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Chavancy : « Je ne veux pas être un poids pour le club ! »

  • Henry CHAVANCY of Racing 92 during the Scores Champions Cup match between Racing 92 and Connacht at Paris La Defense Arena on December 13, 2020 in Nanterre, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport) - Henry CHAVANCY - Paris La Defense Arena - Paris (France)
    Henry CHAVANCY of Racing 92 during the Scores Champions Cup match between Racing 92 and Connacht at Paris La Defense Arena on December 13, 2020 in Nanterre, France. (Photo by Baptiste Fernandez/Icon Sport) - Henry CHAVANCY - Paris La Defense Arena - Paris (France) Icon Sport - Icon Sport
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À 32 ans, le trois-quarts centre a déjà disputé trois finales de Champions Cup, sans malheureusement jamais réussir à décrocher le graal. Une petite fierté mêlée à une immense frustration dont il entend se débarasser dans cette édition 2021, disputée dans un format new-look.

À 32 ans et après trois finales de Champions Cup perdues, comment appréhendez-vous cette phase finale ?

Forcément, il y a beaucoup d’excitation avant ce rendez-vous très important pour nous. Comme chaque année, nous avons vraiment l’ambition de remporter ce titre. Personnellement, je tourne autour depuis déjà quelques années. La dernière finale m’a laissé beaucoup de regrets. L’envie d’avoir une nouvelle chance de soulever ce trophée est immense. Et ça commence par ce match très difficile face à une très belle équipe d’Edimbourg. C’est une formation composée de nombreux internationaux écossais, avec beaucoup de qualités. On croit savoir que la pelouse de l’Arena risque de leur correspondre à merveille. On se méfie donc pas mal d’eux.

Vous soulignez l’importance des conditions de match pour cette équipe réputée très joueuse. Quel est le risque pour le Racing 92 ?

À ce niveau-là de compétition, aucun match n’est facile. On s’attend à une rencontre très difficile face à une équipe qui se connaît très bien, qui est rodée à ces rendez-vous avec un jeu bien huilé qui peut nous mettre en difficulté.

À titre personnel, avez-vous le sentiment que le temps joue contre vous pour enfin remporter cette compétition ? En clair, est-ce l’année ou jamais ?

J’ai déjà eu trois opportunités pour soulever ce trophée, ce qui est énorme et rare à la fois. Je mesure chaque jour la chance que j’ai eu de disputer trois finales de Champions Cup. Mais, j’ai aussi cette frustration de n’avoir jamais réussi à la remporter. Je suis bien conscient que c’est, si ce pas n’est pas mon ultime chance, une des dernières occasions qui se présente à moi. Les choses sont claires : nous sommes à quatre matchs d’un titre et nous allons tout faire pour enfin offrir au Racing une Champions Cup. Même si le chemin est long et périlleux.

Pour cette rencontre, craignez-vous un peu de fatigue parmi les nombreux internationaux français qui viennent d’enchaîner une série de trois matchs très intenses ?

Je ne sais pas mais nous serons sur un pied d’égalité avec Édimbourg, dont la moitié de l’effectif est composée d’internationaux écossais. Le club aurait sûrement aimé pouvoir récupérer ses internationaux une semaine plus tôt pour jouer soit un match de championnat pour retrouver les automatismes, soit pour régénérer les corps. Mais, depuis plus d’un an, les aléas liés à la situation sanitaire sont nombreux. On doit s’adapter. Comment faire autrement ? Quand on ne peut pas changer les choses, autant s’en accommoder et avancer sans se retourner.

Quel est votre regard sur cette nouvelle formule ?

En raison de toutes les contraintes liées à la situation sanitaire, c’est plutôt une bonne solution. C’est une formule qui récompense malgré tout les équipes qui ont performé sur les deux matchs de poule et qui permet d’impliquer un maximum de clubs, même ceux qui avaient loupé un des deux rendez-vous. Alors certes, ce n’est peut-être pas la solution idéale mais c’est la moins mauvaise.

Le fait de disputer des matchs à élimination directe est-il plus excitant ?

Oui bien sûr mais les matchs de poule ne sont pas loin d’être également des matchs éliminatoires. Le moindre faux pas peut coûter la qualification. Le droit à l’erreur n’existe quasiment pas en Champions Cup. C’est en tout cas la mentalité qui nous anime au Racing lorsqu’on évolue dans cette compétition. Chaque défaite est rédhibitoire et l’objectif est de gagner chaque match pour pouvoir aller au bout. D’ailleurs, pour l’instant, nous avons rempli notre contrat puisque nous avons gagné nos deux matchs de poule. C’est ce qui nous a donné le droit de recevoir ce huitième de finale et nous espérons bien en tirer avantage pour jouer les quarts de finale.

