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Louis Picamoles quitte Montpellier : « J’ai eu un pincement au cœur au moment de prendre la route vers Bordeaux »

  • Thomas Jolmes et Louis Picamoles, les recrues de l'UBB.
    Thomas Jolmes et Louis Picamoles, les recrues de l'UBB. Photo DR. - Photo DR.
Publié le Mis à jour
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Louis Picamoles L’ancien international a anticipé son départ de Montpellier pour rejoindre bordeaux et pallier la blessure de Marco Tauleigne. Il explique son choix et ses nouvelles ambitions chez un prétendant à la qualification.

Pouvez-vous nous expliquer comment et pourquoi vous avez choisi de signer à l’UBB l’an prochain, et opté pour une arrivée plus rapide que prévu, comme joker médical ?

C’est très simple, j’ai signé depuis quelque temps pour Bordeaux pour la saison prochaine. Récemment, en raison de la blessure de Marco Tauleigne à l’échauffement lors du dernier match face à Pau, l’UBB s’est retrouvée sans spécialiste du poste de numéro 8. Ils m’ont alors recontacté. À Montpellier, j’ai peu de temps de jeu depuis ma reprise après ma rupture des ligaments, c’est difficile sportivement. Du coup, j’ai trouvé que cela pouvait être cohérent d’anticiper mon départ. J’ai encore soif de terrain. Dans tous les cas, je ne me serai pas posé la question si c’était un autre club. Le MHR a été très conciliant et je les en remercie et j’ai saisi l’opportunité. Je démarre donc l’aventure plus tôt avec l’UBB. Je pense que c’était la meilleure décision possible pour la fin de ma carrière.

Cela n’a pas été difficile de quitter votre club formateur en cours de saison ?

Quand il y a quatre ans, je suis revenu dans mon club formateur, je pensais y finir ma carrière rugbystique. Et puis, les choses ont fait que l’histoire arrivait à sa fin... J’ai essayé de donner le maximum à l’équipe sur et en dehors du terrain, notamment lors de la période difficile que nous avons traversée. Le staff a choisi de lancer un nouveau cycle et mon temps de jeu n’était pas très conséquent. Or, ce qui me fait avancer, encore aujourd’hui à 35 ans, c’est de jouer et d’être sur le terrain… Je pensais encore me battre avec le MHR, quand s’est présentée cette opportunité de signer à Bordeaux. J’aurais aimé dire au revoir aux supporters montpelliérains, mais de toute manière, avec la crise "Covid" les stades sont vides… C’est particulier... J’ai eu un pincement au cœur au moment de prendre la route vers Bordeaux. Mais j’ai aussi beaucoup d’enthousiasme pour la fin de saison.

Avez-vous eu une explication avec Philippe Saint-André sur son choix de moins vous faire jouer ces derniers temps, malgré une bonne rentrée contre Clermont ?

La forme revenait, même si cela a été long. Mais on m’avait prévenu que pour revenir pleinement d’une rupture des ligaments croisés, il faut bien un an... On est toujours à se dire que cela sera plus rapide mais, au final, cela a été long. Les premiers entraînements et matchs donnent une certaine frustration : on n’a pas le rendement espéré. Clairement, je n’arrivais pas à retrouver les sensations que je voulais et il y avait pas mal d’interrogations personnelles.

Ces dernières semaines, je me sentais bien mieux. Mais les choix des coachs font partie des aléas d’une carrière. À mon poste, Caleb Timu effectue de très bonnes performances avec le MHR et Jacques Du Plessis est devenu titulaire... Il n’y a pas de rancœur dans mes propos, juste un constat. Et parce que la fin approche, j’ai besoin d’être sur le terrain. À Montpellier, mon avenir était bouché alors qu’à Bordeaux j’ai la possibilité d’avoir plus de temps de jeu. Comme c’est bientôt fini, chaque match et chaque minute comptent ; j’ai envie de les croquer à pleines dents. C’est quand tu es sur la touche que tu prends conscience de la chance que tu as d’être rugbyman professionnel.

Qu’est-ce qu’il manque à Montpellier pour s’installer en haut du tableau du Top 14 durablement ?

