L'édito : Favoris, et alors ?

Par Léo FAURE
  • Gael FICKOU face à l'Angleterre au Stade de France
    Gael FICKOU face à l'Angleterre au Stade de France Icon Sport - Icon Sport
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Gaël Fickou pousse un peu loin le bouchon de la communication lorsqu’il affirme sans rire que cette Australie, samedi soir au Stade de France, sera favorite de la rencontre qui l’opposera au XV de France. Et pour crédibiliser son assertion, le Racingman l’appuie du fait statistique : "depuis 2005, on n’a gagné que trois matchs" contre ces Wallabies d’ocre et parfois de médiocre.

On peut définitivement tout faire dire à des stats, à condition de choisir la bonne : tant qu’à faire, celle qui confirme son parti pris. On rétorquera alors à Fickou - et sans trop se forer le cortex cérébral - que depuis 2005, la France a raté son Mondial 2007 et qu’elle a pris 62 points contre la Nouvelle-Zélande (2015) ; qu’elle a perdu deux fois contre l’Italie (2011, 2013), a terminé dernière du Tournoi des 6 Nations (2013) et s’est faite renverser à domicile par le Japon et les Fidji. Tout est vrai dans cette photographie morbide, statistiquement parlant. Tout ceci ne dit pourtant rien de la réalité de l’automne 2022.

Cette réalité contemporaine place la France à une très légitime deuxième place au rang mondial, tout juste devancée par l’Irlande et bien loin devant les Wallabies, seulement sixièmes. Ces Bleus, ce sont dix victoires de rang, un grand chelem et quarante points passés aux All Blacks. En 2022, ce XV de France est un cador mondial. C’est moins vrai pour l’Australie.

Ceci étant exposé, impossible donc de ne pas laisser le statut de favori bien ficelé sur les épaules des Bleus. Il faut assumer. On retient toutefois quelques raisons de tendre la main aux méfiances de Gaël Fickou. Quelques motifs de prudence.

Ce statut de favori, justement, que les Bleus avaient glorieusement étrenné au dernier Tournoi des 6 Nations, reste un élément encombrant dans la préparation d’une rencontre. "Les compliments vous endorment, les critiques vous stimulent" jure Martin Johnson, capitaine des Anglais champions du monde (2003), dans une interview à paraître ce lundi dans notre magazine. Les Bleus sont bercés de compliments tous légitimes, depuis bientôt deux ans. Il leur faut tout de même rester stimulés, en éveil. Jusqu’ici, ils ont montré qu’ils savaient faire.

L’état éparpillé des troupes est en revanche une nouveauté sous le ciel de Fabien Galthié. Baille débutera à gauche. Rien de franchement nouveau, le Toulousain a fait plus que ses preuves. Mais le pari de sa titularisation après presque cinq mois sans jouer comporte sa part d’énigmes.

Les absences de Willemse, Cros, Villière ou Jaminet, tous titulaires du grand chelem 2022, sont autant de chantiers ouverts. Les recompositions de la ligne arrière après les forfaits de Vincent et Vakatawa interrogent également.

Voilà autant de raisons, c’est vrai, de garder méfiance avant ce premier défi majeur de la saison qui va mener les Bleus jusqu’à la Coupe du monde. Face à l’Australie, les Bleus seront favoris, n’en déplaise aux discours de circonstance. Mais cela ne garantit pas une victoire.

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