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« Sacrifier la saison n'est pas acceptable »... Le monde amateur prend la parole

Par Midi Olympique
  • Olivier Lenormant, Président de Beauvais (Fédérale 1, Hauts-de-France)
    Olivier Lenormant, Président de Beauvais (Fédérale 1, Hauts-de-France) Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Alors que la Fédération Française de Rugby va s'exprimer quant au déroulé de la suite de la saison dans le rugby amateur ce vendredi 12 février, certains acteurs du monde amateur prennent la parole pour expliquer leur situation. Entre envie et reprendre et résignation, les avis sont partagés mais tirent tous vers le même sens : le rugby amateur veut retrouver le plaisir de jouer... et au plus vite.

Pierre Eymeri, président de Pont-de-Claix (Fédérale 3, Auvergne Rhône-Alpes)

"Très clairement, pour moi, le principe de la saison blanche est d’ores et déjà acté, validé. Je ne vois pas comment on peut reprendre un championnat aujourd’hui, avec l’engagement que ça implique, après avoir passé autant de temps sans jouer. Il ne faut pas se voiler la face : quand on voit que les stations de ski n’ont pas pu rouvrir, je ne vois pas comment nous, petits clubs de rugby, pourrions reprendre la compétition. Peut-être que nos joueurs ont encore un peu d’espoir mais en tant que dirigeant, je me suis fait à cette idée. En revanche, j’espère que si les conditions sanitaires le permettent (je pense notamment à l’ouverture des buvettes parce qu’il y a là un vrai manque au niveau social), la FFR nous autorisera à reprendre le vrai rugby sous la forme de challenges, de tournois, à 10, à VII, que sais-je…

Mais on a besoin de retrouver notre sport et une petite émulation en vue de la saison prochaine. Pour vous donner un exemple, notre club a engagé depuis deux ans des moins de 18 ans nationaux. On va donc se retrouver avec une grosse quinzaine de gamins qui vont devoir passer en senior, pour jouer en Fédérale 3, après voir été privés de leurs deux saisons de juniors… En termes de licences, on craint une perte énorme à ce niveau-là. C’est pourquoi j’espère que la Fédération pourra nous pondre en urgence des petites compétitions pour terminer la saison, en seniors mais aussi pour les juniors et cadets, sans oublier les écoles de rugby à qui on souhaite de pouvoir jouer des tournois très rapidement."

Didier Valade, président de Cahors (Fédérale 2, Occitanie)

"L’accepter ? On n’a pas trop le choix. Aujourd’hui on ne s’entraîne plus ou dans de mauvaises conditions. C’est un sport où il y a beaucoup de contacts et où la préparation physique est primordiale. Reprendre dans les conditions telles qu’elles sont actuellement, c’est utopiste. La santé des joueurs et des spectateurs est primordiale et, aujourd’hui, on ne peut pas reprendre. On avait un bon groupe et nous voulions jouer les premiers rôles en Fédérale 2 mais maintenant, il y a d’autres priorités que le sport. Comment sortirons-nous de cette crise, c’est la grande question.

Ça va être compliqué, il va y avoir de gros dégâts avec des baisses de licenciés mais aussi de bénévoles. Après, il faut rester positif. J’y crois encore mais en l’état, je suis sans espoir. Nous sommes début février, c’est mort ! Nous avons seulement disputé quatre matchs, c’est totalement impossible de penser à une reprise. Il vaut mieux travailler sur le calendrier de l’année prochaine, que l’on débatte. On ressortira tous différents de cette crise. Il faut en tirer profit même si aujourd’hui, ça paraît très compliqué".

Frédéric Jardé, entraîneur de Maison-Laffitte-Saint-Germain-en-Laye Poissy (Fédérale 3, Ile-de-France)

"Si saison blanche il devait y avoir, on ne pourra pas faire autrement. Mais ce serait bien d’être prévenu au plus tôt pour qu’on puisse préparer le futur. À un moment donné, il faut bien repartir un jour. Si ce n’est pas cette année ou sous une autre forme, peu importe mais qu’on ait des directives.

