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Champions Cup - Gaël Fickou : « Les sportifs n’ont plus peur de prendre la parole »

  • Gaël Fickou évoque les Sharks et sa colonie sud-africaine.
    Gaël Fickou évoque les Sharks et sa colonie sud-africaine. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Avant de disputer le premier match de phase finale de cette saison, le centre international Gaël Fickou évoque les Sharks et sa colonie sud-africaine, et donne raison à Antoine Dupont, qui a récemment signé une tribune appelant à faire barrage à l’extrême droite. C’est à vous, Gaël.

Cette équipe de Sale est assez atypique : onze joueurs sud-africains dans l’effectif… Quel regard portez-vous sur elle ?

C’est une équipe redoutable, hyper compétitive, très dense. Sale, c’est un peu le jeu qu’on n’aime pas. Mais nous avons d’autres armes pour les faire déjouer.

Le Top 14 s’est lancé dans la course aux « joueurs sélectionnables » il y a quelques années. Cette équipe de Sale est semble-t-il à des années-lumière de ces considérations-là. Cela peut-il expliquer les récentes déconvenues de l’équipe d’Angleterre ?

J’en suis certain. On a eu les mêmes problèmes en France par le passé mais nous avons su réagir. C’est important de former des Français même si la sélection tricolore a aussi besoin de mecs atypiques comme Bernard Le Roux, Paul Willemse ou Virimi Vakatawa… Il faut que la formation française prime et chez nous, la fédé et les clubs l’ont compris ; ils ont fait un énorme boulot là-dessus.

Avez-vous connu ce Top 14 qui regorgeait de stars étrangères ?

Bien sûr. À l’époque, quelques clubs comme Toulouse restaient attachés à la formation française et c’est la raison pour laquelle j’avais rejoint le Stade toulousain en 2012. Pour un joueur comme moi, qui à 18 ans avait déjà des ambitions, c’était très dur de faire ma place à Toulon.

On veut bien vous croire…

Le RCT était une équipe qui faisait rêver ; il y avait là tous les meilleurs joueurs de la planète. C’était le « All Star Game », quoi ! Mais il n’y avait pas de place pour un joueur comme moi.

Il y a à Sale un très bon demi de mêlée nommé Faf de Klerk. Que savez-vous de lui ?

Il me fait beaucoup penser à Antoine (Dupont)… même si je pense qu’Antoine est bien meilleur. Quoi qu’il en soit, ce sont deux joueurs qui se ressemblent : ils sont physiques, explosifs, dotés d’un gros jeu au pied, bons en défense et capables de faire des exploits…

Faf De Klerk parle beaucoup, sur le terrain. Peut-on vraiment se préparer à ce genre de péripétie ?

Ça fait partie du jeu… Des chambreurs comme lui, on en a aussi plein en Top 14…

Êtes-vous chambreur, vous-même ?

Non, pas du tout. Si je plaque fort un mec, je ne lui dis jamais en me relevant : « T’as vu ce que je t’ai mis ? » Au rugby, la roue tourne vite. Tu peux détruire un type et la seconde d’après, te faire détruire…

Vous avez obtenu, lors du dernier grand chelem, le premier titre majeur de votre carrière. Avez-vous parfois pensé que vous étiez maudit ?

On m’a souvent interrogé là-dessus…

Et qu’avez-vous répondu ?

Au fil de ma carrière, je me suis évidemment posé des questions. Mais je ne me suis jamais senti maudit. J’ai connu des joueurs comme Yoann Huget, par exemple, qui ont gagné leur premier titre très tard et me disaient avant ça : « Putain, je suis un chat noir… » De mon côté, j’ai toujours pris ça avec pas mal de recul. Je pense même que cette longue attente a contribué à forger mon caractère. Et puis, il me reste encore sept ou huit ans de carrière : des titres, j’ai le temps d’en accrocher d’autres.

On vous suit.

On peut aussi se demander si le titre fait la carrière. Regardez un mec comme Francesco Totti (ancien meneur de jeu de la Roma et de l’équipe nationale d’Italie) : il n’a jamais rien gagné et c’est pourtant un immense joueur.

Vous avez très peu coupé depuis le dernier grand chelem. Comment vous sentez-vous ?

Je me sens bien et franchement, je touche du bois : depuis mes 18 ans, je n’ai jamais connu de grave blessure. Mon corps tient plutôt bien et au Racing, Toto (Laurent Travers) me laisse souffler quand j’en ai besoin. Le week-end dernier, alors que le club se déplaçait à Pau, j’étais par exemple au repos.

Vivez-vous votre meilleure saison ?

Si on gagne la coupe d’Europe et le championnat, ce sera ma meilleure saison. Mais on en est loin, encore…

Avant le deuxième tour des présidentielles, votre coéquipier en équipe de France Antoine Dupont a signé une tribune contre l’extrême droite et son geste a fait débat, dans notre petit monde. Qu’en avez-vous pensé, de votre côté ?

Les sportifs n’ont plus peur de prendre la parole et dire ce qu’ils pensent. On le voit d’ailleurs beaucoup aux Etats-Unis. Moi, ce qui m’a toujours plu dans le rugby, ce ne sont pas les valeurs défendues par l’extrême droite. J’ai le droit de le dire, Antoine aussi. Aujourd’hui, quand tu jettes un œil à l’équipe du Racing, tu as des Noirs, des Blancs, des Chrétiens, des Musulmans. Cette mixité fait notre force et fait celle de l’équipe de France, où des mecs du Gers et ceux de banlieue représentent la France avec la même force.

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