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Top 14 - Pierre-Henry Broncan (ancien manager de Castres) : « La Coupe d’Europe sera l’arbitre de cette fin de saison »

Par Marc Duzan
  • Pierre Heny Broncan, ancien manager du Castres olympique.
    Pierre Heny Broncan, ancien manager du Castres olympique. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Pierre-Henry Broncan (ancien manager de Castres) - Le technicien gersois analyse les forces en présence du Top 14, à quelques semaines des phases finales du championnat.

Comment jugez-vous le retour au premier plan du RC Toulon ?
C’est assez logique, finalement. Dès que le RCT peut aligner ses meilleurs joueurs au même moment, dès que Toulon peut titulariser dans la même équipe Charles Ollivon, Baptiste Serin, Waisea ou Cheslin Kolbe, le rendement s’en ressent.

En clair ?
Le XV majeur de Toulon est redoutable mais le RCT n’a pas encore la profondeur d’effectif du Stade rochelais ou Toulouse, deux équipes qui continuent de traverser le terrain même avec quinze absents.

Jugez-vous que l’ouvreur Ihaia West, après un début de saison difficile, monte aujourd’hui en puissance ?
Il est champion d’Europe en titre et Ihaia West reste un super attaquant. Son problème, c’est qu’il est très inconstant. Je pense que Dan Biggar, qui a réalisé une bonne entrée en jeu contre Lyon, jouera donc les gros matchs de fin de saison.

Quid de ce paquet d’avants toulonnais, très redouté en Top 14 ?
Toulon a une très bonne mêlée, notamment quand Beka Gigashvili est présent. En touche, Charles Ollivon les rassure. Et puis, Jean-Baptiste Gros va bientôt revenir, ce qui amènera une option supplémentaire à ce paquet d’avants.

Le RCT est-il néanmoins dépendant de Waisea, comme l’était le Stade français l’an passé ?
Peut-être… Mais pas plus que le Lou n’est dépendant de Josua Tuisova… L’autre homme en forme de Toulon s’appelle à mon sens Baptiste Serin : il maîtrise son poste, pied droit, pied gauche… Et il a surtout pris une nouvelle dimension physique : offensivement, il « breake » encore plus souvent qu’avant et sans ballon, il défend désormais très bien sur l’homme.

Croyez-vous que Montpellier, le champion en titre, peut finir la saison en boulet de canon ?
Les Montpelliérains vont être difficiles à prendre : ils ont une vraie maîtrise de leur projet et sont restés fidèles à leur jeu de "dépossession". Ils imposent de grosses séquences défensives, sont bons sous les ballons hauts. Ils jouent dans les bonnes zones, aidés en cela par deux demis de mêlée de très haut niveau, Cobus Reinach et Léo Coly. Surtout, leurs facteurs X, Zach Mercer et Jan Serfontein, sont redevenus très forts depuis quelques matchs. Ces joueurs-là peuvent faire remonter Montpellier au classement. En fin de saison, les Héraultais seront là.

Malgré son faux pas à Castres (27-17), Toulouse garde la pole. Cette équipe sera-t-elle prenable lorsqu’elle enregistrera les retours de tous ses internationaux français ?
Aujourd’hui, il y a deux équipes en haut : Toulouse et La Rochelle. Eux sont au-dessus parce qu’ils ont des joueurs de classe internationale et deux effectifs énormes. Hier, il manquait par exemple quinze mecs à Toulouse mais ça n’a pas empêché cette équipe de traverser trois fois le terrain… Quant au Stade rochelais, aussi amputé de plusieurs titulaires (Antoine Hastoy, Jonathan Danty, Reda Wardi, N.D.L.R.), il a broyé Bordeaux.

Mais Toulouse est-il oui ou non prenable ?
Sur un match, tout le monde est prenable. Mais je n’oublie pas, non plus, que lors du dernier Crunch, il y avait onze Toulousains au coup d’envoi : dix Français et un Anglais (Jack Willis, N.D.L.R.). Onze joueurs… Sur un match du Tournoi des 6 Nations… C’est assez énorme…

Qu’est-ce qui arbitrera la fin de saison ?
La Coupe d’Europe et la façon dont ceux qui la disputent géreront cette compétition. Selon que tu joues le Challenge Européen ou la Champions Cup, c’est différent. Et puis, on a vu l’an dernier à quel point il avait été complexe, pour les Rochelais, de se relancer après le titre de champion d’Europe.

Avec les phases finales qui se dessinent, l’heure des vrais choix débute pour Ugo Mola. Cela s’annonce-t-il pour lui complexe, notamment pour trancher au poste d’arrière ?
Enfin bon, écoutez-moi… Sur le match que j’ai vu samedi, il n’y aura pas de problème pour mettre Thomas Ramos titulaire. Melvyn Jaminet est d’ailleurs assez lucide sur ses performances actuelles. Ugo Mola a en tête son équipe type et en ce sens, le XV de France est aussi un bon arbitre : chez les Bleus, Ramos est titulaire et Jaminet remplaçant ; Marchand débute les matchs et Mauvaka est second. C’est plutôt limpide. À mon sens, la seule question qui se pose aux Toulousains sera la gestion en deuxième ligne, où Thibaud Flament, Richie Arnold et Emmanuel Meafou sont tous très forts.

Meafou pourrait-il être aussi bon au niveau international qu’il ne l’est en Top 14 ? Il y a un fossé…
Meafou, c’est le meilleur. Et si tu le mets demain en équipe de France, il restera le meilleur… Ce mec a tout. Il ne saute peut-être pas en touche mais il lifte les mecs à je ne sais pas combien de mètres de hauteur ; il gratte au sol, il porte le ballon, il défend… C’est un Skelton, ni plus ni moins. Et ce sera une plus-value immédiate pour l’équipe de France. Avec lui, pas besoin de passer par la case «on va te former».

Parlons un peu du Stade rochelais: quelle opinion avez-vous des champions d’Europe ?
Le Stade rochelais, c’est une dimension physique hors-norme, une équipe qui met une grosse pression sur tous les rucks. Ils ont des monstres, franchement. Je m’explique: les avants de Bordeaux sont quand même solides mais ils sont passés pour des enfants samedi soir. […] Et si le Stade rochelais a battu le Leinster la saison dernière, c’est avant tout parce qu’il l’a secoué dans le combat collectif. Quand tu as un axe droit Atonio-Skelton, tu as 300 kg sur la balance: ça t’assure une supériorité en mêlée et dans les mauls, qu’ils soient défensifs ou offensifs. En face, il faut s’y mettre… L’UBB s’y est employée mais après une heure de jeu, elle a craqué.

Un bémol, peut-être ?
Tawera Kerr-Barlow est primordial dans cette équipe. Il y a un La Rochelle avec et sans Kerr-Barlow. Il ne faut pas qu’il se blesse.

Le Stade français peut-il tenir le rythme ?
Paris était déjà solide dans le combat d’avants, les années précédentes. Ce qui a changé, c’est la défense et en ce sens, l’apport numéro 1 du Stade français, c’est pour moi Paul Gustard (l’entraîneur de la défense, N.D.L.R.). Il a transformé cette équipe, qui défend fort, vite et en fermant bien les extérieurs. Paris ressemble aujourd’hui à Montpellier, en quelque sorte.

Une dernière chose, Pierre-Henry : vous êtes annoncé avec l’équipe d’Australie pour la Coupe du monde. Est-ce vrai ?
Pas de commentaires.

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