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Laporte : « Je souhaite être jugé sur mes actes »

  • "Je souhaite être jugé sur mes actes"
    "Je souhaite être jugé sur mes actes"
Publié le Mis à jour
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L'actuel président de la FFR se présente à sa réélection à la tête de la Fédération Française de Rugby. Dans un entretien accordé à Midi Olympique il revient sur soin choix d'entrer en campagne pour un second mandat.

Pourquoi êtes-vous entré en campagne seulement maintenant ?

Je ne pouvais pas faillir devant mes responsabilités. Il y avait une fédération à gérer dans un moment délicat. Le pays est entré dans une phase de crise inédite depuis la mi-mars et l’impératif était de continuer à gouverner la FFR, soutenir les clubs amateurs et professionnels durant cette période. Une campagne, c’est quelque chose d’important certes mais je devais, il me semble, rester le plus longtemps possible à travailler à Marcoussis. J’avais aussi d’autres chantiers, notamment avec World Rugby et l’élaboration du futur calendrier international. J’ai peut-être pris du retard dans la campagne mais je n’ai pas à rougir de mon bilan, bien au contraire. D’ailleurs, et c’est la tradition, je vais venir à la rencontre des clubs dans les prochaines semaines, comme je le fais deux fois par semaine depuis que je suis élu, les écouter, mais aussi leur présenter mes actes et mes faits ou plutôt ceux de mon équipe. C’est là-dessus que je souhaite être jugé, sur mes actes, par sur ce qui peut s’écrire sur moi. Tout est sur la table.

Pourquoi alors ne pas avoir reporté les élections, comme le demandait l’opposition ?

Aujourd’hui dans le cadre qui est donné par le législateur, il n’y avait aucune obligation ni nécessité de décaler les élections. Le décret ministériel permet de reporter la date limite des élections des fédérations. C’était au 31 décembre et cela passe au 30 avril. Pourquoi ? Non pas en raison du temps de campagne, mais parce qu’il y a des fédérations comme celle du football, qui ont une organisation des élections pyramidale, qui part de la base jusqu’au sommet, en trois phases, et la première devait se tenir pendant le confinement et c’est pour cela que tout a été décalé chez eux. C’est pour cela que le législateur a permis ce décalage. Dans notre cas, le calendrier électoral voté il y a 18 mois, est prévu avec un scrutin le 3 octobre, puis il y aura les Ligues, puis les départements. Décaler les élections aurait de plus un surcoût non négligeable. La campagne a été certes traversée par la crise. Le CNOSF a rappelé que la FFR était dans son bon droit, le reste…

Et l’absence de débat avec le candidat Florian Grill ?

Je mène ma campagne comme je l’entends. Je rappelle juste, que sous ma mandature, pour la première fois, un cadre électoral a été adopté pour fixer les règles à suivre. J’entends le faire. J’ai fait le choix de faire une campagne d’un mois et demi et que durant ce laps de temps, je souhaite aller à la rencontre d’un maximum de clubs. Le juge de paix sera l’élection. De plus, le vote sera direct et sans aucune manipulation possible, sans porteur de voix, ce seront les clubs qui décideront, voteront et éliront le président de la fédération.

Vous avez choisi, sur votre liste, de conserver pas mal d’élus comme Alexandre Martinez, Christian Dullin ou encore Serge Simon. Pour quelles raisons ?

Parce qu’ils sont compétents, sont à mes côtés depuis le début, il y a près de cinq ans et que je ne vois pas pourquoi j’aurai dû m’en séparer.

Mais pas de Maurice Buzy-Pécheux, pourtant l’artisan de la nouvelle Division Nationale, pourquoi ?

C’est sa volonté personnelle et que je respecte même si je le regrette. La porte de la fédération lui sera toujours grande ouverte. C’est quelqu’un d’extraordinaire, qui représente parfaitement le rugby des terroirs. Il a abattu un travail colossal. Il a beaucoup donné.

Pourquoi postuler à un deuxième mandat ?

D’abord, et c’est important de le rappeler, je ne pourrai pas rester à la tête de la FFR, 10, 20 ou 30 ans. Nous avons limité à deux mandats, l’action du président. Donc, au maximum, ce sera huit ans pour moi. La bonne période pour bien faire les choses. Les quatre premières années, tu lances tes actions mais le travail n’est pas fini. Notamment l’organisation et l’héritage qui découlera de la Coupe du monde 2023. Il faut préparer ce qui va arriver. Ce deuxième mandat doit être le deuxième étage de la fusée. Je veux accentuer la politique de redistribution envers les clubs qui a été lancée, je veux travailler sur la proximité des services de Marcoussis avec les clubs, que les liens qui ont été créés grossissent.

Si vous deviez dresser le bilan de votre premier mandat, quelles sont les cinq mesures les plus fortes à retenir ?

