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Pro D2 - Reportage à la conquête de Montauban

Par Yanis GUILLOU
  • Comment la conquête de Montauban est devenue une référence du genre ?
    Comment la conquête de Montauban est devenue une référence du genre ? Yanis Guillou
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Montauban possède une des meilleures conquêtes de ce Pro D2. À tel point, que ce secteur de jeu est même devenu la base du jeu montalbanais. Mais au fait, comment construit-on une conquête dominante ? Reportage.

En ce mardi matin, David Gerard prépare ses fiches. Accompagné de son acolyte des trois-quarts, David Byrnes, au sein du bureau principal des coachs, le manager de l’USM a un boulot tout particulier. En l’absence de l’entraîneur des avants, Florent Wieczorek, c’est lui qui s’apprête à diriger la séance d’entraînement des "gros", pendant une heure et demie. « C’est l’avantage que j’ai en ayant aussi une spécificité devant », sourit l’ancien deuxième ligne international, qui occupait le poste d’entraîneur des avants au Lou, avant de rejoindre l’USM. Au vu du planning mis en évidence sur un tableau accroché au mur, il va être question de la conquête ce matin pour le pack montalbanais. Un secteur qui occupe évidemment une place particulière du côté de Sapiac, étant donné la réputation que possède — à juste titre — l’effectif vert et noir : celui d’avoir en son sein un pack presque inbougeable en mêlée et indomptable en touche. Demandez à Agen, pourtant une des meilleures conquêtes de ce Pro D2, mise sur le reculoir en mêlée et dominée en touche par l’alignement montalbanais, le week-end dernier.

À la conquête  de Montauban
À la conquête de Montauban

Un café plus tard, il est déjà l’heure de rejoindre la salle vidéo pour tous les avants. Parce que oui, le succès de la conquête montalbanaise ne s’explique pas seulement par la qualité des joueurs et de bonnes exécutions sur le terrain, il s’agit d’un travail de fond. « Une construction en puzzle », détaille même David Gérard. La tambouille est simple : avant l’entame de la semaine et la mise en place de la stratégie, Florent Wieczorek mais aussi les capitaines de touches se réunissent afin de cerner l’alignement adverse, et de trouver des solutions pour le contrer. Le lundi, une première mise en place est faite en marchant et le reste de la semaine, on passe à la mise en situation. « Le dimanche, on a réunion et on doit bosser sur l’équipe qu’on s’apprête à jouer. En fonction de leurs combinaisons, on s’adapte sur ce qu’on doit faire en attaque et en défense », décrit Quentin Pueyo, un des capitaines de touche. Cette responsabilité si spéciale, c’est aussi celle de Tijuee Uanivi, Simon Augry et Jean Sousa. Un rôle important, puisqu’il demande notamment beaucoup de lucidité et d’analyse lors des annonces sur le terrain. « Il y a beaucoup de responsabilités dans ce rôle, mais c’est mon boulot », assume Uanivi. Pour sa première saison à Montauban, le deuxième ligne namibien impressionne par ses performances et sa capacité d’adaptation. À ce groupe, Uanivi amène aussi son expérience et sa sérénité dans le travail au quotidien. « C’est un joueur qu’on avait pisté très tôt dans notre recrutement, nous avait glissé Florent Wieczorek. Il a un parcours un peu atypique mais il a une très grande expérience avec plusieurs Coupes du monde jouées. C’est quelqu’un de très calme et un joueur d’une très belle qualité, très aérien. On s’appuie sur ce genre de joueurs, qui sont très à l’aise dans la compréhension du système de touche. »

Apprendre les combinaisons adverses

Ces capitaines de touches ont donc un rôle principal ce matin. D’ailleurs, lors de la séance vidéo, où l’entraînement du jour est expliqué en détail, c’est Pueyo - dit « Mitch » - qui présente à ses coéquipiers la stratégie convenue pour le duel face à Grenoble, si important pour la quête au top 6. Combinaisons, zones ciblées, habitudes de l’adversaire, secteur privilégié, vidéos explicatives, analyse météo… Tout est présenté, de façon à ce que les joueurs comprennent le but de la séance. Après que Christopher Vaotoa ait expliqué, de la même manière, la stratégie en mêlée, les joueurs descendent désormais sur le terrain d’entraînement, dans un froid de canard. L’échauffement est donc primordial, et se fait par groupe de bloc de saut, en alternant le sauteur. En suite, place aux touches complètes. Pour cela, l’effectif se sépare en deux et David Gérard glisse quelques mots à Quentin Pueyo et Tijuee Uanivi « Je les laisse diriger leur alignement, et moi je suis là pour analyser et corriger. » En plus de cela, le manager donne à Pueyo une feuille sur laquelle sont inscrites les combinaisons grenobloises. Si Uanivi dirige son groupe en annonçant des combinaisons « types », Pueyo de son côté, exécute donc avec ses partenaires les touches du FCG. Surprenant pourrait-on se dire. Sauf que tout cela à, évidemment, un sens. Après de nombreux lancers de leurs côtés, les deux groupes se rejoignent pour s’affronter. L’alignement « Pueyo » attaque, et l’alignement « Uanivi » défend. Cela permet aux joueurs d’être en situation, et de découvrir les touches grenobloises et de s’y adapter. « Le dimanche, on essaie de trouver la solution et la semaine on essaie de voir si ça marche ou pas », résume finalement le longiligne Pueyo.

Les mauls comme nouvelle arme

D’ailleurs, un problème apparaît lorsque sur une touche « grenobloise », l’alignement « Uanivi » se retrouve sans solution face à la combinaison adverse. Quelques minutes sont alors prises pour se pencher sur le problème et chercher des solutions, afin de couvrir au mieux la zone. Après cet exercice, place aux ballons portés. Avec des boucliers, chaque groupe tente de contenir l’autre, sous les cris d’un David Gérard transcendé par l’exercice. Il faut dire que les mauls, il en a fait une de ses priorités en arrivant au club. « Je crois que nous n’avions marqué que deux essais sur des ballons portés l’année dernière. Cette saison, on en a inscrit deux en pré-saison », constate le manager. « C’est vrai qu’on le travaille beaucoup du coup c’est pour ça que ça marche le week-end, avoue Pueyo. Notamment les mauls défensifs. En plus, on a de ces animaux devant… » Quelques mêlées plus tard, les avants finissent leur séance à la salle de musculation, avant de se retrouver l’après-midi, pour la mise en place « haute intensité », afin de mettre en évidence les exercices du matin. Comme quoi, la touche, et la conquête en général, n’a rien d’un secret à Montauban. Il s’agit simplement du résultat d’un travail de fond, fait aussi bien par Florent Wieczorek et David Gérard que par les joueurs. « Si tu connais l’équipe contre qui tu joues, il y a moyen que tu t’en sortes bien, conclut Quentin Pueyo. C’est comme les devoirs à la maison ! »

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