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Test Match - Cameron Woki : « Jouer contre l’Argentine, ce n’est jamais drôle »

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En équipe de France, il est l’un des grands gagnants de la tournée d’été en Australie Cameron Woki, en l’absence de Charles Ollivon, sera le leader de la conquête aérienne. Son changement de statut, il l’évoque dans cet entretien tout en pudeur, mais pas sans ambition. Et lève peut-être le voile sur ce que sera son avenir...

À votre retour de la tournée en Australie l’été dernier, où vous vous étiez particulièrement mis en évidence, vous avez déclaré dans ces colonnes : « Je voulais montrer que je méritais cette place en équipe de France. » Est-ce que vous avez le sentiment que cette tournée vous a permis de changer de statut ?

De statut, non. Mais je pense avoir effectivement marqué des points en Australie. Je sortais d’un Tournoi des 6 Nations où je n’avais pas beaucoup joué. Cette tournée, c’était pour moi l’opportunité de me montrer, de tout donner, de mouiller le maillot et servir mon pays. C’était pour moi une petite revanche sur moi-même. Je n’avais pas été assez bon pour jouer le Tournoi. Pourtant, tout n’a pas été simple. Jouer trois fois contre l’Australie avec notamment deux rencontres en quatre jours, c’était périlleux. Mais résultat des courses : tournée tout de même satisfaisante malgré deux défaites.

Est-ce que vous avez aussi le sentiment d’avoir franchi un palier notamment parce que l’UBB joue désormais régulièrement les premiers rôles ?

Si j’ai effectivement franchi un cap, c’est grâce à mon club, qui grandit en même temps que moi. Et qui me permet de progresser. L’UBB d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a cinq ans à mon arrivée. Sans la confiance de mon président (Laurent Marti) et de mon manager (Christophe Urios), je ne serais peut-être pas là aujourd’hui.

L’absence de Charles Ollivon vous permet aussi aujourd’hui peut-être d’avoir plus d’espace pour vous exprimer. Est-ce votre sentiment ?

Charles, c’est le capitaine. Son absence est évidemment une opportunité pour moi. Mais qu’il soit présent ou non, je ne change pas d’attitude. J’essaie toujours de donner le meilleur de moi-même. Et Charles m’a d’ailleurs toujours aidé à être meilleur. Son absence me donne aussi l’opportunité d’être leader de touche, ce n’est pas rien.

Évoluez-vous dans le même registre ?

Dans le jeu, nous sommes quand même assez différents. Charles est très massif, très agressif…

Vous n’avez pas non plus un physique commun…

Oui, mais il a en lui ce leadership que je n’ai pas forcément. Je pense être un peu plus discret. Néanmoins, j’aime tellement le secteur de la touche, je crois être un joueur très aérien, que je peux m’accaparer le leadership dans ce secteur de jeu spécifique.

Avez-vous toujours eu cette appétence pour la conquête aérienne ?

Depuis que l’on m’a confié des responsabilités chez les jeunes, j’ai toujours aimé prendre la main. J’aime passer du temps devant mon ordinateur à regarder comment fonctionne l’alignement des équipes adverses. Je sais combien ça peut être précieux pour mon équipe. Julien Laïrle (entraîneur des avants de l’UBB) m’a permis de bien progresser dans ce secteur. Et aujourd’hui, voler un ballon en touche, quel kiff ! Les gens ne s’en rendent peut-être pas compte, mais c’est beaucoup de travail. C’est d’abord du temps passé à l’analyse devant l’ordinateur, ce sont des heures passées à l’entraînement à répéter les situations. Contrer en touche, c’est ma façon de marquer un essai.

Avant l’arrivée de Christophe Urios à l’UBB, votre temps de jeu n’était pas aussi important qu’aujourd’hui. En quoi vous a-t-il permis de vous affirmer davantage ?

Je vais vous raconter une anecdote : la première fois que j’ai rencontré Christophe en tête à tête, c’était après une semaine d’entraînement sous ses ordres. Je m’en souviens très bien, ça m’a vraiment marqué. Il m’a dit directement en me regardant dans les yeux : « Cameron, pour moi, t’es seulement à 40 % de ton potentiel. » Sur le coup, j’ai un peu tiqué. Je sortais d’une semaine d’entraînement où j’avais eu l’impression d’être à 10 000, limite en surrégime (rires). Mais à force de me répéter ça, je crois qu’il m’a convaincu et que ça a un peu modifié mon caractère et ma façon de travailler. Christophe (Urios) m’a vraiment aidé à être un autre joueur.

À ce point ?

Oui, vraiment. Christophe est complètement rentré dans ma tête. Julien (Laïrle) aussi. Et grâce à eux, j’ai progressé.

