Atonio, ce golgoth moderne

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J’ai gardé en mémoire la fulgurance d’un confrère, survenue lors de la dernière visite du Stade rochelais à Paris-La Défense-Arena. Observant Uini Atonio (145 kg les bons jours) se relever comme il le pouvait d’une mêlée effondrée, l’individu lança donc en tribune de presse : « Comment peut-il se considérer comme un sportif de haut niveau, celui-là ? » Les jours suivants, j’ai longtemps réfléchi à la saillie verbale de mon compadre, pour en conclure aujourd’hui qu’elle est une connerie sans nom. 

Le rugby, de haut niveau ou pas, exige d’abord d’un pilier droit qu’il cale une mêlée. Et Uini Atonio, comme Paul Alo-Emile, Ben Tameifuna, Charlie Faumuina ou Vadim Cobilas ont beau avoir une cage abdominale hypertrophiée, ils possèdent dans le dos, les reins ou les cuisses une puissance irréelle et qui fait d’eux des êtres à part, des références dans leur catégorie socio-professionnelle. Qu’on le veuille ou non, Uini Atonio et les gros bébés que l’on vient de citer sont tout autant des « sportifs de haut niveau » que le sont Josua Tuisova ou Antoine Dupont. Parce que dans leur domaine de compétences, ils n’ont aucun équivalent sur le territoire. 

Dans les Hauts-de-Seine, les dirigeants du Racing se sont longtemps battus avec les kilos en trop de Ben Tameifuna. On ne dit pas, ici, que l’international tonguien, qui débarqua par exemple au Plessis-Robinson à l’automne 2019 avec 160 kg au compteur, est exempt de tout reproche. On dit simplement qu’en se séparant l’an passé de « Big Ben », qui ne jouait jamais guère plus que trente minutes par match, le staff francilien a perdu lourd. Car si Tameifuna n’est ni Jiff, ni irréprochable, ni très bon marché, il avait pour lui de régler les problèmes de la mêlée francilienne et, lorsqu’il entrait en jeu, d’offrir à son staff un « money time »  plutôt serein. Ce faisant, il rentabilisait largement l’investissement de départ, non?

Au bout du bout, on se souviendra finalement que Carl Hayman fut le seul pilier droit de l’histoire à être gaulé comme un flanker en présaison et que tant qu’il y aura des mêlées, ce sport aura besoin de kilos, de « Big Ben », de Uini Atonio et de Paul Alo-Emile. Que ça vous plaise ou non, très cher confrère. 

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