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Fédérale 3 - Réforme des compétitions : une Fédérale 3 new-look

  • La réforme de la Fédérale 3 laisse remonter quelques interrogations.
    La réforme de la Fédérale 3 laisse remonter quelques interrogations. - FABRICE AYGALENQ
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Alors que la grande réforme des compétitions voulue par la FFR verra le jour la saison prochaine avec la création d’une Nationale 2, la Fédérale 3, devenue septième échelon National, cristallise l’essentiel des réserves...

Même si elle avait été promise et annoncée de longue date, la réforme des compétitions décrétée par la FFR à partir de la saison prochaine arrive à grands pas. Laquelle prévoit la création d’une Nationale 2 comme une étape supplémentaire entre la Nationale et la Fédérale 1, qui a d’ailleurs livré son verdict sportif au début du mois, en attendant toutefois quelques rebondissements puisque deux clubs (Saint-Sulpice-sur-Lèze et Castelsarrasin) ont d’ores et déjà refusé une montée acceptée par Anglet.

Mais aussi (pour ne pas dire surtout), la compilation des Séries territoriales en trois niveaux (au lieu de six à l’heure actuelle). En clair, à partir de la saison prochaine, la Régionale 1 (240 clubs) sera composée des membres de l’actuelle division Honneur (auxquels il faudra évidemment ajouter les promus de Promotion Honneur, qui devront présenter des réserves à XV), la Régionale 2 (360 clubs) englobera les équipes de Promotion Honneur et Première Série (avec des réserves à 12) et la Régionale 3 (360 clubs), les ressortissants de Deuxième, Troisième et Quatrième Séries, pour lesquels il n’y aura pas besoin d’équipe B. L’objet de cette réforme consistant évidemment à reconstituer une "pyramide" forte depuis sa base, afin de resserrer le niveau (ainsi que le nombre d’équipes) à chaque tranche de niveau, jusqu’à l’élite.

Une compétition en deux temps

Pour arriver à ce résultat ? Il a fallu, évidemment, procéder à de nombreuses promotions, pour retrouver, la saison prochaine, un nombre de représentants stable entre la Fédérale 2 (96 clubs) et la Fédérale 3 (180 clubs). Un niveau qui cristallise évidemment tous les débats puisque cette dernière effectuera naturellement le "tampon" entre les clubs de l’actuelle Fédérale 3 et les nombreux promus d’Honneur, pour lesquels il est à craindre certains écarts de niveau. Une problématique que la FFR a d’ores et déjà anticipé, en prévoyant une formule en deux temps qui suscite bien des débats, et des avis particulièrement tranchés (lire ci-dessous). En clair ?

De septembre à décembre, la Fédérale 3 sera conjointement placée sous l’égide de la FFR et des Ligues régionales et donnera lieu à des poules de brassage de cinq ou six équipes. L’objectif étant de déterminer à la fin de l’année civile les quarante-huit qualifiés (chaque Ligue régionale présentant un quota de clubs d’ores et déjà déterminé) qui participeront, dans un deuxième temps, au championnat de France, là encore au travers de huit poules de six, qualificatives pour les phases finales.

Un Challenge en consolante, des réserves « sacrifiées »

Quant aux cent-trente-deux malheureux "éliminés" lors de la première phase ? Ces derniers disputeront (là encore sous forme de groupes de six) des poules de "play-down" déterminantes pour le maintien. Les meilleurs de ces groupes gagnant le droit de disputer des phases finales parallèles, dénommées Challenge de France, sorte de consolante qui rappellera, en quelque sorte, aux plus anciens, la défunte coupe Moga. Histoire de maintenir des enjeux à tous les étages le plus longtemps possible, même si des voix se font d’ores et déjà entendre au sujet des équipes réserves, qui devront suivre leur première, quels qu’aient été leurs résultats lors de la phase de brassage préliminaire…

 

Les réactions : 

Gilles Peynoche : Président de l’AS Bayonne

« Sur le principe compétitif, je n’ai pas de remarque particulière. Par contre, notre inquiétude concerne la séparation éventuelle des équipes premières et réserves. Si aujourd’hui, au niveau de la Fédérale 3, on sépare la réserve de la première, ça va être la mort des clubs. Je n’ai pas peur de le dire. Il faut garder cet esprit entre la première et la B ! Les frais, c’est vrai que c’est important, mais plaie d’argent n’est pas mortelle. Je pense surtout qu’on va toucher à l’état d’esprit et à la cohésion dans le club.

