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Reportage : Barbarians, c’était le rêve américain

Par Jérémy Fadat
  • Les Barbarians se sont inclinés de peu face aux USA.
    Les Barbarians se sont inclinés de peu face aux USA. Midi Olympique - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Battus de peu par une sélection des Etats-Unis qui préparait son barrage de qualification au Mondial, malgré une dernière demi-heure qui aurait pu (ou dû) leur offrir une meilleure issue, les Baa-Baas sont encore sortis grandis de leur périple au Texas.

Jeudi, en fin de matinée, les joueurs étaient convoqués pour une (très) brève séance vidéo – durant laquelle l’entraîneur Christian Labit a surtout insisté sur la puissance d’un deuxième ligne américain - ponctuée par la remise de la légendaire cravate des Barbarians des mains de Laurent Pardo.

Ce dernier a d’abord appelé Pierre Aguillon, lequel a gravé sur sa peau ce qu’est l’esprit de cette équipe dont il fut déjà membre par le passé. Il a alors prononcé ces mots : « Lui, il l’a en tatouage. Mais cette philosophie, on l’a tous dans le cœur depuis nos huit ou dix ans. Les Baa-Baas, c’est à la fois notre bonheur et notre rêve. Certes, le rugby est devenu professionnel mais cela doit perdurer. C’est important et c’est à vous de le transmettre aujourd’hui. »

Plus qu’une mission, un devoir. Dont chacun a cherché à être digne une semaine durant, dans la joie et la très bonne humeur. Une poignée de jours, à peine trois entraînements (dont un en slip de bain en bord de plage) et quelques touchers pour créer un groupe capable de rivaliser avec une sélection nationale américaine qui, sur ses terres, préparait son barrage aller-retour de qualification à la Coupe du monde 2023.

 

« Ce maillot, ce sont vos copains, vos éducateurs, vos parents »

Entre une après-midi en bateau dans la Trinity Bay, une visite à la Nasa pendant laquelle Damien Chouly, Jean-Baptiste Dubié et Mathieu Acebes eurent l’idée de génie se déguiser en astronautes et rencontrèrent un certain succès auprès des touristes, ou quelques virées récréatives, le seul objectif était de renforcer les liens entre des mecs dont quelques-uns ne se connaissaient même pas.

La cohésion, l’essence même de ce sport. Le tout agrémenté par un minimum de combinaisons en touche ou derrière, et à peine plus de trois liaisons en mêlée. « Et je crois pourtant qu’on va gagner », confiait régulièrement le manager Denis Charvet avant le match. Il fut si près de la vérité. À un mètre, une minute ou une décision arbitrale rarement en la faveur de ses hommes qui échouèrent dans les arrêts de jeu devant l’en-but adverse après leur folle remontée au score.

Certes, la préparation fut atypique mais, comme tous n’ont eu de cesse de le répéter, la magie avait opéré. « Tout ce qu’on fait doit être excessif », martelait le capitaine Romain Sazy à ses troupes la veille de la rencontre. Parce que ce que ces mecs ont vécu à Houston les dépasse.

Message qui transpirait de l’émouvante remise de maillots, deux heures et demie avant le coup d’envoi. "Nous n’avons pas grand-chose à donner, à part ce maillot exceptionnel et sacré, confiait Charvet. On avait aussi une cravate à vous donner, et le devoir de vous accompagner." Et Laurent Pardo d’insister : « Ce maillot, ce sont tous vos copains, vos éducateurs, vos parents. Ils sont tous là aujourd’hui. Ce rugby artisanal qu’on veut défendre et protéger, c’est à vous de le faire exister. Montrez sur le terrain que vous avez envie d’être heureux. »

Les mots d’Acebes, l’aveu de Lapègue

Le manager eut même les yeux embués et la voix tremblante à l’instant de remettre sa tunique à Sazy, "le plus Barbarian des Barbarians" selon lui. Ce dernier lui répondait : « Je n’ai jamais été un grand joueur mais, ce maillot, je vais le salir ce soir. » Une promesse collective à tenir. Et, derrière des journées entières de franche rigolade, la tension montait doucement dans le bus qui menait les Baa-Baas à l’Aveva Stadium. Loin de l’ambiance survoltée connue au même endroit peu de temps plus tôt… 

Alors si, à la mi-temps de la rencontre, Mathieu Acebes prononçait des mots forts, appelant ses potes à la révolte, c’était justement pour se montrer à la hauteur de ce que lui et ses partenaires vivaient depuis qu’ils avaient posé le pied au Texas. Menés même 23-7 à la 51e minute, les Barbarians ont fini par basculer dans la folie pour renverser le cours des événements. « Il y avait besoin d’une prise de conscience collective, expliquait le Perpignanais. Il fallait qu’on réagisse. On l’a fait et cela aurait pu nous sourire à la fin. »

Cela aurait dû, sûrement… Mais, si les Barbarians ont perdu, ceux qui étaient sur la pelouse pour ce rendez-vous ont pourtant tellement gagné. « Soyez fiers d’avoir eu cette volonté de revenir dans le match, clamait Labit. C’est votre victoire. » Et Charvet de donner la parole dans le vestiaire, selon la tradition, à ceux qui célébraient leur première cape. Adrien Lapègue a alors fait cet aveu : « J’avais François (Trinh-Duc) en fond d’écran de mon portable pendant au moins deux ans quand j’étais jeune. » Cette fois, il portait ce maillot mythique à ses côtés, pour sa dernière. Et si c’était ça, le fameux rêve des Baa-Baas ?

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