Les invités surprise du Brennus

  • Le Stade Français de Max Guazzini et de Bernard Laporte champions en 1998.
    Le Stade Français de Max Guazzini et de Bernard Laporte champions en 1998. Max Guazzini - Twitter. - Max Guazzini - Twitter.
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Retour sur ces équipes qui ont été sacrées championnes contre toute attente, au terme de véritables odyssées.

Nous avons un faible pour ses champions inattendus car on  a l'impression qu'il n'y en n'aura plus beaucoup à l'ère du Top 14 , championnat d'Elite par excellence. Cette année par exemple, personne ne pourrait prétendre à cette étiquette, même si Bordeaux-Bègles ou La Rochelle étaient sacrés pour une première. Même le Stade Français 2021 ne pourrait pas vraiment revendiquer  ce statut, malgré sa jolie remontée. Les formules alambiquées d'autrefois autorisaient des trajectoires sorties de nulle part. Voici un petit florilège . 

 

1951 : Carmaux 

Une cité minière de 12 000 habitants qui brandit le Brennus. L'US Carmaux  est entrée dans l'Histoire  en gagnant la finale 1951 14-12 contre Tarbes après prolongation, après avoir terrassé Agen et Clermont, de vrais poids lourds. Aucun des quinze joueurs n'avait été et ne serait international par la suite. Cinq d'entre eux étaient descendus à la mine. L'entraîneur joueur de Carmaux, Marcel Dax avait décidé de laisser sa place aux jeunes à partir des quarts. L'ailier André Régis déclara forfait juste avant la finale, victime d'une angine phlegmonique. Il laissa sa place au centre René Deleris lui-même remplacé par un troisième ligne, Gustave Golazewski. La place laissée libre dans le pack échut à Jean Régis qui n'avait plus joué depuis le 21 janvier. Carmaux réussit une finale magnifique, portée par la réussite de Louis Aué, auteur de tous les points. Ensuite, le club ne fit jamais mieux qu'un huitième de finale. 


1969 : Bègles 

Une équipe de joyeux drilles, un peu potaches qui s'est qualifiée de justesse (parmi les meilleurs cinquièmes, à la dernière journée). Ce titre de Bègles en 1969 a ressemblé à une joyeuse farce. Le pack des Girondins était si léger avec cette deuxième ligne  Michel Chagnaud- Louis-Michel Tressac, des étudiants qui ne payaient pas de mine, qui souffraient dans les contacts mais qui étaient durs au mal et qui courraient vite et longtemps. Bègles gagna ces matchs de phase finale, contre le cours du jeu, en s'accrochant, en embrouillant les adversaires (Dax, Narbonne)  jusqu'à leur  faire perdre la tête. Puis en finale, Jean Trillo, la vedette du groupe réussit sa fameuse interception face à Toulouse (11-9). 

 

1973 : Tarbes 

C'est ce qui s'appelle être touché par la grâce. Comment être champion en se qualifiant à la dernière journée ? Comment battre Narbonne, l'un des favoris, juste après avoir été surclassé en Du-Manoir par le même adversaire ? Comment gagner une demi-finale face à l'USAP avec deux essais refusés à l'adversaire ? Comment gagner une finale face à l'US Dax, frappée par la jaunisse de Claude Dourthe  et prisonnière de l'euphorie d'avoir battu le favori Béziers en demie ? Il fallait s'appeler le Stadoceste Tarbais, une bonne équipe, mais qui ne comptait que deux internationaux, l'ailier Jean Sillières et le pilier Lucien Abadie, 35 ans, une seule cape douze ans auparavant et  qui jouait là son dernier match. Joël Pécune le deviendra par la suite.  Mention spéciale au demi de mêlée Alain Save, encore junior et qui fit le match de sa vie. Dix ans après, il était encore champion, de première série. 


1992 : Toulon 

Toulon champion, a priori, dit  comme ça, ce n'est pas une surprise. Mais si l'on se réfère au contexte, et à l'époque,  ce sacre de 1992 reste une des surprises les plus énormes de l'Histoire. Pourquoi ? Parce que la saison régulière de Toulon avait été très médiocre, septième de poule, obligé de passer par un barrage face à Aurillac, descente en jeu, pour se retrouver en seizième (la formule, était vraiment gratinée). Vainqueur 28-9, Toulon commença une odyssée magnifique en éliminant, Nîmes, Béziers, Tarbes et Castres pour se retrouver face à Biarritz (lui aussi inattendu)  en finale pour les adieux de Serge Blanco. 
Le plus extraordinaire, dans cette aventure du RCT, c'est la composition de l'équipe. Toulon fut couronné avec dans ses rangs, quatre juniors, totalement inconnus en début de saison : Yann Delaigue, Patrice Teisseire, Gerald Orsoni, Michel Périé. Toulon était aussi privé de son prestigieux capitaine, Eric Champ, suspendu après une bagarre en Du-Manoir et qui reçut le bouclier en civil. 

 

1998 : le Stade Français 

Le Stade Français de Max Guazzini et de Bernard Laporte champions, ça paraît tout naturel et même évident aujourd'hui. Mais au départ de cette  saison-là, personne ne pensait que ce curieux club, monté de toutes pièces et issu du groupe A2,pouvait être couronné. On se moquait même de cette équipe de grands noms en préretraite (Gimbert-Moscato-Simon). Et la mayonnaise a pris jusqu'à la demie et la finale survolées contre Toulouse et Perpignan. On n'avait jamais vu, de mémoire de suiveur, un promu champion. Le rugby basculait dans une nouvelle ère. 
 

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