D’abord, d’avoir rendu le pouvoir aux clubs et cela, on ne pourra plus revenir en arrière ! Cette démocratie directe est une vraie avancée. Ensuite d’avoir remis le XV de France dans l’axe, dans le sens de la marche. Cela n’a pas été facile, cela s’est fait dans la douleur, avec des décisions qui ont été difficiles à prendre, où je me suis posé pas mal de questions. Mais aujourd’hui, je tiens à souligner l’excellence du travail réalisé par Fabien Galthié et Raphaël Ibanez. Ils ont été plus vite que je ne le pensais. Je les félicite même si je sais que le chemin est encore long. L’ambition c’est d’être champion du monde à la maison en 2023 ! Les Bleus refont rêver les gosses depuis quelques mois. Troisième mesure, inverser la logique financière de la fédération. Lors des dernières années de l’ancienne présidence, ils ont accumulé des sommes incroyables. Pour financer le projet Grand Stade, il fallait que la fédération possède des fonds propres vertigineux, au travers d’une politique de taxation terrible envers les clubs. Et si jamais nous n’avions pas arrêté ce projet de Grand Stade, en 2020, la FFR aurait dû rembourser 56 millions d’euros d’emprunt bancaire ! Nous n’en parlons plus parce que nous l’avons arrêté dès que nous sommes arrivés au pouvoir mais on a frisé la catastrophe ! Cette folie dictée par la logique financière a été inversée. Oui, il faut équilibrer les comptes chaque année, mais redistribuons le plus possible aux clubs.

Oui mais votre bilan cette année va être déficitaire ?

Je ne dois pas en parler normalement, mais bon, nous allons présenter les comptes du budget annuel, avant les élections et non après, comme certains le prétendent, notamment lors du comité directeur du 4 septembre et ils seront bons. Au moins encore à l’équilibre, malgré la crise du Covid et ses conséquences. Mais laissez, s’il vous plaît, à Alexandre Martinez, la possibilité de vous révéler les détails après le prochain comité directeur. Je reviens à mon bilan. Quatrième mesure, les CTC, ou Cadre Technique de Club pour distiller la politique de formation partout en France. Personne n’y croyait et portant le dernier CDI, le 162e a été signé le 30 juin dernier. Une éducatrice. Certes, cela coûte 9 millions d’euros par an à la fédération, mais ces CTC, comme la trentaine de Cadres Techniques de Ligue, qui sont une pièce maîtresse, va faciliter la vie des clubs. Enfin, d’avoir réussi la création des treize Ligues régionales qui était un chantier colossal mené par Henri Mondino, qui a fait sauter les baronnies, ces comités territoriaux qui ne correspondaient à rien au niveau administratif. Cela a permis une véritable décentralisation de la fédération avec des Ligues, comme l’Occitanie, qui ont pris leur vitesse de croisière, en investissant sur les éléments de proximité que sont les comités départementaux qui avant étaient complètement délaissés. Cela a permis de restructurer la pyramide fédérale.

Est-ce qu’en cas de victoire de votre part le 3 octobre prochain, vous allez vous investir dans les élections de Ligue, notamment en Occitanie où devrait figurer sur la liste pro Grill, un certain Guy Novès ?

À la FFR, nous avons choisi notre calendrier électoral avec d’abord celle nationale, puis celles régionales et enfin celle des départements, pour effectivement et ce quel que soit le gagnant à la présidence de la FFR, il puisse s’appuyer sur ses régions. Et pour cela, si je suis réélu, j’appuierai certaines candidatures, tout comme dans les départements.

Arrivez-vous à faire cohabiter vos deux mandats à la FFR et aussi comme vice-président de World Rugby ?

Il n’y aura aucun problème. Le fait d’être dans les instances internationales va faciliter mon travail à la fédération. Prenons un exemple, je suis membre de la commission des règles. Jusqu’à maintenant, c’était le Sud qui décidait comment on allait jouer en France en Top 14 ou en Séries régionales. D’être à cette commission, moi l’ancien technicien, me permet de porter la voix de la France qui était absente auparavant.

Un mot sur CVC, qui doit prendre une participation dans le Tournoi des 6 Nations ?

D’abord, je tiens à préciser que rien n’est signé. Absolument rien. J’espère que cela se fera dans les prochaines semaines, mais pour le moment on est toujours à la phase des discussions. Après, ils ne veulent pas contrôler le Tournoi, n’interviendront pas sur le sportif. Ils doivent prendre une participation minoritaire (14 %) à la société qui s’occupe des droits marketing et commerciaux de la compétition. Les six fédérations ont approuvé. Ce n’est pas moi seul qui ai décidé, mais il y a eu l’unanimité. C’est un apport supplémentaire de 65 millions sur cinq ans, qui iront à 100 % pour les clubs amateurs.