Chez nous, tous les joueurs sont amateurs, ils jouent pour le plaisir alors si tu ne pars pas à deux équipes… La réserve, ce sont des dirigeants, des futurs entraîneurs, des mecs qui jouent pour le plaisir. Ils servent à remettre ceux de la première en forme. Les rigolos, ils sont plutôt en B, c’est un tout dans un groupe senior ! Quand tu as les matchs à la maison, la réserve commence puis reste regarder la première. J’ai eu des discussions avec les autres présidents des clubs de la poule et ça a tourné autour de cette inquiétude. »

Jean-Marc Bernini : Président du Pays de Meaux (Ile-de-France)

« Nous avons raté la montée en Fédérale 2, nous sommes très déçus. Nous allons nous remettre à l’ouvrage, mais dans un championnat remodelé par une réforme dont je ne vois pas du tout l’intérêt. Je comprends très bien la nécessité de créer des poules supplémentaires pour mieux organiser l’élite. Tout le monde voit le fossé qui existe entre le Pro D2 et les divisions fédérales. Il est sans doute tout à fait nécessaire de créer ces étapes intermédiaires vers le monde professionnel pour les clubs ambitieux. Mais ce n’était pas la peine de refaire tout le bas de la pyramide fédérale, et uniquement le bas, en imaginant des dispositions aussi incroyables. Il y a plusieurs points qui posent beaucoup de questions tout de même.

Nous allons donc nous retrouver dans un championnat conçu en deux étapes. La première chose qui me heurte, c’est d’avoir imaginé la séparation de l’équipe première et de la réserve dans la seconde partie de saison. Elles joueront deux championnats indépendants si j’ai bien tout compris. Sur le fond, je trouve cela pas terrible pour la cohésion du collectif. On aime bien voyager ensemble. Sur la forme, cela créera une dépense économique nouvelle, pour organiser des déplacements séparés. Et sur le plan sportif, je trouve que la nouvelle formule ne correspond pas du tout aux réalités de notre rugby. Il y aura une pression énorme à l’entame de la compétition. Tu vas jouer ta saison dans une mini poule dans un mini championnat régional. Si tu ne sors pas premier ou deuxième de ton groupe, on t’enverra dans une poule basse qui n’aura de Fédérale 3 que le nom. Tu fais la coupe des perdants, ta saison s’arrête à Noël. C’est incroyable.

Dans notre division actuelle, il y a plein de clubs qui ont raté leur début de saison et qui ont fini par trouver leur carburation. Dans notre groupe, Amiens a fini deuxième en ratant son début de saison. Dans le prochain championnat, cette équipe aurait été envoyée en poule basse plutôt qu’en phase finale. C’est fou. Nous ne sommes pas des professionnels, il y a des aléas que seule la durée d’une saison permet de corriger. Tous les clubs seront pénalisés par cette réforme imposée sans consultation. Déjà que la situation n’est pas simple au niveau des finances et du bénévolat, on nous change les fondamentaux de notre championnat. C’est comme les règles du jeu, ça change tout le temps. En fait, le rugby, il change tout le temps. Je me répète : nous ne sommes pas professionnels. Quand on en marre, on arrête et on rentre à la maison. C’est ça le danger avec cette réforme. Moi, si cela ne marche pas pour nous, si nous nous retrouvons en poule basse dans une compétition dévalorisée, j’enverrai ma démission à Bernard Laporte. Quand ça ne m’intéresse pas, j’arrête. Il faudra trouver quelqu’un d’autre ».