Puisqu’on parle de l’UBB, Matthieu Jalibert a prolongé son contrat. Est-ce que c’est un paramètre que vous prendrez en considération dans votre réflexion quant à votre avenir ?

Matthieu, c’est mon meilleur ami. Vous comprendrez bien que le fait qu’il ait choisi de prolonger avec notre club, ce n’est pas anodin.

Est-ce à dire que vous allez rester à Bordeaux et prolonger votre contrat ?

D’abord, je ne suis pas en situation de fin de contrat. Ensuite, je n’affole pas le marché des transferts comme Matthieu a pu le faire. Matthieu, c’est un talent hors-norme. C’est lui qui porte l’équipe. Il incarne le club. Et j’ai vu à quel point la signature de sa prolongation a été vécue comme un soulagement au club. Moi, si je prolonge, je ne suis pas sûr que ce soit un soulagement (rires) !

Antoine Dupont a été nommé capitaine des Bleus pour cette tournée d’automne. Était-ce une évidence pour vous ?

Carrément ! C’est le meilleur demi de mêlée du monde, peut-être le meilleur joueur de la planète. Et je suis sûr que cette responsabilité va le rendre encore meilleur qu’il n’est aujourd’hui. C’est un joueur qui semble ne jamais subir la moindre pression. Ce trait de caractère apaise l’équipe. Et c’est quelqu’un qu’on écoute quand il parle, qu’on a envie de suivre.

Et pourtant, jamais autant de joueurs n’étaient apparus aussi crédibles pour endosser ce rôle de capitaine. Est-ce votre sentiment ?

Je partage complètement. J’ai vraiment le sentiment qu’on a une équipe avec beaucoup de leaders. Sur les cinq joueurs pressentis pour ce rôle-là, tous auraient été légitimes pour une telle fonction.

En quoi cette tournée est-elle capitale à deux ans de l’échéance du Mondial ?

Ça fait maintenant deux ans que Fabien et Raph’ (Ibanez) ont pris leurs fonctions, ça fait deux ans qu’on échoue à rien à chaque fois. Je crois que ce groupe en a un peu ras-le-bol des défaites encourageantes. Ce qu’on veut, c’est gagner. Avant le Mondial, on doit apprendre à gagner, à cultiver cette culture de la gagne. Et ça passe par cette tournée. On va affronter trois équipes que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer, ce sera riche d’enseignements.
 

Avez-vous le sentiment de passer au révélateur, notamment contre l’Argentine et la Nouvelle-Zélande ?

C’est une certitude. On va en savoir un peu plus sur nous, on va pouvoir se situer encore un peu mieux. Voilà pourquoi cette tournée est très importante. Sans compter que ces trois tests doivent nous donner encore plus de confiance pour aborder le 6 Nations dont l’objectif sera de le remporter.

Est-ce frustrant de ne pas avoir réussi à remplir l’armoire à trophée, pour reprendre l’expression du sélectionneur ?

C’est une vraie frustration ! Cette défaite contre l’Angleterre en finale de la Coupe d’Automne des Nations l’an dernier et les deux défaites face à l’Australie l’été dernier, je les ai un peu en travers de la gorge.

Voir votre ami Matthieu Jalibert s’installer à l’ouverture est-ce une satisfaction pour vous ?

Je sais qu’il se posait beaucoup de questions. Sur le plan affectif, je suis vraiment heureux pour lui. Sur le plan sportif, je pense que le staff a fait le bon choix. Associer ces deux ouvreurs de talent, en très grande forme, semblait presque évident. Maintenant, je ne suis pas sélectionneur.

Sentez-vous Matthieu libéré ?

Il était soulagé…

Quel regard portez-vous sur l’Argentine ?

C’est une grande nation du rugby avec des joueurs de qualité. Des joueurs qui, lorsqu’ils jouent contre l’équipe de France, allez savoir pourquoi, sont comme habités par un sentiment de révolte. Ils ont un supplément d’âme sur ces rencontres. J’ai même l’impression que c’est vraiment un autre match pour eux. On sait qu’on va être très attendu, surtout qu’ils sortent d’une période difficile. Et puis, on ne va pas se mentir, jouer contre l’Argentine, ce n’est jamais drôle. Les Argentins ont cette capacité à se transcender lorsqu’ils portent le maillot de leur équipe nationale. C’est assez incroyable.

Ce sentiment d’appartenance n’est-il pas en passe de renaître en équipe de France ?

Absolument ! Le staff a fait un gros travail sur ce sujet. Il y a aujourd’hui au sein du groupe une fierté d’appartenir à cette équipe, le sentiment de faire partie d’une aventure où les liens qui nous unissent sont très forts. Mais maintenant, il nous faut gagner les matchs et des trophées.

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