Si le championnat s’arrête, il nous faut une perspective, une date, ne serait-ce que pour les joueurs. L’idée de faire une Coupe, au niveau régional ou départemental, c’est pour que les joueurs ne soient pas inactifs. Nous sommes un peu dans l’inconnue mais on reste toujours en alerte, avec les entraînements, et on espère avoir quelque chose mais cela reste compliqué. Il reste un paquet de matchs en retard donc je ne sais pas comment ils vont gérer ça. Si le championnat doit ne pas se finir, ce serait bien d’organiser tout de même de vraies rencontres. Qui dit rencontre dit séances adaptées et moins ficelées avec le protocole sanitaire. Retrouvons du rugby !"

Jacky Lecuivre, Président d’Aix Université Club (Fédérale 3)

"Nous nous sommes concertés avec les entraîneurs de l’équipe première et notre réponse est plutôt non : nous ne sommes pas favorables à une saison sans montée ni descente. Bien sûr, derrière cette question abrupte, il faut remettre en perspective le contexte qui est très délicat et nous en sommes parfaitement conscients. Seulement, je pense que l’on peut trouver des solutions, des formules, des formats pour mener à bien ce championnat écourté. Nous avons tout de même disputé six à sept matchs de la phase régulière et des tendances fortes se dessinent entre les équipes qui sont performantes et les autres qui le sont moins. Nous avons donc des classements, sur lesquels on peut s’appuyer pour, éventuellement, prendre les six premières équipes de chaque poule de douze pour disputer une phase finale en matchs secs. Ce n’est qu’une option, il y en a certainement d’autres. Mais de là à sacrifier entièrement une saison, cela ne nous paraît pas acceptable.

Même si nous sommes amateurs, nos joueurs sont des compétiteurs et se sont entraînés dur pour être performants, ils ont travaillé pour cela. Par ailleurs, nous avons le sentiment de disposer d’une équipe pour jouer la montée en Fédérale 2. Cette montée nous échappe depuis quatre saisons maintenant. Nous avons toujours trébuché sur la dernière marche, en perdant contre des équipes qui se sont depuis durablement installées dans les divisions supérieures. Nous avons eu la chance de nous voir renforcés par des joueurs venant de Provence Rugby et qui souhaitaient vivre une dernière aventure avec nous. Donc, vous comprendrez bien que nous ne pouvons être favorables à cette option de saison blanche. Si la décision est prise, nous nous y conformerons mais pour répondre à votre question, c’est non."

Pascal Lebaupin, président d'Haguenau (Fédérale 3, Grand-Est)

"À l’arrêt du championnat, nous étions premiers (poule 3) donc c’est dommage si on ne peut plus jouer la montée. Après, nous avions eu la chance de pouvoir jouer nos six matchs depuis le début de saison alors que d’autres n’ont pu le faire que trois fois. Donc c’est vrai que c’est inéquitable… Honnêtement, je ne sais pas si on va pouvoir reprendre et si on le fait, il faudra plusieurs semaines de réathlétisation. Alors, on peut au moins se fixer comme mission de rétribuer les clubs bien placés par un système de péréquation qui servirait au lancement de la prochaine saison. Ainsi, ils partiraient avec une petite avance de points pour compenser le fait qu’il n’y ait pas de montée cette année.

Pour la saison prochaine, je reste confiant. Notre groupe seniors est soudé et solidaire et il n’y aura que très peu de joueurs qui arrêteront. Aux entraînements, que ce soit chez les jeunes ou les adultes, il y a encore beaucoup de monde. On se tient prêt au cas où et on entretient la flamme. Car si la FFR n’organise rien à son niveau, on se rapprochera des clubs alentour pour organiser des mini-tournois ou des matchs amicaux. Ça permettra de faire revenir du monde au stade et de relancer aussi la buvette. Enfin, j’espère que la FFR fera un geste, comme elle l’a fait cette saison, notamment avec une réduction du prix des licences."

