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Le panache tricolore n'a pas suffi

Par Nicolas AUGOT
  • Le panache tricolore n'a pas suffi
    Le panache tricolore n'a pas suffi Scott Powick - Scott Powick
Publié le Mis à jour
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Le XV de France a cédé dans les dernières minutes, s’inclinant sur le score de 33 à 30 après un nouveau match plein de rebondissements qui avait débuté avec l’exclusion définitive de l’ailier des Wallabies, Marika Koroibete, dès la 5e minute de jeu. Tout semblait alors devoir s’écrire en faveur des Bleus…

Ils sont tombés les armes à la main. Ces Bleus n’ont pas voulu d’un match nul, qui aurait été pourtant mérité afin de clore cette tournée des bras de fer majuscules. Ils ont voulu arracher la décision sur une ultime pénaltouche, en misant sur le panache qui leur a collé aux crampons et nous a fait vibrer sur nos canapés depuis le début de cette tournée. Malheureusement, ils n’ont pas eu l’énergie nécessaire pour forcer l’ultime décision, malgré une volonté sans faille : « Avant le match, on avait discuté de la possibilité d’avoir une dernière opportunité et tout le monde voulait aller chercher la gagne, déclara le capitaine, Anthony Jelonch. On ne regrette rien de cette dernière action, même si elle ne se termine pas comme espérée. En plus, la pénalité en question, à la fin, est située à 50 mètres en coin. »
 

La troupe de Fabien Galthié a encore échoué au moment de se faire couvrir d’or, comme lors des deux derniers Tournoi des 6 Nations et de la Coupe d’automne des Nations. La gloire attendra mais elle est à portée de main. C’est une certitude après le combat final d’une tournée au bout du monde qui restera dans les annales, car ces Bleus auraient pu et même dû repartir en héros. L’enthousiasme est donc forcément nourri de regrets et de frustration. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que les Australiens ont évolué à quatorze pendant 76 minutes après le carton rouge reçu par Marika Koroibete, la principale menace des Wallabies lors des tests précédents. Et alors que l’autre ailier, Filipo Daugunu, avait dû quitter ses partenaires dès la première minute de la rencontre (fracture de l’avant-bras), il était logique de penser que les Australiens, dépourvus de leurs facteurs X buteraient sur l’impressionnante muraille tricolore.

La voie n’était finalement pas si royale pour les Français, vite rattrapés par leurs difficultés en conquête et notamment la fragilité de l’alignement tricolore pendant le premier acte. Dépourvus de solutions face au contre australien, ils laissaient trois précieuses munitions en route et dégageaient une sensation de panique à chaque lancer. C’était ensuite la mêlée qui tanguait alors qu’elle avait été héroïque quelques jours plus tôt. Mais depuis, le mollet de Jean-Baptiste Gros avait demandé du repos, laissant penser que la profondeur de banc en première ligne n’était pas aussi riche qu’à d’autres postes. C’est d’ailleurs la mêlée qui précipitait cette fois la défaite française, en offrant une pénalité décisive au jeune Noah Lolesio, à trois minutes du terme.

Le cœur et les corps

Malgré toutes les imperfections, toutes les failles dans le jeu tricolore, sans oublier les bévues comme cette interception pour un essai offert aux Wallabies, les Bleus avaient su répondre par leur hargne et leur talent. À chaque erreur, le capitaine Anthony Jelonch ramenait tout le monde dans son sillage, à la pointe du combat, Cameron Woki prenait une nouvelle dimension aussi dans un rôle de rassembleur, Melvyn Jaminet assurait comme un vieux briscard de la scène internationale, et Baptiste Couilloud torturait son vis-à-vis dans les côtés fermés. À l’image du premier essai français quand le demi de mêlée roulait sur son adversaire direct ou encore en étant à l’initiative du chef-d’œuvre tricolore conclu par Pierre-Louis Barassi. Un essai qui fera le tour du monde sur la toile numérique, permettant à ce test-match de rentrer dans la légende du XV de France, et même du rugby mondial.

Les Bleus étaient donc aussi spectaculaires que fragiles, à l’image de cette indiscipline chronique depuis le début de la tournée. Quatorze fautes au compteur, c’est exactement le même nombre que lors de la défaite initiale. C’est bien trop mais c’est aussi le prix à payer quand une équipe doit autant défendre. La possession a été une nouvelle fois largement en faveur des Australiens pourtant réduits à quatorze, sans que cela ne se ressente une seule seconde. Au contraire, ce sont les Tricolores qui ont perdu pied physiquement à l’heure de jeu, avec une baisse d’énergie qui permettait aux Australiens de tenir le ballon dans le camp adverse. La frustration laissait place à la fatalité, venant nous rappeler que malgré toute leur bravoure, ces Bleus disputaient l’énième match d’une saison longue de quatorze mois. Un cœur énorme a permis de porter les corps aussi loin, mais la dernière poussée sur ce ballon porté plein de panache était certainement de trop. « Je ne veux pas que les joueurs rentrent avec des regrets, coupait un Fabien Galthié fier de ses troupes. On aurait pu être plus froids par moments et sortir plus facilement de notre camp… Parfois, avec l’émotion, les choses simples sont les plus difficiles à faire.» Mais il est parfois bon de se laisser griser, pour un jour, finir ivre de bonheur.

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