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Frédéric Michalak et les Roosters

  • Frédéric Michalak et Trent Robinson, côte à côte lors d'un entraînement des Roosters. Frédéric Michalak et Trent Robinson, côte à côte lors d'un entraînement des Roosters.
    Frédéric Michalak et Trent Robinson, côte à côte lors d'un entraînement des Roosters.
Publié le Mis à jour
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Depuis le mois de décembre 2020 Frédéric Michalak vit en Australie, en famille, et apporte ses connaissances à l’équipe professionnelle de rugby à XIII des Sydney Roosters, entraînée par Trent Robinson, récemment nommé directeur du rugby du XIII de France. Récit. 

J’aime bien l’idée de rendre utiles mes aventures, mes voyages. » La famille, les vacances, l’Australie, tout cela est essentiel à la nouvelle vie de Frédéric Michalak. Selon vous, manque-t-il quelque chose au tableau ? Voyons, ce ne serait pas un peu de rugby ! Où qu’il aille, où qu’il passe, où le vent le porte, finalement, « Fred » ne s’éloigne jamais vraiment de sa passion.

Au mois de décembre dernier donc, avec Cindy et ses trois garçons Hugo (8 ans), Jasen (6 ans) et Marlon (15 mois), il a fait ses bagages pour rendre visite aux parents de son épouse sud-africaine, naturalisée australienne, à Sydney. Après des formalités d’usage, à savoir le respect strictement confinés d’une quatorzaine dans une chambre d’hôtel, traitement réservé à tout ressortissant non australien débarquant sur le territoire, la petite famille s’est donc installée. Les deux plus grands ont rapidement été scolarisés, au moins pour sept mois, dans un établissement anglophone et Michalak s’est trouvé une petite occupation…

Du côté d’une équipe de National Rugby League, la ligue professionnelle de rugby à XIII, ici en Australie. Plus précisément auprès des Sydney Roosters, entraînée par une vieille connaissance, Trent Robinson. Les deux hommes se connaissent et s’apprécient de longue date, depuis le début des années 2000, l’époque toulousaine de celui qui fut joueur puis entraîneur du Toulouse olympique XIII. Trent y a gardé de solides amitiés et un goût partagé pour le jeu du Stade toulousain prôné par Guy Novès et symbolisé par des joueurs comme « Fred », Clément Poitrenaud, William Servat ou encore son capitaine d’alors, Fabien Pelous.

Les Sydney Roosters, champions du monde des clubs en 2019.
Les Sydney Roosters, champions du monde des clubs en 2019. ActionPlus / Icon Sport - ActionPlus / Icon Sport

C’est un penchant réciproque ou une déformation professionnelle, c’est selon, pour tout ce qui peut ajouter du savoir, de près ou de loin, à leur passion commune pour tout ce qui touche à l’ovale qu’il se joue à XIII, à XV ou sous d’autres formes encore, qui a amené Trent Robinson vers Frédéric Michalak et inversement.
C’est ce penchant qui poussa le Français, l’été dernier, à parcourir l’Australie en mode ovale, histoire de nourrir une probable reconversion à venir. Ainsi, fit-il escale, entre autres, chez les Waratahs, les Broncos de Brisbane, les Golden Coast Titans et les Sydney Roosters.
 

Nouvelles règles,  nouvelles exigences

Il a suffi d’un signe à son retour en Australie pour que ces contacts deviennent une collaboration. Quand le coach des Roosters a appris que l’ancien ouvreur était de retour, il n’a pas hésité une seconde pour le contacter et l’inviter à rejoindre son staff. Car au-delà de l’estime réciproque des deux hommes, il y a, derrière, une véritable mission pour le feu follet du rugby français. La NRL a en effet récemment changé ses règles avec l’apparition d’une petite révolution stratégique dans le XIII, le « 6 again ». Une règle qui transforme une pénalité en une série de tenus supplémentaire, entraînant ainsi une profonde modification du temps de jeu pour les équipes. Trent Robinson a vu en la personne de « Fred » un exemple et un assistant tout désigné pour faire progresser ses joueurs sur l’appréhension et l’apprentissage de ces nouvelles exigences, peu habitués à cette sollicitation d’endurance physique tout en maintenant un niveau de performance optimum.