Fabien Le Mouellic, président de Grandchamp (Honneur, Bretagne) et du Comité départemental du Morbihan

"Je suis surtout favorable, au vu de la saison que l’on vit, à reprendre le jeu ! C’est la priorité. Au moins de reprendre avec des petits plateaux avec des clubs voisins, comme ça se fait habituellement pour les écoles de rugby. Après, pour l’histoire des montées-descentes, sportivement, ce serait bien que l’on puisse valoriser les meilleures équipes et que l’on ait un championnat qui ressemble à un vrai championnat. Que l’on aille au moins au bout de la phase aller et que l’on joue ensuite des play-off ou des compétitions régionales au lieu de la phase retour. Mais si la FFR décidait d’une saison blanche, ce ne me choquerait pas pour autant. Mais si c’est pour sauver des clubs comme Agen, qui ne sont pas du tout au niveau de leur compétition, ce n’est pas bon non plus.

Ce qui m’inquiète le plus, c’est de ne pas reprendre les matchs, que ce soit sous forme de mini-championnat ou de matchs amicaux. Pour fidéliser les joueurs, la compétition est importante. Autant je suis confiant pour l’école de rugby - on a même récupéré en janvier des gamins privés de leur sport collectif en salle - autant pour les juniors et seniors, je suis davantage inquiet sur la motivation des joueurs à reprendre une licence.

En Bretagne, pour faire du rugby, il faut parfois faire trente minutes de route. Alors, certains se disent que si c’est pour faire une heure et demie de rugby à toucher ou de physique, autant aller faire un footing autour de chez soi. Du coup, il y a une vingtaine de joueurs qui font l’effort de venir le dimanche matin sur la soixantaine de seniors. Rien ne remplace la compétition.

En tant qu’élu à la ligue de Bretagne, on a évoqué l’idée, si les championnats ne pouvaient pas aller à leur terme, d’organiser des tournois à VII ou même une Coupe de Bretagne avec un niveau Honneur-Promotion Honneur et un niveau Séries. On espère que la FFR nous autorisera à prolonger la saison jusqu’à mi-juillet."

Olivier Lenormant, président de Beauvais (Fédérale 1, Hauts-de-France)

"Aujourd’hui, je ne vois pas comment on pourrait faire autrement que de prononcer une saison blanche, sans montée, ni descente. Avec tout ce qui s’est passé, la saison sportive ne veut plus dire grand-chose. Il n’y aurait aucune logique sportive à acter des montées et des descentes. Mais à côté de ça, il est impératif que l’on crée une compétition pour la fin de saison, quelle qu’elle soit.

Le plus important, c’est vraiment que l’on puisse rejouer, que l’on puisse reprendre du plaisir, recréer du lien, donner à nos joueurs, à nos entraîneurs et à nos bénévoles l’opportunité de renouer avec le club. Plus nous reprendrons tardivement le chemin du stade et de la compétition, plus nous aurons du mal à reprendre une activité normale et nous perdrons des licenciés, sachant que rien n’indique qu’on ne vivra pas la même chose l’an prochain. Et puis, vis-à-vis de nos partenaires, on ne peut pas se permettre de terminer une saison sans rien avoir à leur proposer. Autant terminer avec une nouvelle compétition. L’idée d’un format avec des poules de six clubs, idéalement par zone géographique, pour répondre aux conditions sanitaires, est apparue dans les discussions. Pourquoi pas ?"

Vincent Jugie, Coprésident de Saint-Germain-les-Belles (Régional 3, Nouvelle-Aquitaine)

"On acceptera volontiers la décision de la Fédération. Il faut bien rappeler que ce n’est la faute de personne. Le rugby amateur passe après la vie humaine, c’est normal. Concernant cette saison, je pense qu’elle est morte. On se l’est déjà mis en tête. Tous les sports sont dans la même situation. Le basket et le hand devraient annoncer aussi des saisons blanches. De notre côté, nous avions joué seulement cinq matchs. Cinq ou six matchs disputés par équipe, ce n’est pas assez représentatif pour acter des montées ou des descentes. Mais la question est surtout : quand le rugby amateur va-t-il reprendre ? Et comment ? C’est le plus gros point d’interrogation. Je doute qu’on reprenne avant septembre… Alors oui, il faut reprendre le plus tôt possible pour éviter de perdre trop de joueurs mais dans quelles conditions… Cela va faire quasiment deux ans sans rugby pour certains, il faut bien s’en rendre compte !"

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