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Champions Cup - Stade Rochelais : Une si grande faim de conquêtes

Par Vincent BISSONNET
  • Les Rochelais, champions en titre, ont pris l’habitude de battre les formations britanniques et irlandaises comme face aux Saracens en quart de finale.
    Les Rochelais, champions en titre, ont pris l’habitude de battre les formations britanniques et irlandaises comme face aux Saracens en quart de finale. Icon Sport - Icon Sport
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Vainqueurs de leurs quatorze dernières confrontations face à des clubs britanniques et irlandais, les Rochelais doivent écarter une nouvelle menace anglaise. À la clé : une troisième finale consécutive.

Pour la troisième fois en trois ans, le Stade rochelais va entrer sur la pelouse d’une demi-finale de Champions Cup. Pour la troisième fois en trois ans, il pourrait avoir le privilège d’en disputer la lutte finale. Ce simple rappel des faits pose un constat au milieu du décor : La Rochelle s’avancera en grand d’Europe dans l’arène du Matmut Atlantique, ce dimanche.

À l’heure de voir débarquer Exeter dans l’Hexagone, le constat émis par Ronan O’Gara après une double leçon infligée par les Chiefs (33-14 à Sandy Park, après un premier succès anglais 31-12 à Deflandre), en janvier 2020, prend plus que jamais son sens : «C’est une déception, avait tonné le nouveau manager maritime, entré en fonction huit mois plus tôt. On doit penser comme un grand club. Ce qui est sûr, c’est que nous ne sommes pas un club fort de la Champions Cup, nous ne l’avons joué que deux fois. Nous sommes des débutants, c’était la même chose pour Exeter, il y a peut-être huit ans. Mais, avec nos qualités, on peut accélérer la progression et c’est l’objectif : jouer les phases finales de la Champions Cup.» Trois ans après, le manager sourit au moment d’être confronté à sa prophétie d’hier : «C’est un bon rappel qui montre où l’on était et qui permet de situer où l’on est. Je me souviens de ce match. Il avait été facile de savoir qui était le meilleur et ce n’était pas nous. Depuis, notre environnement a complètement changé, notre quotidien, notre envie de progresser, notre humilité, notre travail aussi… Aujourd’hui, j’ai beaucoup plus de compétiteurs, de mecs qui sont intéressés par l’envie de progresser.» L’approche, elle aussi, a été bouleversée : «On a revu notre façon d’aborder l’épreuve grâce à «ROG», confirme Uini Atonio. Avant, l’équipe ne la disputait pas pour aller loin. On jouait les matchs de poule, on mettait des jeunes, ce n’était pas vraiment un objectif…» «Cette Coupe nous plaît énormément, prolonge Romain Sazy. C’est une compétition que «ROG» connaît très bien. Il nous a titillés avec, nous en a donné les clés. Il a fait en sorte que l’on soit excité, que l’on croit que c’était possible pour nous.» Au-delà des mots, le Stade s’est donné les moyens de cette nouvelle ambition : «Le club se renforce constamment, il n’y a pas une année où il n’y a pas eu de changement, relève le deuxième ligne. On est chanceux d’être dans un club ambitieux, qui attire de grands joueurs, a des infrastructures fabuleuses… La progression est belle.» Elle est sublimée sur la scène continentale où La Rochelle, novice au début de la décennie, fait désormais figure d’experte.

«Pour eux, c’est le match de l’année»

Depuis janvier 2020 et la leçon d’Exeter, champion d’Europe en devenir, les Jaune et Noir restent sur quatorze succès en quatorze confrontations face aux formations britanniques et irlandaises croisées en route : Edimbourg, Gloucester, Sale, le Leinster, Glasgow à deux reprises, Bath, le Leinster, Northampton deux fois, l’Ulster à deux reprises, Gloucester et les Saracens sont tombés les uns après les autres, vaincus par leur densité, la qualité de leur jeu au sol et leur capacité à tenir le bras de fer sur la durée. Exeter est le prochain sur la liste. La dynamique des Chiefs est opposée à celle des Rochelais : depuis le sacre en 2020, l’armada du Devon semble décliner. Sixième de son championnat et miraculée en huitièmes de finale face à Montpellier, la bande des frères Simmonds ne dégage plus la même impression de toute puissance mais sa présence dans le dernier carré de cette édition parle à elle seule. Voilà pourquoi les tenants du titre s’en méfient : les grandes équipes ne meurent jamais, elles ne font que sommeiller. Avant de tourner la page d’une génération dorée, avec dix-neuf départs annoncés, les Anglais rêvent d’un sursaut d’orgueil, d’un baroud d’honneur : «Ça va être particulier pour Exeter qui n’est pas bien classé dans son championnat, prévient Romain Carmignani. Pour eux, c’est le match de l’année. Ils veulent nous taper, et taper le champion d’Europe à Bordeaux est le contexte parfait pour signer un coup d’éclat.»

Les Rochelais adorent justement cette Coupe pour ce qu’elle peut générer comme duels au couteau et réserver comme surprises. Après avoir vaincu l’épouvantail Leinster en finale, l’an dernier, ils sont d’ailleurs les mieux placés pour le savoir : le dénouement de ces matchs de phases finales peut contredire tous les pronostics, surtout quand la partie se dispute en terrain - presque - neutre : «Ce sera un très gros duel qui nous attend, ce sera plus costaud que ce que l’on a connu, il ne faut pas regarder le classement, tout ça, avertit Romain Sazy. On a vu leurs prestations, c’est très costaud, ça déplace le ballon…» Ceci dit, La Rochelle a toutes les armes en mains pour repousser les assauts anglais avec son cinq de devant en acier massif, Levani Botia, «un des meilleurs troisième ligne au monde» dixit O’Gara, la référence internationale Grégory Alldritt en guise de capitaine, le métronome Tawera Kerr-Barlow, deuxième meilleur 9 du monde selon son manager, ou une ligne de trois-quarts résolue à faire parler d’elle. Tout ce petit monde étant lié et habité par un vécu considérable.

Cette force de l’habitude ne peut se suffire à elle seule : «Ce serait malheureux de dire qu’on s’y habitue, évoque Romain Sazy. On est conscient de l’enjeu, l’excitation doit être au maximum.» Dès mardi, premier jour d’entraînement, Ronan O’Gara était rassuré à ce sujet : «L’ambiance dans la salle m’a rappelé celle que je sentais à mon époque au Munster. Les gars sont stimulés, il y a plus d’énergie, on a hâte d’y être.» Et, avec eux, plus de 40 000 supporters jaune et noir prêts à verser une nouvelle fois dans l’ivresse. «Tous les clubs en Europe aimeraient être à notre place à l’heure actuelle, place Ronan O’Gara. Il en restera deux après ce week-end, j’espère que l’on sera dedans." En se qualifiant pour une troisième finale consécutive dans l’épreuve, les Maritimes réaliseraient une performance que seuls le grand Toulouse de Fabien Pelous (2003, 2004, 2005) et le RCT des galactiques (2013, 2014, 2015) ont déjà accomplie. Mais qu’on se le dise : aussi belle puisse être la fête à Bordeaux, elle ne sera qu’une étape pour Ronan O’Gara et son armée de conquérants.

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