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Le chef d'oeuvre de Ntamack raconté de l'intérieur

  • En faisant parler sa classe alors que les Bleus étaient dans le dur, Romain Ntamack a relancé le XV de France. Photo Icon Sport
    En faisant parler sa classe alors que les Bleus étaient dans le dur, Romain Ntamack a relancé le XV de France. Photo Icon Sport
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Au cœur d’un temps faible, alors que les Neo-zélandais viennent d’inscrire trois essais en douze minutes et sont revenus à deux points du XV de France (27-25), Romain Ntamack a étalé son génie conjugué à un sang-froid exceptionnel pour initier une relance qui a scellé le sort du match. Récit.

Combien de joueurs auraient aplati dans l’en-but ? Combien, pour se sécuriser, n’auraient pas eu l’audace de tenter une relance aussi risquée que somptueuse ? Combien auraient baissé la tête devant la domination néo-zélandaise à cet instant de la rencontre ? Romain Ntamack n’est pas de ceux-là. L’ouvreur international est une des têtes d’affiche de cette génération totalement décomplexée, celle qui n’a peur de rien, qui ose tout ou presque. Le Toulousain s’est lancé dans une relance du bout du monde comme d’autres l’auraient fait au beach rugby de Canet-en-Roussillon.

Flash-back. On joue la 63e minute. Les All Blacks viennent d’inscrire trois essais en douze minutes pour revenir à 27-25. Sur une énième attaque des Néo-Zélandais, l’arrière Jordie Barrett tape à suivre juste devant l’en-but tricolore. Trois joueurs français se situent dans la zone : Ntamack, Dupont et Jaminet. Face à eux ? Jordie Barrett, Richie Mo’unga et Brad Weber. Aucune échappatoire possible apparente, une situation d’urgence source de stress et de panique, voilà pour le contexte. La suite ? Elle est improbable. Romain Ntamack surgit et s’empare du ballon. Mais, au lieu d’aplatir dans son en-but et d’offrir une mêlée à cinq mètres à l’adversaire, il se débarrasse de l’ouvreur kiwi d’un raffut autoritaire, accélère pour échapper au plaquage de Barrett et amorcer une relance titanesque. "C’est un moment incroyable dans ce match, a commenté Fabien Galthié. On vit un début de seconde mi-temps où on a un temps faible, puis très faible. C’est très étonnant ce qui nous arrive alors. Jusqu’à ce que Romain et les autres derrière disent "stop, c’est fini, on reprend le contrôle du match" ! La présence de trois autres joueurs autour de Romain, pour lui donner des options, lui a permis de déclencher cette relance qui nous ramène sur la ligne des All Blacks."

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— Kooks (@Kookie_Kuhle) November 20, 2021

Une passe aveugle façon "Magic" Johnson, la légende de la NBA

Elle est là la clé de cette action. Parce que la folie de Romain Ntamack n’aurait pas été suffisante, c’est la mise en action des soutiens qui a permis de faire de cette action le tournant de cette rencontre. "Il se sort d’une situation incroyable, je me dis donc de tout donner pour le suivre, raconte Melvyn Jaminet, et il me sort une magnifique passe." Un geste façon Magic Johnson, le roi de la passe aveugle en NBA. Un petit bijou de technicité à savourer comme cette douceur sucrée qui vient parachever un dîner dans un trois étoiles au Michelin.

La suite ? "Je donne à Toto (Dupont) à l’intérieur, je ne sais pas si c’est le bon choix d’ailleurs, se souvient encore Jaminet. J’aurais peut-être dû taper au pied…" Qu’importe. Le demi de mêlée français est alors repris à l’entrée des 22 mètres néo-zélandais. Ballon lent. Gaëtan Barlot à l’éjection, Jean-Baptiste Gros auteur d’une passe sur un pas pour NTK, déjà remis en action. Ce dernier sert Cameron Woki qui décide de jouer son duel, plutôt que le trois contre un en bout de ligne avec Danty et Penaud. Le souffle manque, la lucidité aussi. Logique, forcément logique.

Une telle relance conclue par un essai, c’était l’action du siècle

Une telle relance, d’un autre temps, conclue par un essai, c’était l’action du siècle. Elle restera tout de même comme le moment fort de cette rencontre historique. Les Bleus récupèrent alors une pénalité transformée par Jaminet pour s’offrir un peu d’air (30-25, 61e). Et surtout, une supériorité numérique de dix minutes en raison du carton jaune d’Ardie Savea, coupable d’une faute d’antijeu au sol. "Psychologiquement, cette action nous a fait du bien, a soufflé le capitaine Antoine Dupont. Elle a redonné de la confiance à tout le monde car nous étions dans une mauvaise passe. Et le risque était de mettre le frein à main, d’arrêter de jouer et de laisser l’adversaire nous dominer jusqu’à la fin. Ce sursaut ou cet élan de fierté, je ne sais pas, nous a vraiment fait du bien."

La suite ? Elle n’est aussi que la conséquence de cette action. Damian Penaud aurait-il, quelques minutes plus tard, pu tenter l’interception scellant le sort de la rencontre, si les Blacks n’avaient pas été en infériorité numérique ? Pas sûr. Un sentiment qui valorise encore un peu plus le coup de génie de Romain Ntamack.

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