Frédéric Michalak et Trent Robinson, côte à côte lors d'un entraînement des Roosters.
Frédéric Michalak et Trent Robinson, côte à côte lors d'un entraînement des Roosters. Photos Sydney Roosters.

Il a donc la charge de faire progresser les joueurs par rapport à cette nouvelle donne mais aussi sur la technique individuelle de passe dont il fut un esthète et le jeu au pied et son utilisation stratégique. Un ensemble d’outils que les treizistes maîtrisent avec parfois davantage de talent que les quinzistes mais dans des schémas tactiques qui ne dépassent jamais, sauf en cas de marque, les six tenus quand les quinzistes enchaînent régulièrement des dizaines, voire des vingtaines de temps de jeu. Trent Robinson voulait un peu du joueur, fantasque, racé, instinctif et du Michalak, entraîneur, posé, calme, méthodique. Et, respecté et écouté, déjà, par un groupe, qui connaissait certes le joueur qu’il fut mais qui apprend à bosser avec le technicien. « Fred » apporte sa lucidité dans les prises de décision, dans les choix et son instinct, des données que les treizistes vont devoir forcément améliorer dans ces nouveaux schémas.
 

Nouvelles expériences,  nouvel avenir…

C’est dans ces échanges entre deux disciplines certes aux codes éloignés mais aux fondements pas si étrangers que les deux hommes ont trouvé un terrain d’entente et un moyen de progresser dans cette recherche sans cesse renouvelée de performance. Frédéric Michalak : « On voit de plus en plus, c’est vrai, de passerelles entre les deux sports, de plus en plus d’entraîneurs et de joueurs qui réussissent à très haut niveau. Ici, la grosse différence, c’est le temps consacré à la préparation. Les équipes ont trois mois pour travailler, ce qui est inconcevable chez nous avec nos calendriers démentiels. » C’est vrai que vu de France, le temps consacré à la préparation d’une saison peut faire rêver. Trois mois, de décembre à mars, pour une saison qui s’étale de mars à mi-octobre. Du temps, voilà une des clés, un luxe sans doute mais une condition sine qua non de la recherche de performance.

Frédéric Michalak ne s’y est pas trompé, en venant se nourrir ici et parachever sa recherche personnelle sur son après. Il s’était donné deux ans à l’issue de sa retraite sportive pour faire le tour de la question. Au contact de Trent Robinson, il a sans aucun doute alimenté son bagage, renforcé quelques certitudes, découvert et approfondi des méthodes de management qu’il avoue lui-même ne jamais avoir vu auparavant. Il faut dire que Trent Robinson, au-delà d’un palmarès élogieux, c’est une façon à part de concevoir le rôle de manager. Si son boulot, c’est de faire gagner des titres à son équipe et de faire progresser ses joueurs, sa mission c’est d’élever des âmes en formant des jeunes et en faire des hommes meilleurs. Rien n’est laissé au hasard, ni la préparation mentale, ni l’accompagnement de ceux-ci dans leur carrière.

Ainsi, sans doute, le discours de Robinson a-t-il dû résonner auprès du jeune prodige australien Joseph Suaalii au moment de trancher entre le XV et le XIII lors de la dernière intersaison. Il a fait un choix au long cours qui lui garantit, au moins, une formation à taille humaine.

Ainsi, sans doute, Frédéric Michalak, lorsqu’il a quitté le Stade toulousain et s’en est allé il y a quelques années, en Afrique du Sud ; lorsqu’il est revenu du côté de Toulon ou de Lyon ; lorsque l’été dernier, il a poussé la porte des Waratahs, des Titans, des Broncos ou des Roosters et lorsqu’enfin, il s’est rapproché de Trent Robinson, voilà quelques mois, il a fait un choix, celui de donner du corps et du sens à une suite logique de sa carrière, à un destin qu’il cherchait et qui désormais naturellement s’ouvre à lui. Frédéric Michalak, joueur inspirant, ne peut-être, dans un proche avenir qu’un entraîneur entraînant.

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