée.
Christian Labit et son staff ont vécu la rencontre face à Montauban en gardant un œil sur les autres résultats de la soirée. Midi Olympique - Manon Moreau

Un plan B pour ne pas s’écrouler 

Avant de repartir, le staff se retrouvait une dernière fois devant les vestiaires. « Si ça se passe mal, il nous faut absolument le bonus défensif. Mont-de-Marsan mène de 20 points à Soyaux », prévenait le manager. Carcassonne n’avait rien laissé au hasard. Le staff audois avait étudié précisément les différents scénarios de ce match pour le maintien, afin de faire le bon choix quand il se présenterait… « On a tout calculé pour pouvoir être réactif sur nos décisions », expliquait le coach des avants plus tôt dans l’après-midi.

En deuxième période, Montauban prenait le dessus. Un quart d’heure avant le coup de sifflet final, Christian Labit était lucide : « Il faut qu’on prenne le bonus défensif, il nous reste plus que ça ». C’était la seule option qui pouvait encore laisser Carcassonne en vie dans ce championnat. Et comme une récompense à tous les efforts fournis depuis le début de la rencontre, Montauban se mettait à la faute pour offrir une dernière cartouche aux visiteurs du jour. Il était là, ce point de bonus défensif ! Sans trembler, Samuel Marques tapait parfaitement ce dernier coup de pied sur la sirène. Un point de plus au classement qui apaisait les peines sans pour autant retenir les larmes de certains.

Pour se maintenir en Pro D2, les Audois sont désormais condamnés à s’imposer avec le bonus offensif face à Provence Rugby en comptant également sur une défaite à zéro point de Soyaux-Angoulême. Une ultime bataille aux abords de la Cité qui laisse planer l’espoir d’une fin heureuse.

De la Fédérale 2 à la Pro D2 presque en un claquement de doigt il y a plus de 10 ans jusqu’aux phases finales la saison dernière, l’US Carcassonne est à un tournant de son histoire.

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