Le Top 14 met l’EPCR sous pression

La Coupe d’Europe édition 2020-2021 va aborder un tournant décisif pour son avenir, ce lundi.Après l’annonce par l’Aviron bayonnais de la contamination à la souche dite « anglaise » du coronavirus, à la suite de son match face à Leicester en décembre, la commission médicale de la LNRva rencontrer les dirigeants de l’EPCRpour leur demander de revoir leur protocole de dépistage de la Covid-19.

La réunion est prévue en début d’après-midi. Bernard Dusfour, le président de la commission médicale de la LNR, pose le décor de cette entrevue : « Il devient nécessaire que l’EPCR renforce son dispositif.Il n’est pas adapté.On se doutait que ça allait mal finir. Nous avions prévenu dès septembre cette instance en présentant notre propre processus. Mais on ne nous avait pas écoutés. Aujourd’hui, nous ne pouvons que déplorer la légèreté de ce protocole. Tous les clubs de Top 14 ont signé un courrier, ce week-end, pour soutenir cette position. Je les en remercie. Cela permet de renforcer et d’appuyer notre demande. »

« Situation extrêmement difficile »

Quelle peut être la suite des événements?L’hypothèse extrême d’un retrait de la compétition de la part des clubs français est-elle envisageable? Dans les conditions actuelles, plusieurs d’entre eux pourraient être amenés à déclarer forfait pour éviter des contagions, comme Bayonne (voir ci-contre). L’EPCRse retrouve en tout cas au pied du mur, contrainte de réagir en urgence après avoir déjà été épinglé pour sa gestion du contexte sanitaire par le RCT, après le forfait des Toulonnais au pays de Galles en raison de plusieurs cas présumés. « La décision finale ne m’appartient pas, évoque Bernard Dusfour.Mais je ne vois pas comment les dirigeants de l’EPCRpourraient faire autrement que de revoir leur dispositif.La balle est dans leur camp en tout cas. »

Si l’on ajoute à cette épineuse question « la situation extrêmement difficile » outre-Manche, avec six jours consécutifs au-delà de la barre des 50000 cas de Covid-19, la Coupe d’Europe 2020-2021 n’a jamais paru aussi menacée qu’en ce début de semaine alors qu’elle est censée reprendre la semaine prochaine.

À Bayonne, « on dépasse le cadre du rugby, c’est de la santé publique »

Touché par la souche « anglaise » de la Covid-19, Bayonne doit se résoudre à fermer son club jusqu’au 6janvier. « Là, on dépasse le cadre du rugby, c’est de la santé publique », souligne Bernard Dusfour. Le match contre Toulon, prévu le 8 janvier, ne devrait pas avoir lieu. L’Aviron a aussi d’ores et déjà annoncé qu’il ne disputerait vraisemblablement pas les deux derniers matchs de la Challenge Cup.

Extraits choisis du communiqué : « Le samedi 26 décembre dernier, les joueurs et le staff de l’Aviron bayonnais Rugby Pro étaient soumis à une nouvelle série de tests qui a révélé sept cas positifs à la Covid-19. […]. À la suite de la détection de deux nouveaux cas suite aux tests effectués le jeudi 31 décembre, (…), le club s’est vu contraint de prolonger sa fermeture jusqu’au jeudi 6 janvier. Si les derniers tests en date, effectués ce samedi matin, n’ont détecté aucun cas positif à la Covid-19 dans l’effectif, le club a toutefois eu la confirmation hier matin qu’il s’agissait bel et bien de la souche dite « anglaise » du virus. […] Une nouvelle fois, l’Aviron bayonnais Rugby Pro déplore cette situation qui a déjà entraîné le report de deux rencontres de Top 14 et qui compromet grandement la tenue de la rencontre face à Toulon prévue le vendredi 8 janvier, mais aussi la suite de sa saison sportive. Dans l’état actuel des choses, le club ne disputera pas les deux rencontres de Challenge Cup prévues les vendredis 15 et 22 janvier face à Leicester puis au Zebre Rugby. Il ne reprendra la compétition qu’après une interruption d’un mois et demi, à l’occasion de la réception du SU Agen le week-end du 30 janvier. »

Invité de Stade 2 dimanche, le président Philippe Tayeb a fait part de son dépit : « Si l’on avait appliqué le protocole du Top 14, peut-être que l’on aurait été épargné. C’est une situation catastrophique. On a été très prudents pendant sept mois et l’on a été infecté par une équipe venue sur notre sol. Dans l’état actuel du protocole, il est hors de question d’aller àLeicester et de recevoir les Zebre.Je ne prendrai pas ce risque. »