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L'édito : Benoît et Goliath

Par Léo FAURE
  • Benoit PAILLAUGUE de Montpellier en finale de TOP 14
    Benoit PAILLAUGUE de Montpellier en finale de TOP 14 Icon Sport - Icon Sport
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Avec le temps, Benoît Paillaugue s’est certainement épaissi. Un peu. Le RCT, où il a signé cet été après treize années de fidélité à Montpellier, annonce son nouveau demi de mêlée à 74 kg. À ses débuts sous les couleurs du Stade français, en 2007 et managé par un certain Fabien Galthié, il était annoncé sous la barre des 70 kg. C’est peu, quoiqu’il arrive, dans un sport où le quintal est la norme. C’est pourtant largement suffisant.

Comme Parra, qui se confiait dans ces mêmes colonnes une semaine avant lui et à propos du même sujet, Paillaugue n’a donc pas fait de son physique une arme directe. Indirectement, en revanche, ce corps d’ablette l’a sûrement servi. Et ce depuis tout petit, sans même qu’il s’en rende compte.

Parce qu’ils ne pouvaient profiter de cet avantage cinétique au moment de venir jeter leur corps sur la ligne d’avantage, Paillaugue, Parra et tant d’autres ont trouvé des parades, développé d’autres aptitudes. La technique, d’abord. Aussi la vision, et la compréhension des subtilités de ce jeu. Contraintes à l’évitement et à la réflexion, ces demi-portions montrent, dès jeunes, une capacité étonnante à voir plus vite que les autres, mieux que les autres où sont les bons espaces, les failles adverses et les forces de leur collectif.

Combien de joueurs ont emprunté le chemin inverse ? Qui, dans les catégories de jeunes, n’a jamais croisé un ogre des poussins, un Goliath des benjamins, un Godzilla des minimes qui traversait seul le terrain, le ballon sous un bras, deux adversaires sous l’autre ? Ceux-là, dans leur immense majorité, n’avaient paradoxalement aucun avenir triomphant dans ce sport. Trop tôt dominants et exclusivement dans un registre frontal, ils s’en sont souvent contentés, puisque cela suffisait à faire des ravages. Parfois mal encadrés, aussi, ils n’ont alors rien appris d’autre de ce jeu que la soumission brutale d’un adversaire temporairement plus faible, comme on pique le yaourt au plus petit à la cantine. Au bout du chemin : des écarts de croissance qui se lissent à l’approche de l’âge adulte, une suprématie physique qui s’estompe et tout le reste, jamais travaillé, jamais développé, qui fait cruellement défaut.

Contre-exemples de ces phénomènes, les petits gabarits sont revenus à la mode. Si le rugby des années 2000 était tout entier sacrifié au sacro-saint bodybuilding, celui des années 2010 a remis la vitesse au centre de ce jeu. Kolbe, bien sûr, ses appuis de feu et sa capacité à se sortir de tous les traquenards, en a été l’étendard. Il a fait des envieux et des petits, à tous les postes, où les qualités d’intelligence et de déplacement sont à nouveau mises en valeur. Et Paillaugue, comme tant d’autres, contribue à garantir à ce sport sa part de clairvoyance, bien loin de la seule idée de guerre physique. Réconfortant.

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