Top 14 - Comment Serin est redevenu indispensable au RCT

"Il est Serin, il est Serin, il est SE-RIN !" Étendard tendu en haut de la Delangre, les Fadas du RCT ont repris le tube de l’hiver, face à Paris (37-9), en l’honneur de leur parrain volant. Cette performance - deux franchissements, 4 défenseurs battus, plus de 70 mètres parcourus ballon en main, et un sans-faute aux plaquages (11 sur 11) - lui a valu un Oscar de la semaine du Midi Olympique. Son deuxième consécutif, après celui face à Toulouse où il avait inscrit l’essai de la gagne, car il n’a pas pu participer à la débâcle clermontoise. XV de France oblige. "En ce moment, il est stratosphérique, a confié un équipier en zone mixte. Heureusement, car ça peut mal tourner quand Paris mène 6-0. C’est lui qui emmène tout le groupe derrière lui."

En quatre saisons sur la Rade, "Bapti" tourne à plus de 66 % de succès. L’an dernier, le retard accumulé sans lui (trois victoires, pour six défaites et un nul), alors qu’il se remettait d’une opération à une épaule, a été fatal à l’entité varoise dans la course à la phase finale. "Il a amené ce sentiment de révolte face à Paris, a exposé Julien Dupuy, ex-entraîneur des arrières au RCT. Il a pris conscience, comme d’autres, que la phase finale pouvait encore se dérouler sans eux. Il amène cette folie, une fougue. Il a une vraie emprise sur le groupe. Depuis plusieurs années, quand il joue bien, Toulon gagne. Il n’y a pas de secret."

"L’équipe de France lui a mis deux ou trois claques dans la gueule"

En grande forme en fin de saison dernière, le natif de La Teste-de-Buch a connu une reprise contrastée. Embêté par des soucis physiques (côtes), il a aussi avoué avoir mal vécu des repositionnements à l’ouverture. "On commence à le connaître, a poursuivi l’ex-demi de mêlée du BO. C’est un vrai numéro 9 d’instinct, qui a des belles qualités pour faire les bordures, qui pue le rugby et avec une gueule sur le groupe. Mais, quand il doute, son instinct le pousse à surjouer sur des choses simples. Ça a tendance à être son défaut, mais quand il est dans l’équilibre… Il excelle ! Je pense aussi que la concurrence lui a fait du bien." C’est-à-dire ? "Ces dernières saisons, tout Baptiste qu’il est, sans remettre en cause son statut, il a manqué des mecs pour lui pousser au cul… benoît (Paillaugue) est en fin de carrière, il a gagné, il est juste là pour le plaisir et le challenger. Jules (Danglot) apprend derrière. Ça pousse à la performance. Puis, il y a les Bleus et la Coupe du monde…"

Tel un boomerang, le dossier revient toujours sur le cas Serin. Dupuy a vécu de près son déclassement. Avec quelles incidences sur son apport en club ? "On en a souvent parlé. L’équipe de France lui a mis deux ou trois claques dans la gueule. Il a pris sur lui, réfléchi sur son fonctionnement et réalisé une autocritique. Ça l’a fait cogiter, et quand tu es moins bien dans la tête, ton niveau est touché. Il est attendu, je pense, sur le fait de gérer les matchs avec le pied. Ce n’est pas son jeu, mais c’est un doué. Il a les deux pieds et l’intelligence pour le faire. Je le sens plus prêt sur ça. Il a été rappelé, ça l’a boosté. Il n’y est pas cette fois, on verra comment il va le gérer. Cette coupe du monde l’habite. Mais, ça passera par Toulon. Et pour le RCT, la phase finale passera, en partie, par lui."