Top 14 - Comment Pierre Mignoni et Franck Azéma ont rallumé Toulon

Plus d’une décennie sans un poil sur le caillou, pourtant, Pierre Mignoni s’arrache encore les cheveux devant l’inconstance du RCT. Face au Lou, son ex-formation, le patron du sportif varois espère garder la cadence prétrêve (6 succès en 7 matchs).

Auprès du Midi Olympique, il s’est confié sur les moments de doute face au « yoyo » de son équipe. « Avant toute chose, j’espérais que les choses aillent plus vite. Franck n’avait connu qu’une dynamique positive, mais pas sur une saison entière. C’est un groupe particulier. Pour être honnête, je n’ai jamais connu un groupe comme ça. » C’est-à-dire ? "C’est un groupe contrasté. Il est capable de s’étouffer puis de s’allumer comme face à Toulouse (17-6). Ça m’a surpris, et je me suis enfin dit : « Ça y est, c’est ça Toulon, c’est ça notre équipe, c’est ça les valeurs de notre club et de notre maillot. » Puis la dynamique se casse à Clermont (36-21). »

Avec son binôme, "Pierrot" ménage le bâton et la carotte pour mater les ouailles. « On a notre fonctionnement, mais on a dû s’adapter au public en face de nous. Pour allumer ce groupe sur la durée, il faut surprendre les joueurs. Encore plus qu’avant. C’est aussi en phase avec la société. N’écrivez quand même pas que l’on a eu un management vieillot (rires). Ce groupe a besoin d’être intéressé et challengé à base de petits jeux pour le booster. Mentalement, on doit trouver les ressources pour être toujours connecté. Quand on est comme ça, on peut battre n’importe qui. Ce groupe est son pire ennemi. »

« Je sais que nous sommes sur la bonne voie »

Si en soubresaut on comprend que le management du duo cinq étoiles à évoluer, au fil des semaines et au terme « d’une remise en question » poussée, la trame est restée. « On n’est pas à Toulon pour faire semblant. Après le Racing, quand je parle de joueurs qui trichent, je peux vous dire que ça sort plus fort dans le vestiaire. Parfois, tu es sur le terrain sans y être. On ne doit pas être parfait, mais on se doit d’être le moins imparfait possible. On veut de la constance dans les efforts. Sur ça, on n’est pas excusable. Si tu n’es pas capable de te le dire, tu n’es pas là où tu es aujourd’hui. » À deux points du top 6.

Pour entrer parmi la caste, Toulon se doit de battre un gros poisson. C’est le cas du Lou (4e), formation taillée par « Pierrot » (2015-2022). « Notre équipe reste fragile, ce n’est pas un conte de fées, mais je la sens grandir. En face, c’est une équipe compétitive, et j’en suis le premier heureux car la passation a été bonne. Ce n’est pas une finale, mais un match important. Je suis excité par ce samedi, j’espère qu’on va faire un grand match face à un club qui connaît une réussite sportive et économique. Toulon est attendu, comme d’habitude. »

Lui aussi, il l’était à son retour en Rade. Des attentes trop élevées, dans un environnement si pressé ? « Si tu n’aimes pas la pression, tu ne viens pas à Toulon. Rien ne m’a surpris (rires). Les gens n’ont pas changé. Vous savez quoi, la folie de Toulon m’a manqué pendant toutes ces années. Quand tu es né ici, tu es fou. Je suis fêlé aussi, mais je sais que nous sommes sur le bon chemin. Les matchs couperets arrivent, et j’attends de retrouver ce Mayol, sans marge, pour un huitième de finale de coupe d’Europe, dans une semaine. Jouons avec passion, car c’est ça, Toulon.