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Après l'exploit, le rêve d'une tournée victorieuse pour le XV de France

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Publié le Mis à jour
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Superbes vainqueurs des Wallabies sur leur pelouse de Melbourne, mardi, ces "Bleus bis" ont prouvé qu’ils avaient la moelle des Grands. Après 31 ans de disette australe, l’heure est déjà aux applaudissements. Mais ce groupe voit plus grand et pense, désormais, à remporter la tournée dans son entièreté.

Il y a eu ce frisson du déjà-vu, et déjà raté. L’ondulation spinale des dernières minutes d’un match, que ces Bleus ont si souvent abordées en tête au score, d’un rien. Avant de craquer. À la 77e minute et 50 secondes, mardi à Melbourne quand Melvyn Jaminet parachevait son récital de tirs au but d’un ultime coup de pied de quarante mètres, « poteau du milieu », Eric Bayle au micro masquait difficilement son enthousiasme. « Mais oui ! Mais oui ! ». Immédiatement, il masquait tout aussi difficilement ce sentiment de crainte d’un effondrement qui habitait alors tous les supporters des Bleus, échaudés devant leur télé par les échecs passés. « Australie 26 - France 28. Oui, mais. Oui, mais… » Mais il fallait encore tenir, gérer, ne pas paniquer. « Les fameuses, les terribles, les fatales dernières minutes du XV de France. » Vous savez quoi ? Les Bleus ont tenu, au terme de deux dernières minutes pas encore parfaites, mais globalement maîtrisées (voir page 5). Enfin.

Dépourvus de leurs plus belles armes théoriques - restées en France pour jouer une finale de Top 14, soigner une blessure ou simplement se reposer - ballottés par un contexte sanitaire incertain et face auquel les autorités australiennes leur ont imposé « un isolement assez violent, des contraintes sanitaires très strictes et rudes », selon Galthié, ces Bleus ont réussi « le test de caractère », posé par leur sélectionneur. « Les joueurs ont touché du doigt l’irrationnel. […] Le haut niveau, c’est le chaos, l’intensité. Nous avons su être opportunistes, structurés. On a eu des temps faibles mais on est toujours revenus dans la partie », jugeait encore Galthié, après la rencontre.

Le caractère, donc. Qui se juge d’abord en défense, quand il est toujours plus question d’appétit que de talent. En rugby, les deux se valent largement. Galthié encore : « La défense, c’est la structure et l’épine dorsale d’une équipe. Une équipe qui défend, c’est une équipe solidaire. On vit comme on défend. » Et inversement. Si Galthié dit vrai, et on est enclin à le croire, c’est que ce groupe France, bricolé à la hâte, vit sacrément bien, aux antipodes. Car il défend avec une férocité jubilatoire.

Diallo : « Simple, efficace et rapide »

C’est ici, sur cette question d’état d’esprit irréprochable que l’espoir est grand, désormais, de bonifier la victoire historique de mardi par un succès plus global. Celui d’une tournée dans l’hémisphère Sud, chose suffisamment rare dans le grand livre du rugby français (une seule fois depuis vingt ans) pour mieux en mesurer la valeur.

L’équipe sera remaniée, par la force des choses et des rythmes effrénés de cette tournée compactée en dix jours. La grande révolution des compositions d’équipe attendra pourtant. Pour leur retour à Brisbane, ce samedi, les Bleus conserveront l’ossature des cadres ponctuels de cette tournée. L’appétit de victoires n’attend pas. Et quand bien même Danty, Gros ou Villière manqueront cette fois à l’appel, après leur belle performance de mardi, quelque chose de supérieur semble porter cette équipe.

Elle l’a déjà prouvé, par le passé, quand elle fut déjà contrainte de composer sans ses lames les plus aiguisées du tiroir : le plan de jeu alors simplifié rend son assimilation aisée, et c’est sur les bases de jeu, gravitant toutes autour de la notion de solidarité, que s’écrit la quête de performance. Ibrahim Diallo, à la pointe du combat pour sa première en Bleu, en témoigne : « Dès qu’on est arrivé, on a tout de suite été pris en charge par le staff et les préparateurs physiques. À l’entraînement, ils ont été très patients pour bien nous expliquer le plan de jeu et à la fin, comme nous le répètent les entraîneurs, notre projet de jeu doit être simple, efficace et rapide. Ce n’est pas le plus difficile à intégrer. »

Hastoy, Barassi et Thomas (qui débuteront samedi) s’inscriront-ils dans ce schéma, à la fois « simple, efficace et rapide » mais surtout diablement difficile à contrecarrer ? On le jurerait, tant ce groupe de fortune semble habité par un esprit collectif transcendant. « Avec sa force de caractère, notre groupe a montré qu’il ne lâcherait rien, de bout en bout », se félicitait à ce propos, mardi, le Montpelliérain Arthur Vincent dont le niveau de performance exceptionnel est autant une aubaine qu’un casse-tête : en novembre, quand les cadres au repos seront de retour, il faudra bien s’accrocher pour justifier de sa non-reconduction éventuelle, au centre d’un XV de départ pour lequel il semble taillé pour une décennie.

Vincent : « Ils ont tous les crocs »

Ce temps des arbitrages individuels viendra. L’heure d’été, que nous vivons dans un froid de mars, est pour l’instant à se réjouir de ce que les Bleus proposent en Australie. Et à rêver d’une victoire totale, issue fort improbable il y a un mois, quand les galères s’accumulaient. La fatigue ? Elle est réciproque entre Australiens et Français, à ceci près que les Bleus surfent sur une forme d’euphorie. Le capitaine Jelonch en convenait, mardi, porté par cet accent du Gers qui fleure bon le rugby du "dimanche à 15 heures" : « Si on doit encore combattre samedi, on sera prêt à combattre une fois de plus. »

Arthur Vincent, encore, après l’exploit de Melbourne : « On ne réalise pas forcément, on est encore un peu dans l’euphorie. Mais il faudra vite basculer car, dans quatre jours, on a un autre très très grand challenge qui nous attend. […] On sera tous aptes, s’il faut jouer ce dernier match. Mais il y a de très grands joueurs qui sont prêts derrière et qui nous portent. S’ils ont leur chance, ne vous inquiétez pas, ils feront le job. Ils ont tous les crocs. » L’ambition de rentrer en France avec mieux encore qu’un exploit ponctuel est là, cimentée par une aventure humaine qui fait les grandes histoires du sport. Et soudain, on se prend à y croire.

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