Jean Pous : Président de Léguevin

« Le prochain championnat aura la particularité d’être à deux vitesses. Une première phase de brassage composée d’une poule de six qui débute en septembre et qui va s’achever en décembre. À l’issue de cette première phase, les premiers de poule seront qualifiés ainsi que les trois meilleurs deuxièmes. C’est une première épreuve très sélective. À mon sens, cette première phase va favoriser les clubs les mieux préparés, ceux qui ont des effectifs conséquents et forcément ceux qui ont des budgets élevés. Ceux qui ne seront pas qualifiés vont être reversés dans une compétition moins attractive sur le plan sportif. Selon moi, c’est une sorte de Fédérale 4. On a créé une compétition qui tire tout simplement vers le bas. Dans cette nouvelle formule, on ne tient pas compte des réserves. Pour moi, c’est un peu gênant. »

Henry Neyrinck : Président de Roubaix

« Nous n’étions pas du tout prêts pour la Fédérale 2, même si nous avons fait un tour en championnat de France. Mais en ne montant pas, on a l’impression de rétrograder de niveau. Ce n’est pas logique. C’est frustrant. Je ne sais pas si c’était le bon timing pour raboter ainsi cette division. Nous sortions de deux années de covid, les clubs devaient se préparer. Je n’adhère pas trop à cette réforme.

Nous nous adapterons mais il ne faudra pas se louper. En jouant dans les Hauts-de-France, nous allons rencontrer beaucoup de club d’Honneur lors de la première phase. Et si nous ne nous qualifions pas dans les deux premiers, nous serons carrément en Honneur. Pour un club comme le nôtre, qui a fini quatrième de sa poule de Fédérale 3, ce serait une situation difficile. Nous allons nous renforcer encore pour être dans les deux premiers. Mais que ce soit Compiègne ou l’Iris Lille, tout le monde aura le même objectif. »

Sébastien Lanzutti : Président de Casteljaloux

« Mécaniquement, en créant une division intermédiaire entre Fédérale 1 et Nationale, on va créer un nivellement par le bas. La Fédérale 3 va baisser de niveau et de rayonnement. à Casteljaloux, nous voulons essayer de profiter de la phase finale en cours pour essayer de rejoindre la Fédérale 2 et ainsi rester dans une compétition « vendeuse » en termes d’image et de retombées. La « nouvelle » Fédérale 3 va ressembler aux championnat territoriaux actuels et il sera difficile de sortir des frontières hyperlocales. Je suis absolument contre la séparation des réserve pour des raisons évidentes de coûts. De plus, notre réserve est un réservoir. Tous nos joueurs de la B peuvent jouer en première et nous nous servons de ce vivier. »

Raymond Frède : Président de Sor Agout

« Je ne suis ni pour ni contre. Le problème de cette formule, selon moi, c’est qu’elle ne récompense pas la régularité. Cela me rappelle les anciennes phases de brassage. Une équipe qui n’a pas été dans le coup sur le premier bloc de la saison peut tout à fait rebondir et terminer championne. J’espère sincèrement, par contre, que la séparation de la réserve et des équipes premières ne se fera pas. Cela serait une catastrophe. Il faudrait tout doubler : les bus, les équipes dirigeantes, les staffs techniques et médicaux… Cela serait un enfer pour les finances des clubs. »

Eric Trouillet : Président d’Andrézieux-Bouthéon

« Sur le fond, une réforme était nécessaire. En série, il y avait trop de poules de trois ou quatre petits clubs… Sur la forme, pour nous, qui avons mis du temps à monter en Fédérale 3, cela m’embête. Si nous n’arrivons pas à monter, nous stagnons. Je pense que l’erreur a peut-être été de faire monter trop de clubs en Fédérale au fil des saisons. Le football ou le basket n’ont pas cinquante étages au niveau national. Nous n’avons plus de poids par rapport à eux. Et ce sera de plus en plus difficile de monter. Il ne faut pas se faire d’illusions, il risque de falloir de plus en plus d’argent pour franchir des paliers. »

Cédric Chabot : Coprésident de Gradignan

« Je pense que c’est plutôt une mauvaise chose. Cela me rappelle l’époque où je jouais, quand il y avait un brassage entre la division Honneur et la Promotion Honneur. Au final, cela aboutissait à deux niveaux distincts. Je vis cette réforme comme un retour en arrière. Et puis, quand on se retrouve dans la compétition du bas, tout est moins intéressant. On se sent dévalorisé. De plus, cette formule ne serait plus entièrement gérée par la FFR, une partie le serait par les Ligues régionales. Au sujet des réserves, nous ne sommes pas encore sûrs de ce qui va se passer mais s’il y a une séparation entre l’équipe une et la B, je le vivrais mal. À notre niveau, nous avons toujours évolué de concert. C’est une façon de se vivre comme un club uni. Sans compter qu’il faudra payer des déplacements en plus. »

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