Pro D2 - Nevers a remis son bolide sur les rails

C’était un soir de fin novembre, froid et triste comme une agonie d’automne. Nevers repartait de Mont-de-Marsan avec une quatrième défaite consécutive, serrée et boursouflée de regrets (22-19). Qui piquait les yeux aussi méchamment que la vision du classement, au terme de cette 12e journée : une improbable quinzième place pour le demi-finaliste du printemps précédent. Aussi provisoire soit-elle, l’estampille de relégable a produit l’effet d’un électrochoc sur les Neversois. Onze journées plus tard, les voilà remontés à la septième place, avec vue plongeante sur le top 6. Les joueurs de Xavier Péméja foncent à un rythme de qualifiable : sept victoires, un nul, trois défaites, trente-quatre points engrangés. Seuls Oyonnax (quarante-trois points) et Mont-de-Marsan (trente-sept) ont fait mieux sur la même période.

Les résultats ont manifestement donné raison à un staff et à des joueurs qui demandaient un peu de patience après le vaste turn-over estival, qui avait vu partir et arriver une quinzaine de joueurs, dans le pack notamment, clef de voûte du jeu de l’Uson. "Depuis fin décembre, début janvier, on a trouvé nos repères collectifs", expliquait le deuxième ligne Maxence Barjaud il y a deux semaines, avant le match retour contre Mont-de-Marsan, remporté 15 à 12 grâce à une performance haut de gamme des avants et une défense imperméable.

Vainqueurs, avec la manière et le bonus (39-13), d’Agen juste avant la trêve de Noël, les Usonistes ont digéré, début janvier, leur seconde défaite à domicile face à Oyonnax (21-12), qui n’a pas marqué le moindre essai (une première cette saison) mais a fait son miel des fautes locales, en leader pragmatique. Encore douzièmes après dix-sept journées, les candidats naturels à une place en phase finale n’avaient d’autre choix que de passer la surmultipliée lors du plus gros bloc de la saison. Une victoire de prestige à Vannes a lancé idéalement ce sprint de six semaines bouclé avec quatre victoires, un nul et une défaite.

Renverser la table

De sortie en sortie, les joueurs élaguent les poids morts de leur rugby : des secondes périodes dilapidant les fruits des premières, des fins de match tremblantes, une indiscipline écrasante, une conquête aux performances irrégulières. Même au vent mauvais, ils s’appuient sur une défense de fer façonnée par Benjamin Thiéry, successeur de Coenie Basson, et sur un état d’esprit imperméable aux fluctuations des résultats : "On n’a jamais pris quarante points cette saison", soulignait le troisième ligne Jason Fraser la semaine dernière, avant la démonstration face à Carcassonne (49-6). "Nos difficultés nous ont donné confiance."

L’oxymore (de faim) porte les Neversois, depuis cette soirée de novembre dans les Landes : "C’est vrai que ça nous a touché un peu l’égo, cette quinzième place", reconnaissait Maxence Barjaud. "C’était peut-être un mal pour un bien." Revenus à deux points de la qualification, ses coéquipiers et lui savent qu’il ne faut pas flancher dans la dernière ligne droite, où ils retrouveront quatre membres du top 6 : Biarritz et Agen, à l’extérieur, Colomiers et Grenoble, qui se succéderont au Pré-Fleuri lors des 27e et 28e journées. Outsider malgré elle, absente - un tantinet vexée - des pronostics d’avant-saison, l’Uson se verrait bien renverser la table, et rejouer la fable du lièvre et de la tortue.