Dans les coulisses du recrutement des Rochelais, rois des bonnes pioches

Voilà deux semaines, Midi Olympique dévoilait son traditionnel classement des tops et flops du recrutement. Pour les bonnes pioches, La Rochelle plaçait deux hommes parmi les cinq premiers : Brice Dulin deuxième et Dillyn Leyds quatrième. Un duo qui symbolise l’intersaison réussie du club maritime, dauphin du Stade toulousain avec trois points mais aussi un match de retard. Chacun à leur échelle, ils étaient des paris, gagnants en tous points. Dulin, sur le déclin au Racing 92 malgré un excellent début d’année 2020, avait besoin de se relancer et en a profité pour retrouver les Bleus. Leyds, Springbok aux dix sélections entre 2017 et 2019 ou aux 21 essais en 74 matchs de Super Rugby, était trop méconnu dans l’hémisphère Nord et s’est rapidement imposé comme un des meilleurs attaquants du Top 14.

Raymond Rhule, autre trois-quarts international sud-africain (7 sélections) dont le passage à Grenoble fut très mitigé, faisait également office de coup de poker. Encore gagnant. Aussi, le surdimensionné Will Skelton pouvait prétendre à figurer dans le classement, tant il est colossal depuis l’été. Mais il y a moins de surprise. Le Wallaby, ancienne poutre des Saracens, est une référence mondiale à son poste et se montre digne de son CV. Toujours est-il que son cas est intéressant pour analyser l’évolution du recrutement rochelais ces récentes années. Sous l’ère Patrice Collazo, la passerelle du Pro D2 avait été privilégiée et, malgré quelques ratés comme il y en a partout quand un joueur ne franchit pas le cap, cette stratégie avait largement porté ses fruits. Vincent Rattez et Gabriel Lacroix, passés de Narbonne et Albi au XV de France, en sont les plus beaux exemples. Mais depuis novembre 2018 et l’arrivée aux commandes de Jono Gibbes, le virage est total et la politique différente, sans que cela n’altère son efficacité.

Ressources internes et besoins ciblés

Sous l’influence de Gibbes et O’Gara, et peut-être surtout de Robert Mohr qui a été débauché au Stade français, l’accent est mis sur le centre de formation. Volonté affichée du président Vincent Merling et du directeur général Pierre Venayre. Ainsi, la priorité est de faire progresser les jeunes talents jusqu’à l’équipe première, comme avec Tanguy, Berjon, Lavault, Favre, Leroux, Aouf ou Alonso Munoz récemment. Au-delà, les dirigeants n’hésitent pas à faire revenir des garçons passés par Marcel-Deflandre mais qui ont eu besoin d’aller s’aguerrir ailleurs, tel Jules Le Bail de retour cette saison après trois ans à Vannes en Pro D2. Une logique qui se poursuivra lors du prochain exercice puisque Rémi Picquette et Pierre Popelin, deux autres Vannetais formés à La Rochelle et qui brillent à l’échelon inférieur, ont déjà signé.

Pour en revenir à Skelton, le staff avait identifié le manque en deuxième ligne d’un gros pousseur et porteur de ballon depuis le départ de Jone Qovu. Personne ne répondant à ce profil parmi les ressources internes, les moyens ont été mis pour attirer un joueur d’une telle dimension. La logique est la même pour le trois-quarts centre Jonathan Danty, qui débarquera à l’été 2021, quand Pierre Aguillon et Geoffrey Doumayrou, en fin de contrat, quitteront le club. Danty qui viendra enrichir la filière parisienne qui a déjà été bien explorée (Doumayrou, Sinzelle, Plisson, Priso, Herrera).