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Entraîneur, un métier toujours plus fragile

  • Nicolas Godignon de Pau
    Nicolas Godignon de Pau Icon Sport - Icon Sport
  • Marc Dal Maso
    Marc Dal Maso Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Depuis plusieurs années, la situation des techniciens semble de plus en plus précaire. la tendance se vérifie encore ces derniers mois avec de nombreux remaniements de staffs en cours de saison.

"Il faut être conscient qu’un seul match peut tout remettre en cause, que l’on sera jugé hebdomadairement et que le très court terme pèse de tout son poids sur nos responsabilités." C’est Serge Milhas, ex-entraîneur de Colomiers, La Rochelle, Biarritz, Castres ou Albi, qui évoquait, en 2017, la situation pour le moins instable des entraîneurs. D’évidence, même s’il faut éviter les généralisations d’un club ou d’un président à l’autre, celle-ci semble plus précaire que jamais.

Bien sûr, les techniciens sont prévenus et connaissent les risques lorsqu’ils acceptent un poste, mais cela n’empêche pas de constater que la tendance ne fait que se confirmer, sinon s’aggraver. En 2016, Alain Gaillard, ancien président du syndicat des entraîneurs (Tech XV) qui vient de passer le relais à Didier Nourault, nous indiquait : "Nous avons affiné les statistiques pour déterminer les périodes les plus sensibles. En Top 14, c’est novembre-décembre et mars-avril qui sont les plus dangereuses pour les entraîneurs. En Pro D2, c’est plutôt janvier-février et mars-avril."

Quatre ans après, la donnée s’est vérifiée dans l’élite : Christophe Laussucq et Rémy Vaquin ont été écartés à Agen le 1er novembre, Pierre-Philippe Lafond à Montpellier le 16 novembre, Nicolas Godignon et Frédéric Manca à Pau le 9 décembre. Jalil Narjissi, encore à Agen, a quitté son poste le 14 décembre invoquant des "raisons professionnelles", un mois après son arrivée… Enfin, dans une autre mesure, Marc Dal Maso s’est mis en retrait à Brive le 24 novembre pour "raisons médicales". Les mouvements ont donc été nombreux. S’ajoutent les évictions d’Adrien Buonanoto et André Bester à Soyaux-Angoulême, ou encore celle de Christophe Hamacek à Rouen, en Pro D2, où les premiers changements ont donc eu lieu assez tôt.

Le fusible idéal

Voilà qui montre à quel point les coachs sont souvent assis sur un siège éjectable en France. Plus qu’en Angleterre par exemple, où la pression est culturellement moins forte sur eux en cas de défaite et où les clubs attendent généralement l’intersaison pour procéder à des remaniements. Comment l’expliquer ? Déjà par la nature de nos championnats, lesquels, entre courses aux maintiens ou aux qualifications, sont sources de tension presque permanente. "Il faut un caractère très souple car les présidents sont de plus en plus "forts" et parlent entre eux, notait Gaillard en 2019. Ils échangent des informations sur les techniciens. Avant, les présidents toléraient davantage les entraîneurs à fort caractère. Ils ne les craignaient pas."

Mais, quand il s’agit de créer un électrochoc, il est toujours plus facile de se séparer d’un homme que d’un effectif. Pourtant, les études menées par Tech XV ces dernières années prouvent que, dans plus de 60 % des cas, les équipes ne progressent pas au classement après une modification partielle ou totale d’un staff. Se pose aussi la question de l’avenir du technicien, dont le crédit est entamé. "On peut très vite être oublié, assurait Gaillard. Je pense qu’il y a un seuil, le deuxième limogeage. Si on perd un emploi, puis un second assez vite, on se rend compte qu’on a vraiment du mal à retrouver quelque chose derrière. Un déclic se produit, même pour ceux qui ont la meilleure réputation."

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