Justement, est-ce un regret d’avoir à disputer un quart de finale à l’extérieur dans l’hypothèse d’une qualification dimanche ?

Ce sont les aléas du tirage au sort mais comme nous étions classés numéro un à l’issue des matchs de poule, nous espérions pouvoir jouer éventuellement le quart à la maison. C’est donc un peu frustrant, mais prenons les choses dans l’ordre. Sans langue de bois, concentrons-nous d’abord sur cette rencontre face à Edimbourg. Ce n’est pas la peine de parler de la suite si nous ne gagnons pas dimanche. Et si on doit se déplacer en quart de finale parce qu’on aura fait ce qu’il fallait en huitième, alors on se déplacera avec de l’ambition. Ce sera un défi supplémentaire à relever.

Si toutefois vous deviez mettre un terme à votre carrière à l’issue de votre contrat en juin 2022 sans avoir remporté cette Champions Cup, quel serait alors votre sentiment ?

(Il souffle longuement) Un sentiment où se mélangeraient la fierté et l’immense bonheur d’avoir eu la chance de trois finales - ce n’est pas non plus donné à tout le monde et ce sont des émotions incroyables - et la frustration de ne pas avoir soulevé ce trophée. Les deux dernières finales et peut-être encore plus celle du mois d’octobre contre Exeter m’ont laissé un goût d’inachevé et d’amertume. Nous avions tout ce qu’il fallait pour aller au bout. Mais bon… Ce sont les hasards du haut niveau. Les défaites font partie du jeu et forgent le caractère. De ces défaites peuvent naître aussi de grands bonheurs. À tout dire, après la dernière finale, je ne me suis jamais dit que j’avais loupé le coche, que c’était terminé, que je n’y parviendrais jamais. Non, au contraire. Ça m’a donné encore plus d’envie et de rage pour aller chercher ce trophée. Nous avons plus ou moins la même équipe cette saison et nous avons montré l’an passé que nous étions peut-être la meilleure équipe d’Europe. Objectivement, je ne vois aucune raison qui pourrait nous empêcher d’ambitionner de remporter le titre cette saison. En tout cas, j’en rêve. Et si nous n’y parvenons pas, je resterai frustré (rires).

Vous projetez-vous déjà sur votre éventuelle fin de carrière ?

À 32 ans, j’y suis un peu contraint (rires). J’y pense, j’y réfléchis mais je n’ai pas forcément de réponse aujourd’hui. Il me reste un an de contrat et je ne sais pas encore de quoi sera fait mon avenir. Le moment venu, on se mettra autour d’une table avec les dirigeants du Racing pour savoir si le groupe a encore besoin de moi et si j’ai encore quelque chose à apporter à l’équipe. On réfléchira en toute transparence et en toute intelligence pour le bien du club. Aujourd’hui, l’envie est encore bien présente, les jambes encore un peu aussi. Je prends toujours autant de plaisir à m’entraîner avec ce groupe et tant que ce sera vrai, je continuerai.

Auriez-vous l’envie de prendre des responsabilités au sein du club ou tout au moins de rester dans l’environnement du rugby ?

C’est une question que je me pose, un sujet que j’évoque régulièrement avec ma famille. Je ne ferme aucune porte. Est-ce que je continuerai dans le monde du rugby ? Je n’en ai aucune idée. Est-ce que je poursuivrai mon aventure au Racing dans un autre rôle ? Je n’en ai également aucune idée. Surtout, je ne veux pas être un poids pour le club. Je dois beaucoup plus au club qu’il ne me doit.

Vous incarnez pourtant énormément le club et son image…

Peut-être mais en aucun cas je n’ai la prétention d’affirmer que le club doit m’offrir un poste, quel qu’il soit, dans son organigramme. Sincèrement, je n’attends rien du club, ni de ses dirigeants. Ce club m’a déjà tellement offert que je ne me sens pas le droit de revendiquer quoi que ce soit. Le moment venu, on discutera pour voir ce qu’il y a de mieux pour le club. Et ensuite, pour moi. Je n’ai pas vraiment envie de continuer au club juste pour continuer et faire quelque chose qui ne me plaît pas, pour lequel je ne suis pas compétent et ternir mon histoire avec le Racing. Si je peux être utile et que la mission m’intéresse, pourquoi pas ? Mais pas coûte que coûte.

