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Ces Bleus savent aussi gagner moche !

  • Virimi Vakatawa (France) contre l'Écosse
    Virimi Vakatawa (France) contre l'Écosse Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Sérieux mais timides, plus disciplinés qu'à l'habitude mais peu emballants, les coéquipiers de Charles Ollivon ont néanmoins signé à Murrayfield leur sixième victoire en sept matchs, en cette sinistre année 2020. Ça se fête !

Cette fois, l'effet de surprise ne jouait plus. En terre hostile, hein ? C'est en tout cas ce qu'avait promis Stuart Hogg, dissimulant maladroitement sa déclaration de guerre sous la douceur d'une caresse : « La France est en ce moment l'une des meilleures équipes au monde, jurait donc le capitaine écossais quelques heures avant le coup d'envoi. Mais franchement : aviez-vous déjà vu des Français aussi secoués que la dernière fois où ils ont visité Murraydield ? Ce jour-là, nous les avions combattus, regardés dans les yeux et réduits au silence. Pour nous, le plan de route sera donc le même ». Passée la guerre, Hogg n'avait pas menti et, de toute évidence, les Ecossais s'étaient une nouvelle fois chargés au Synthol avant de fouler ce stade vide de gens, pour ne pas dire vide de sens, tout court : agressifs sur les zones d'affrontement, efficaces en conquête directe, forts à l'impact, coffrant les Bleus debout et bien menés par ces deux chiens fous que sont Johnny Gray et Hamish Watson, les Celtes ont une nouvelle fois joué à la « castraise », puisque c'est ainsi qu'on qualifie ce style de jeu, à l'intérieur de nos frontières. Un rien barbant, vous dîtes ? A ce point poussif qu'on était tous rendu, au fil d'une heure de jeu, à s'interroger sans relâche sur la coupe de cheveux de Duncan Weir, le demi d'ouverture d'en-face : naturelle ou permanentée ? Seyante ou ridicule ? Au bout du bout, on nous souffla que le style capillaire du meneur de jeu écossais, troisième choix de Gregor Townsend derrière les blessés Finn Russell et Adam Hastings, était juste le fruit d'une juste cause, soit une collecte de fonds destinée à des enfants malades. Bien, bien...

De la troisième victoire consécutive du XV de France, la sixième en sept matchs cette année, on retiendra donc plusieurs choses. D'abord, la bleusaille de Galthié, louée ici et là pour son « insouciance » et son « french flair », sait aussi « gagner moche ». Et au risque de passer pour des pisse-vinaigre, on regrettera quelque peu que les coéquipiers de Charles Ollivon, à ce point mis en garde par leur staff sur leur indiscipline chronique avant la rencontre, s'en soient ce dimanche tenus à la stratégie du risque zéro, se refusant à jouer les ballons au-delà des trente mètres adverses. Dans un second temps, il faut à présent reconnaître que ces Bleus, si à l'aise dans le désordre, savent aussi marquer des essais sur des lancements dits « classiques » : pour la deuxième fois depuis la prise de pouvoir de Fabien Galthié, le XV de France a donc aplati un essai sur une première main après que Vincent Rattez ait pris l'intervalle derrière un alignement victorieux et offert à Virimi Vakatawa le dixième essai de sa carrière internationale. Finalement, on conservera de ce succès en Ecosse, le premier depuis six ans, qu'il promet quasiment aux hommes de Fabien Galhié une finale dans cette Coupe d'Automne, le 5 décembre prochain face au XV de la Rose, à Twickenham.

Jalibert et « Tao » : le doute subsiste encore

On ne s'emballe pas, non. On imagine juste cette squadra azzura, prochain adversaire des Bleus dans la compétition, à ce point fragile que l'équipe de France peut remporter cette « demi-finale » à Saint-Denis quand bien même elle sera ce week-end privée de Virimi Vakatawa, Grégory Alldritt, Antoine Dupont, Gaël Fickou ou Bernard Le Roux, trois feuilles de match en cinq semaines et, selon les textes, désormais considérés comme hors-course par la nomenklatura du rugby français. On le savait au moment de signer, certes. Ne nous empêchez pas cependant, dans une mauvaise foi assumée, de maudire ce système hexagonal -atypique, bivalent mais obsolète- qui privera théoriquement les rugbyphiles de toute l'Europe d'un Crunch grandeur nature, d'un choc que les Bleus joueront sur une jambe et privés de leurs meilleurs éléments...

Pardon ? On est à ce point focalisé sur la fête à venir qu'on en oublie de dire qu'en Ecosse, ce diable de Galthié a offert un nouveau succès à sa génération dorée ? C'est vrai et à ce titre, la victoire certes constipée de Murrayfield eut le mérite de confirmer ce qu'il se racontait jusqu'ici, au sujet des « finisseurs » tricolores. A Edimbourg, le grand « Tao », bien qu'important en mêlée fermée, a raté quelques plaquages, échappé un ballon au contact et finalement souffert de la comparaison avec Paul Willemse. Matthieu Jalibert, certes auteur d'un drop pour le moins utile, semble sous le maillot bleu habité par une frousse qui lui est étrangère, dès lors qu'il porte la tunique de l'Union Bordeaux-Bègles. Mais nom de Dieu : lâche toi, gamin ! Cours, porte et joue au rugby comme si c'était la dernière fois, au risque que celle-ci survienne plus tôt que prévu ! Et quoi ? Prenez Camille Chat, par exemple : a-t-il douté un seul instant, au moment de remplir les bottes de sept lieues qui reviennent habituellement à Julien Marchand ? On vous épargnera ici une réponse fadasse et, plutôt que d'enfiler les évidences au sujet du gros matou du Racing, on retiendra finalement qu'il n'est probablement pas de job plus ingrat, dans le petit monde du rugby pro, que celui de troisième talonneur en équipe de France...

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