L'édito : « Garba » à l’heure

  • L'ancien entraîneur de Montpellier Xavier Garbajosa est désormais à la tête du Lou.
    L'ancien entraîneur de Montpellier Xavier Garbajosa est désormais à la tête du Lou. Icon Sport
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L'édito du lundi par Léo Faure... Le parcours de Xavier Garbajosa ressemble finalement à l’homme. Entier, vrai, cabossé aussi mais toujours sans ce fard de langage qui embellit la mariée, mais peut lui donner une teinte factice. Dans la grande majorité des sphères, ce serait ici des compliments formulés à son endroit, à l’homme d’une droiture seulement égale à cette sensibilité réelle, et qui le ronge parfois. Mais dans le monde du rugby professionnel, dire ce que l’on pense, comme on le pense et sans les efforts hypocrites de circonvolution peut parfois vous jouer bien des tours.

Si le crime paie, l’honnêteté n’est pas toujours célébrée. De ses prises de parole directes, il a parfois payé un prix trop fort. Ici, pourtant, on ne remerciera jamais assez « Garba » de ses franchises.

À propos du Stade rochelais, qu’il quitta en de tristes termes, il rappelle toujours d’emblée ce qu’il doit à ce club, pour lui avoir un jour tendu la main. Sans forcément mettre en avant ce que lui a alors pu apporter aux Maritimes, associé à Patrice Collazo dans un duo qui a posé les bases de la gloire d’aujourd’hui.

À propos de Montpellier, où sa signature avait fait grand bruit et créé de grands espoirs, il reconnaît dans l’interview qu’il nous accorde ses torts et ses excès. Ceux d’un discours parfois trop autoritaire et de convictions sanguines, qu’il n’avait alors pas su tempérer. Jusqu’à la rupture avec son groupe et un divorce devenu inéluctable.

Là encore, d’autres ont pris sa place et connu la gloire. Leur mérite est réel. Pas question ici de dénigrer le travail du trio Saint-André-Elissalde-Azam, qui a su transformer la belle endormie en reine du bal. Chapeau. Mais cela n’empêche pas la mémoire et laisse à Garbajosa le crédit d’avoir initié en Hérault une reconstruction d’abord identitaire.

Huit ans après avoir rejoint le Stade rochelais, pour sa première expérience comme entraîneur dans le monde professionnel, « Garba » semble avoir finalement tiré les leçons de ce parcours heurté. L’homme était attachant, l’entraîneur semble désormais mature. Comme enfin prêt à apaiser pour le bien de sa mission les ardeurs de ses convictions, qui l’ont aussi induit en erreur.

C’est aussi le message qu’il fait passer, au moment de sa première longue prise de parole sur sa nouvelle mission lyonnaise : son éducation au rugby, nourrie par cette école toulousaine dont il ne se départira jamais complètement, ne peut plus passer avant la quête de résultats et d’efficacité ; et le partage d’un projet avec son groupe, qui ne saurait jamais se l’approprier pleinement s’il n’en est pas acteur. Quitte à faire des concessions. Le management, en clair. Pour lequel il semble enfin prêt.

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