Matière grise

  • France huddle in the warm up before the Autumn Nations Cup match at Twickenham Stadium, Twickenham
Picture by Daniel Murphy/Focus Images Ltd 07432 188161
06/12/2020 
By Icon Sport - --- - Twickenham - Londres (Angleterre)
    France huddle in the warm up before the Autumn Nations Cup match at Twickenham Stadium, Twickenham Picture by Daniel Murphy/Focus Images Ltd 07432 188161 06/12/2020 By Icon Sport - --- - Twickenham - Londres (Angleterre) Focus Images / Icon Sport - Focus Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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La planète regorge de bons joueurs, même de grands joueurs. Des mecs talentueux, surclassés depuis les catégories de jeunes, passés par toutes les sélections successives jusqu’au plus haut niveau et, parfois, des internationaux à succès. Des joueurs dont on empile les stats pour (se) prouver qu’ils sont exceptionnels avant d’en faire des vidéos Youtube, pour compiler leurs plus beaux gestes, une passe sur le pas, un cadrage-débordement ou un plaquage qui vous décroche la cage thoracique.

Ces talents, on en trouverait une bonne vingtaine dans une bonne dizaine de pays. Qui marquent ponctuellement un match, une saison, parfois deux. Combien sont-ils à marquer l’histoire de leur sport ? Peu nombreux, assurément.

Ce qui différencie un bon joueur d’un joueur de légende, aucune statistique ne l’exprime. Rien de franchement rationnel, en fait. Mais c’est constant, pour ceux qui ont pu les approcher : les joueurs de légende sont, toujours ou presque, des gens supérieurement intelligents. L’écart se creuse sur ce supplément de matière grise et c’est finalement une bien belle nouvelle pour ce sport, qui se réclame complexe et un rien élitiste.

Dan Carter, donc, qui nous accorde ici un long entretien dans le cadre des 67es Oscars Midi Olympique, est évidemment de cette trempe. Un immense joueur, parmi les plus grands de l’histoire de son sport. Il n’est certainement pas irréprochable et n’a jamais revendiqué ce rôle de modèle sociétal, qu’on réclame injustement aux sportifs professionnels. Quand on lui soumet l’idée du « gendre idéal » que l’exercice marketing lui a accroché, il s’esclaffe et sous-entend tout l’inverse. C’est finalement tout à son honneur.

Mais Carter, s’il est Carter, ne le doit ni à son pied gauche, ni à un physique finalement assez commun. Le travail qu’il s’est imposé au long de sa carrière, d’autres l’ont consenti sans y trouver les mêmes lauriers. Pour Carter comme pour d’autres, les Wilkinson, Dusautoir, Parisse, O’Driscoll ou McCaw pour les plus récents, c’est dans la tronche que le plus important se passe.

Carter était celui qui restait froid dans les moments les plus chauds. Celui qui lisait plus vite que les autres, comprenait avant les autres et trouvait toujours la bonne réponse aux problèmes qui lui étaient opposés. C’est ici que naît une légende.

La passerelle est facile avec le XV de France, qui nous a enthousiasmés tout l’automne et dont on attend impatiemment le retour, en février prochain. Cette équipe recèle de pléthore de talents et grandit avec le rêve de gagner 2023. Sur sa première année, elle est certainement en avance sur son calendrier de construction vers cet objectif ultime.

Il faudra, désormais, qu’en émergent des joueurs armés pour entrer à la postérité. Des futures légendes. Toutes les équipes championnes du monde en ont compté, dans leurs rangs. Et les lois de la nature sont strictes à ce sujet : en rugby et contrairement à l’idée facilement diffusée, ce n’est pas le plus fort qui triomphe. C’est le plus intelligent.

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