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Dupont, la marque des champions

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    Dupont, la marque des champions Patrick Derewiany - Patrick Derewiany
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Au bout d’une saison en dents de scie, durant laquelle ils sont passés par tant d’émotions et ont fini par abandonner leur titre en Champions Cup avant d’assurer tardivement leur qualification en Top 14, les Toulousains ont frappé fort samedi soir. Plein d’autorité, le double tenant du Brennus a dominé le champion d’Europe et prouvé qu’il gardait de sacrées ressources.

S’il est une leçon à retenir de ce barrage, c’est que des champions restent des champions. Les Toulousains le sont encore en Top 14, au moins jusqu’à vendredi soir et leur demi-finale contre Castres. Tout ça pour dire que, malgré une saison en dents de scie durant laquelle ils sont passés par tous les états et ont fini par abandonner leur titre européen, les Rouge et Noir demeurent des compétiteurs hors pair. C’était encore vrai au moment de recevoir La Rochelle, récent vainqueur de la Champions Cup, peut-être la seule équipe capable de contester leur suprématie sur le rugby français… « Ugo s’en est servi pour nous motiver, sourit Peato Mauvaka. On sait ce qu’on veut et ce qu’on vaut. »

Cela s’est vu d’entrée samedi soir. « Quand tu affrontes ce genre d’équipe, qui arrive avec le plein de confiance après son sacre, tu as envie de montrer que tu es chez toi, clame Thomas Ramos. Aussi que, devant, tu vas répondre présent face à ce gros pack. On a fait une belle première période, qui a permis de prendre de l’avance. » Ugo Mola apprécie : « On a battu une grande équipe. Après un titre européen, tu es porté par un enthousiasme presque inconscient. Ma crainte était de rivaliser sur l’énergie. Le rugby, ce n’est que cela et la capacité à se mettre en face. Toulouse s’est mis en face de La Rochelle. »

Jusqu’à assommer la formation en forme du moment et à jouer les pénalités vite à la main, pour l’étouffer. « Ce n’était pas prévu et on n’en a pas du tout parlé avant, reprend Ramos. C’était au feeling, sur le moment. On avait envie de les déplacer pour trouver des espaces. Il y en a une que je tape et Antoine marque derrière. On a eu de la chance. » 

En réalité, Toulouse a même réalisé sa plus belle mi-temps au meilleur des moments. La marque des grands. En marge des exploits européens en Ulster et au Munster (avant de tomber en demie au Leinster), les Stadistes avaient insisté sur l’impossibilité de sortir si tôt d’une telle compétition, qui plus est en tant que tenant du titre. Là, c’est pareil. « On en a discuté, on ne voulait pas être en vacances après un quart de finale à la maison, note Ramos. On s’est dit dans la semaine que ce n’était pas notre tour. On avait faim. Eux avaient déjà réussi leur saison et nous avons perdu le titre européen. On ne veut pas perdre le deuxième. On peut se regarder droit dans les yeux, on a fait un gros match. »

Dupont stratosphérique

Samedi, le Stade toulousain a sorti ses habits de gala, en contrant les Rochelais sur leurs points forts. Et en s’appuyant sur le génie de ses hommes forts. Le plus bel exemple ? Antoine Dupont évidemment. Peut-être un peu moins fringant ces récentes semaines (et encore…), il fut stratosphérique, notamment sur les deux premiers essais.

« C’est quelqu’un qui est capable de faire basculer son équipe du bon côté, seul, commente Ronan O’Gara, le manager adverse. Il n’y a personne proche de son niveau sur un terrain. » Mola, son propre manager, sur la même longueur d’onde : « Comme le meilleur joueur du monde qu’il est, il en manque toujours quand il est à 50 ou 60 %. Mais par rapport à qui ? Parce qu’à 60 %, Antoine Dupont reste le meilleur demi de mêlée du Top 14 et d’Europe. Là, je n’ai peut-être pas eu un 100 % d’Antoine, mais quand même pas loin sur la première mi-temps (sourire). » 

Puis le technicien de livrer cet aveu : « Il est passé 10, s’est retrouvé en position d’arrière. J’ai un rêve avec lui, c’est de lui faire porter tous les numéros possibles derrière au Stade toulousain. On va essayer de gratter tranquillement d’autres postes. » En tout cas, quand le capitaine des Bleus évolue à un tel niveau, Toulouse n’est évidemment pas la même équipe.

Ramos : « On se tire la bourre »

Voilà, Dupont et ses coéquipiers seront encore au rendez-vous pour tenter de s’offrir un troisième Brennus de rang, ce qui placerait encore un peu plus cette bande-là dans la légende du club. « Je reste convaincu d’être béni des dieux d’être l’entraîneur de cette génération, admet Ugo Mola. Certains savaient après avoir gagné ou avaient des plans. Moi, je n’en ai pas. J’ai juste la chance d’entraîner des mecs incroyables. […] Même à la mise en place de vendredi, ils m’ont fait des trucs… Je rentre chez moi et je me dis qu’ils sont déconcertants. Ils se foutent de tout. Ils sont à l’aise, ils vont vite, ils sont costauds. Il faut juste qu’ils mettent les choses dans l’ordre. » 

Lorsqu’il en est ainsi, cette formation est une machine infernale. Même si le manager remet également dans le contexte : « Mes joueurs sont étonnants parce qu’ils ont majoritairement vingt-cinq ou vingt-six ans… Les deux ou trois semaines de récupération, sans faire offense à Biarritz, quand tu as un groupe qui a cet âge-là, ça vaut de l’or. »

Une régénération salvatrice, au bout de plusieurs mois suffocants, entre matchs annulés, reports, doublons et utilisation des innombrables internationaux, avant d’aller arracher la qualification. Mais, depuis huit jours, les compteurs sont remis à zéro. Et le staff de remarquer, en milieu de semaine passée, que les données physiques des troupes n’avaient jamais été aussi hautes… « On est sur la dernière ligne droite et chacun a envie d’être performant, de jouer, affirme Ramos. Ça se tire la bourre à l’entraînement, même en muscu. C’est bien de travailler comme ça. On le fait depuis plusieurs années au moment d’entamer les phases finales et ça nous a plutôt bien réussis jusque-là. » 

Deux matchs encore pour s’offrir à nouveau le Graal. « On sort de trois saisons assez extraordinaires et là, on est dans le dernier carré, souffle Mola. Mais jusqu’à présent, cela ne nous donne rien d’autre que le droit de jouer une demie contre le premier du championnat. Désormais, il va falloir se mettre en face des Castrais qui seront frais comme des gardons. » Et de promettre : « L’énergie, on l’aura.  Sachant qu’ils ont aussi le talent, l’expérience, l’audace et maintenant la confiance.

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