Maintenant que je suis parti, je n’ai pas envie de m’exprimer là-dessus. C’est mon club de cœur, j’y ai vécu des moments exceptionnels, d’autres plus difficiles. Je ne me vois pas critiquer ou donner mon avis alors que j’en suis parti. Cela n’arrivera jamais.

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance pour l’UBB ?

Je ne le cache pas, mon désir était de prolonger au MHR. Mais les discussions avec le club n’avaient toujours pas démarré. J’avais besoin d’anticiper les choses, notamment sur le plan personnel. Je comprends la position du MHR qui souhaitait attendre. Après, ma rencontre avec Christophe Urios a été déterminante, après un bon échange au téléphone. Il a su trouver les mots pour me convaincre de tenter un ultime défi sportif. J’ai senti aussi la volonté de Laurent Marti de me recruter. J’étais vraiment son choix.

Vous auriez donc signé pour une seule saison à l’UBB et pour un petit salaire. Dans ce choix, n’y a-t-il pas la volonté de prouver que vous n’êtes pas encore cuit ?

Je comprends que le MHR ait eu des doutes sur mon retour. Personnellement, j’ai envie de me montrer que j’en ai encore sous la pédale. Je le ressens au fond de moi et je veux relever le défi. Après, d’un point de vue financier, je n’ai pas le sentiment d’avoir consenti des efforts... Ceux qui me connaissent le savent : malgré ce qui a pu se dire, le financier n’a jamais dicté mes choix. J’ai fait des erreurs mais je les assume. À chaque fois, dans tous mes choix, il y avait une part sentimentale dans mes transferts. Pour Bordeaux, c’est vraiment ma rencontre avec Christophe (Urios) et le challenge proposé qui ont été déterminants. L’UBB est un club qui grandit et qui se veut ambitieux. Je veux encore gagner des matchs…

Est-ce que l’an prochain sera votre dernière saison ?

Je suis partisan de ne jamais dire jamais. Mais c’est vrai que nous avons opté, avec l’UBB, pour un contrat d’une saison, sans se formaliser à dire que cela sera la dernière. J’aimerais pouvoir décider de ma fin de carrière. Ce que je peux vous dire, c’est que j’en ai encore pour au moins une saison.

Est-ce que le fait de retrouver François Trinh-Duc à Bordeaux a pesé ?

C’est un joli bonus. Nous en avons pas mal discuté ensemble. Se retrouver sous le même maillot, autre que celui du MHR, on se l’était souvent dit comme une promesse lancée à la cantonade, notamment à propos d’une pige à l’étranger... Sans que cela soit prémédité, nos destins vont se croiser à nouveau. C’est bien et ce n’est pas pour nous déplaire ! Cela fait onze ans que l’on n’a pas évolué en club ensemble, ce sera très sympa de finir nos carrières ensemble.

Le fait de passer d’un club qui bataille pour son maintien (Montpellier) à un club qui joue la qualification pour les phases finales (Bordeaux) a dû faciliter votre prise de décision ?

C’est hyper excitant, je ne le cache pas. L’équipe est en route pour une qualification, ce qui serait une grande première... Vivre des phases finales, c’est toujours énorme. J’en sais quelque chose... Et plus le temps passe, plus tu perçois que ce sont des moments rares. Alors, il faut en profiter. Je ne devais rejoindre Bordeaux que la saison prochaine mais, vu le challenge et avec la possibilité aussi d’accélérer mon intégration, cela a facilité les choses.

Quel est votre regard sur le XV de France et son parcours depuis que vous avez pris votre retraite internationale ?

Je prends énormément plaisir à supporter cette équipe et à la voir évoluer. Lors du Mondial 2019, on avait ressenti les prémices de quelque chose de bien qui pouvait se mettre en place. Depuis, on voit que les joueurs se régalent ensemble. Je suis confiant quant à leur avenir : il y a une très belle génération qui vient de débarquer et il y a des têtes bien faites dans cette équipe. Les voyants passent les uns après les autres au vert. Je sais combien c’est un équilibre qui peut être fragile et qu’il faut faire attention à ce que l’excès de confiance ne s’installe pas dans le groupe. Mais quand on les observe depuis l’extérieur, on a quand même le sentiment qu’ils ont l’air d’avoir pris le bon chemin tous ensemble. Cette équipe porte en elle de belles promesses.

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