Des soucis et des hommes

  • Bernard Laporte et Serge Simon lors du meeting à Montpellier
    Bernard Laporte et Serge Simon lors du meeting à Montpellier Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... C’était une blague, une « punchline » comme disent les anglophones, une ligne de rire entrée à la postérité du cinéma français. Gérard Darmon, sourire plus blanc que blanc et grain de peau plus carotte que bronze, jouait les commissaires dans le légendaire film des Nuls, La cité de la peur. Face aux journalistes, il répétait en boucle, comme seule réponse à toutes les questions, même les plus loufoques : « Écoutez, laissez la police faire son travail. Dès que j’aurais de plus amples informations, croyez bien que vous en serez les premiers informés. »

Cette sentence raisonne sans son hilarité, depuis le début de la semaine dans le rugby français. La police a fait son travail, depuis bientôt trois ans. Les informations ont bien été distillées, au compte-gouttes. Laporte, Altrad et trois de leurs plus proches ont été entendus pendant près de 35 heures, dans les locaux de la Police judiciaire parisienne où les accueillait la très sérieuse BRDE (brigade de répression de la délinquance économique).

Pour l’heure, ils ne sont coupables de rien. Ils ne sont pas franchement blanchis non plus : le PNF, qui diligentait l’enquête, réserve sa décision quant à la suite à donner à ce dossier. Pas de certitude conclusive donc, qu’on se gardera bien de tirer en lieu et place des juges. Jusqu’à plus ample informé, la présomption d’innocence prévaut, en France. Une seule assertion, en ce qui nous concerne : l’épisode aura eu des effets ravageurs sur l’image du rugby français.

Ce n’est pas seulement l’idée d’un sport en prise avec la justice qui indigne. C’est la multiplicité de ses tensions internes, parfois exacerbées au rang de guerres politiques qui fait mal. Au cœur de la tempête, les uns accusent les autres de complot. Les autres, sourire en bouche, observent les uns se dépêtrer de la fange. Le sportif, on l’a trop souvent écrit ici, paraît tellement loin.

La période, tout de même, aura livré quelques enseignements sur les hommes et leur caractère. Moins de deux semaines avant la tenue des élections à la FFR, cette séquence affirme plus encore deux lignes stratégiques, corrélées à la personnalité de chaque candidat : Bernard Laporte, d’un côté. Offensif en temps normal, l’ancien sélectionneur s’est fait agressif sur la ligne d’avantage. En pleine garde à vue, il faisait paraître un communiqué avançant, entre autres, de tentative de putsch. C’est son obstination qui s’exprime ici : l’homme ne recule jamais sous la mitraille.

De l’autre côté, Florian Grill a choisi une ligne de discrétion. « Aucun commentaire », at-il poliment répondu à toutes les sollicitations à s’épancher. Avant d’évoquer ses meetings à venir et le message de fond qu’il souhaite y porter. Loin des affaires.

Grill prône la valeur travail, sur le terrain, comme argument de campagne. Laporte, jamais aussi mordant que lorsqu’il est attaqué, se défend encore par l’attaque. Le 3 octobre, au moins autant qu’à un choix de projet, c’est à ce choix d’homme que les présidents de club amateur seront confrontés. Avec une inconnue : dans quelle mesure cette semaine judiciaire influera sur les intentions de vote, notamment celles des indécis dont la portée sera décisive dans le résultat final.

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