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Uniformisation du jeu, la chronique de Pierre Villepreux

Par Midi Olympique
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    Uniformisation du jeu, la chronique de Pierre Villepreux Icon Sport
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À chaque coup d’envoi au centre du terrain, le ballon tombe dans les bras d’un adversaire réceptionneur, généralement dans la zone des22m. Celui-ci va affronter la vague défensive adverse. Sur le ruck successif programmé, se forme "à la queue leu leu" un petit train" de partenaires afin de protéger le jeu au pied du 9. Schéma presque invariable "world wide", pour toutes les nations et dans toutes les compétitions. Cette pratique semble être un passage obligatoire. Sa mise en place et sa lenteur ne créé aucune ambiguïté sur le jeu successif, et en conséquence, ne provoque aucune surprise pour les partenaires (logique), pas davantage pour les adversaires déjà en place. Un scénario en outre qui s’étend dans le jeu courant ou suite à un ruck on positionne des blocks de 3 joueurs qui, sans vitesse, construisent une série de temps de jeu visant à conserver la balle pour in fine un… e nième petit train significatif du futur jeu au pied du 9. La lisibilité de l’organisation et le temps pris pour créer les bonnes conditions du jeu au pied ne créent aucune incertitude pour les adversaires qui occupent logiquement l’espace menacé. Sur ce type d’action, il ne serait pas inintéressant de vérifier le degré d’efficacité pour ceux qui l’ont initié, tant en termes de récupération du ballon que de continuité du jeu, voire de vérifier quand l’adversaire récupère la balle, si cela ne lui permet pas de renverser la pression donc de créer un effet inverse à celui recherché. J’ai partagé ce constat avec mon ami Franck Boivert qui vit aux Fidji. Il s’inquiétait de la répercussion que cela pourrait avoir sur le jeu fidjien où les joueurs sont élevés à la mamelle du "fidjian flair" celui d’un jeu libéré où "l’imprévu" est la norme. Cette parenthèse pour signifier que si l’on veut ne pas être prisonnier de ce type de situation encore trop figé, il faut accepter de jongler avec d’autres options de jeu plus ambitieuses donnant lieu à d’autres espaces de créativité. Par contrecoup, ce "copié-collé" s’est maintenant installé au niveau amateur, chez les jeunes, et même chez les féminines.

Dans le même ordre d’idée, d’autres phases de jeu tendent à rendre le rugby uniforme et sans surprise. La dépossession en faisait partie il y a peu de temps. Qu’en est-il des "pénaltouches" ; Elles sont devenues une stratégie incontournable, synonyme d’un moyen très efficace pour marquer (ce qui se concrétise de plus en plus en Top 14 où la majorité des essais sont issus de cette phase). Le schéma choisi - marquer en enfonçant la défense adverse (maul pénétrant) reste l’option privilégiée réglementairement parlant, c’est indéfendable et si le maul pénétrant échoue, on peut s’attendre à une série de "pick and go" débouchant sur une nouvelle pénalité, conduisant au choix d’une nouvelle pénaltouche. Ce qui témoigne d’une uniformité du jeu qui est rarement contredite puisque les autres options - pourtant existantes - pour contredire cette tendance sont rares. Michel Lamoulie penseur émérite de l’arbitrage constate à juste titre une "anomalie réglementaire". La logique de la règle, l’équité qu’elle doit générer, veut que la reprise du jeu se fasse toujours en faveur de celui qui n’a pas sorti le ballon. Or quand une équipe tape en touche après avoir bénéficié d’une pénalité (premier avantage), on lui accorde en plus du gain de terrain, le lancer (deuxième avantage). Ce qui explique aussi pourquoi les joueurs en charge du coup de pied ne prennent plus le risque de chercher un gain de terrain conséquent.

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