Est-ce que, comme en 2007, les éventuels bénéfices du Mondial 2023, se partageront avec les clubs professionnels ?

Alors, rappelons qu’en 2007, le Mondial a rapporté 36 millions d’euros à la FFR, qui en a reversé 12 millions au titre de je ne sais quel préjudice à la LNR. Il faut m’expliquer en quoi un tel évènement est un préjudice, surtout pour une instance de rugby. Alors, non, tous les bénéfices resteront dans le giron fédéral et seront reversés au monde amateur. La Coupe du monde sera un formidable facteur de développement pour tout le rugby mais les bénéfices directs liés à l’organisation, la billetterie resteront je le répète, pour les petits clubs.

Cela ne va-t-il pas ouvrir un nouveau conflit avec la LNR, une constance durant votre mandat ?

Ce ne sont pas des conflits mais un rapport de force entre deux instances. Or l’architecture structurelle génère ce rapport de force, que l’on doit gérer. Le modèle français du sport est fait de telle manière que le ministère des Sports est l’organe de tutelle de la fédération qui l’est pour l’éventuelle Ligue professionnelle. La fédération a la responsabilité de la totalité de la discipline. Quand nous sommes arrivés en responsabilité, c’est ce que nous avons remis en place. Je vais citer Mourad Boudjellal qui a indiqué cette semaine, lors de ma première réunion, qu’il ne savait pas que la FFR pouvait intervenir sur le monde pro. J’ai compris quand Bernard a réclamé 25 millions d’euros sur cinq ans aux clubs pros, que la FFR était au-dessus de la Ligue. Je suis le président de tous les rugbys, du monde amateur et professionnel. Nos rapports avec la LNR sont en train de s’apaiser. Nous discutons beaucoup plus qu’à notre arrivée. Cela n’a pas été simple, il y a eu des éclats de voix, mais chacun a appris comment l’autre fonctionnait. Les choses sont sur la table, et j’ai aujourd’hui des contacts directs avec les entraîneurs, les présidents de clubs et les dirigeants de la LNR. C’est le moment, après avoir remis à sa place la FFR, d’avoir une relation plus apaisée avec la Ligue.

Quelle va être la rentrée du rugby, avec cette crise du Covid-19 qui en handicape sa pratique ?

Serge Simon a pris à bras-le-corps le dossier. Médecin de formation, il en avait les compétences. Il a gagné l’autorisation du ministère d’une reprise au début de l’été de la pratique en six phases pour arriver à la reprise qui devait être "classique". La gestion politique du Covid nous a imposé d’autres protocoles, que nous avons mis à jour et, ce vendredi, nous avons proposé aux clubs la phase 7 qui doit permettre la reprise des compétitions autant que faire se peut.

Dans le détail, cela donne quoi ?

La philosophie c’est vraiment de permettre la pratique. Il y aura une gestion comme dans la société en général des cas positifs. Il n’y aura pas de tests généralisés, on ne peut pas le faire car un week-end classique de compétition, c’est 1 500 matchs ! En revanche tous les cas suspects, il y a un arbre décisionnel distribué à tous les clubs qui prévoit tous les scénarios. Il n’y a aucune consigne de fermeture de club.

Et pour le public ?

On attend sur ce plan-là une bonne nouvelle. Nous avons fait un gros travail de lobbying envers les institutions pour que dans les stades qui n’ont pas de tribunes, l’accès au public soit permis le long des mains courantes, à condition de respecter les distanciations physiques. En deux mots, les pesages devraient être ouverts dans les stades sans tribunes.

Et pour les tests de novembre ? Combien de matchs disputera le XV de France, et avec quelle jauge de public ?

Le calendrier nous octroie six matchs et j’y tiens. On doit discuter avec les clubs pros des modalités, tout est ouvert, sur la table, mais nous avons six rencontres. Le public ? La jauge est à 5 000 personnes jusqu’au 30 octobre au moins. La législation est mouvante. Nous avons demandé une dérogation préfectorale pour accueillir, au mois d’octobre prochain, pour le pays de Galles, puis l’Irlande, devant 55 000 personnes. On attend la réponse mais on pense que l’on peut l’avoir aujourd’hui. On a ce premier scénario optimiste, mais notre trésorier en a prévu un autre avec une jauge à 5 000. Une chose est sûre, c’est que les matchs se joueront.

Y a-t-il pour les clubs amateurs, un plan B ou un plan C, sur les reprises de compétitions ?

On souhaite qu’elles se déroulent. C’est notre philosophie. Après, bien sûr que les services de la fédération envisagent toutes les possibilités, car on sait qu’il y aura au minimum des rencontres reportées. Il est trop tôt pour faire des annonces mais oui nous envisageons un plan B, C ou même D… Et puis on suivra aussi les éventuelles décisions de l’état. On est obligé de tout prévoir dans la situation dans laquelle se trouve le pays.

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