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Affaire des commotions : les Français vont-ils suivre ?

  • Robins Tchale-Watchou, le président  de Provale ne croit pas à une extension  de l’action menée par les anciens joueurs anglais et gallois en France.
    Robins Tchale-Watchou, le président de Provale ne croit pas à une extension de l’action menée par les anciens joueurs anglais et gallois en France. Manuel Blondeau / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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C’est une onde de choc qui a secoué le rugby mondial, avec cette plainte portée contre World Rugby et les Fédérations anglaise et galloise par un collectif de cent joueurs, dont le champion du monde 2003 Steve Thompson et l’ancien international gallois Alix Popham, dénonçant la pathologie angoissante de « démence ». De là à imaginer une action similaire en France ? pas pour l’instant, semblerait-il...

Il y eut d’abord cette information, brute et brutale, qui fit l’effet d’une petite bombe mardi, lorsqu’on apprit qu’une action en justice allait être intentée par un groupe de plus de cent joueurs, principalement anglais et gallois, contre World Rugby, la Fédération anglaise et la Fédération galloise de rugby. Totale Surprise ? Pas tout à fait à en croire le président de Provale Robins Tchalé-Watchou.

« Pour être tout à fait transparent, en tant que membre exécutif du syndicat international des joueurs, nous étions officieusement au courant que ce projet de plainte commune était en gestation, par l’entremise de bruits de couloir. Mais par exemple, le RPA (syndicat des joueurs anglais, N.D.L.R.) n’a pas souhaité s’y joindre, pour la raison qu’on ne peut pas en même temps travailler avec des instances pour essayer d’améliorer le système et parallèlement attaquer ce système. Ce ne serait pas cohérent.  » Cette attaque ? Elle concerne évidemment les séquelles avec lesquelles vivent aujourd’hui ces joueurs ayant rangé les crampons (parmi lesquels plusieurs internationaux), qu’ils estiment dues à des commotions répétées pendant leur carrière. Une action tout sauf neutre, évidemment, puisqu’elle rappelle ce recours collectif organisé par plus de 4500 joueurs de football américain contre la NFL en 2012, qui avait conduit cette dernière à les indemniser à hauteur d’un milliard de dollars… De quoi poser la question de la réelle intention de la démarche des plaignants ?

« Il y a à mon sens un distinguo très important à apporter, tranche Tchalé-Watchou. Quand un joueur a le courage de témoigner des séquelles qu’il traîne des années après avoir joué dans des conditions dont on sait, des années après, qu’il n’aurait jamais dû, il y a en premier lieu une souffrance humaine dont il faut tenir compte. Il ne faut pas tirer à boulets rouges sur ces gens-là, ni verser dans une campagne de décrédibilisation de leur démarche. Nous avons la chance de vivre dans des pays de droit, et c’est aux juges de déterminer ou non si leur requête est fondée. Nous, on ne peut qu’avoir l’intelligence du cœur de les écouter, sans les juger, pas plus qu’on ne doit juger hâtivement des staffs qui ont fait avec le niveau d’information dont ils disposaient à l’époque.  »
 

« Oui, des joueurs souffrent de pathologies de démence en France »

En conséquence ? Pour l’heure, le rugby français observe la situation de loin, aucun joueur n’ayant pris part à ce collectif de joueurs britanniques… Pour l’instant. « Si la question est : « y a-t-il en France des joueurs qui ont subi des commotions et souffrent de pathologies similaires à celles de « démence  » décrites par les Britanniques ?  », la réponse est oui, pointe Tchalé-Watchou. C’est une réalité. Il n’y a même pas une dizaine de jours, nous avons dû gérer le cas d’un joueur qui donnait de gros signes d’inquiétude… Mais si la question est « peut-on voir un collectif de joueurs Français entamer une même démarche ?  », pas à ma connaissance. Et si cela doit avoir lieu, il s’agit de leur liberté individuelle, comme certains l’ont déjà fait (à l’instar de Jamie Cudmore ou plus récemment du Chambérien Quentin Garcia, N.D.L.R.).  »

Le constat effectué par Provale étant tout simplement que des mesures concrètes ont été apportées ces dernières saisons, dont il est encore trop tôt pour mesurer les effets réels, avant de proclamer de nouvelles revendications. « On n’a pas encore assez de recul pour savoir si les protocoles que nous avons mis en place suffisent à une meilleure prévention, on en saura beaucoup plus d’ici cinq ou six ans, pointe Tchalé-Watchou, qui prend ce sujet d’autant plus à cœur qu’il a été lui-même personnellement (très) touché. La seule urgence, c’est de tenir compte des drames humains qui se jouent. Des tragédies peuvent arriver, et notre premier rôle consiste à accompagner ces hommes et ces femmes de notre mieux, plutôt que d’adopter une attitude conflictuelle qui serait probablement contre-productive. » La réponse logique à l’attaque demeurant la défense, généralement moins propice à l’écoute et à l’empathie…

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