Vous incarnez tellement ce club dont vous portez les couleurs depuis la catégorie benjamin que la question se pose : le Racing 92 sans Chavancy aura-t-il la même image ?

C’est très gentil et même flatteur. Mais encore une fois et c’est sincère, le club ne me doit rien. Quand je me retourne sur mon histoire, je revois toutes les opportunités qui se sont offertes à moi grâce au Racing. Je me souviens encore de mes premiers pas en équipe première alors que nous étions au fin fond du Pro D2. J’ai eu la chance de progresser, de grandir en tant que joueur mais aussi en tant qu’homme. Le club m’a donné au centuple ce que j’ai pu lui apporter. Si demain l’histoire doit s’achever, je n’aurai aucune aigreur. Et si elle continue, c’est que nous aurons jugé avec les dirigeants que cette opportunité est pertinente. Sinon, il n’y a aucun intérêt. Ni pour le club ni pour moi.

Regrettez-vous parfois que cette fidélité que vous incarnez, que Pierre Rabadan a incarné au Stade français et d’autres ailleurs, soit aujourd’hui mise à mal par les effets du professionnalisme ?

À mon sens, c’est une dérive qui n’est pas de la responsabilité des joueurs. Je suis convaincu que la plupart des joueurs aimeraient travailler dans la continuité de leur club, d’autant plus lorsque c’est leur club formateur. Seulement, les clubs ne leur laissent pas toujours cette opportunité-là et se servent de plus en plus des possibilités offertes par les règlements pour se séparer de joueurs, parfois en cours de saison et parfois telle une monnaie d’échange. Ça donne une mauvaise image aux joueurs, mais j’insiste : ce n’est pas forcément de la responsabilité du joueur. Toutefois, j’ai le sentiment que les choses évoluent. Quand je vois certains matchs au Racing où plus de la moitié de l’équipe est issue du centre de formation, ça me redonne de l’espoir. Et je me dis que cet amour du maillot, il existe encore. Je ne veux donc pas m’exprimer pour les autres, mais au Racing je ne connais aucun jeune ayant l’envie de quitter le club. Ils ont tous le souhait de travailler dans la continuité et de porter ce maillot le plus longtemps possible.

Ça n’a pas toujours été vrai…

Peut-être qu’à une époque, j’étais un des seuls. Mais c’est peut-être aussi dû au fait que la formation était moins performante il y a quelques années. Aujourd’hui, tous les clubs ont su structurer leur formation. Et je suis convaincu qu’il y aura moins de mouvements de joueurs dans les années à venir, grâce également à la réforme mise en place sur le système des JIFF (Joueur Issu de la Formation Française, N.D.L.R.).

Le Racing 92 prépare aussi son avenir et peut-être l’après Chavancy. Le club a annoncé l’arrivée de Gaël Fickou la saison prochaine qui évolue au même poste que vous. Comment avez-vous accueilli cette annonce ?

D’abord, c’est un renfort de poids pour le club et une bonne chose pour le Racing de pouvoir recruter un joueur de ce niveau. Gaël est un joueur exceptionnel. Qu’il ait choisi le Racing montre que le club est très attractif, ce qui est très positif. Après, le fait est qu’il joue à mon poste (rires). Mais je crois qu’il y a de la place pour tout le monde. Je l’accueillerai avec plaisir au Racing. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Nous nous sommes côtoyés un peu à Marcoussis lors des rassemblements de l’équipe de France. J’arrivais alors un peu sur la pointe des pieds et il avait été très bienveillant avec moi. Et ça, je ne l’oublie pas. Il peut compter sur moi pour bien le recevoir chez nous.

Ne craignez-vous pas voir votre temps de jeu réduire la saison prochaine ?

Quand tu joues au poste de centre dans le même club que Fickou et Vakatawa, forcément tu sais que ton temps de jeu risque de fondre un peu. Je suis totalement lucide sur ce point. Et je n’oublie pas que nous avons également Olivier Klemenczak et Dorian Laborde, deux joueurs d’avenir au sein du groupe. Après, les saisons sont longues, intenses, le rythme est effréné. Nous travaillerons donc tous ensemble pour que le club gagne le plus de matchs possible. Et au moment des matchs importants, ce sera au coach de faire ses choix. Mais attention, je n’ai pas dit mon dernier mot non plus (rires). Et si je dois avoir un rôle différent, j’essaierai de le remplir pour que l’équipe continue de performer. N’oublions jamais, même si cela peut susciter de la frustration, que le club est plus important que l’intérêt individuel.

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