Un parfum de reprise

  • La Section Paloise affrontera l'Aviron Bayonnais à Lourdes, le 14 août.
    La Section Paloise affrontera l'Aviron Bayonnais à Lourdes, le 14 août. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'édito de Léo Faure... Au listing, cela commence comme ceci, le 14 août prochain : « Pau-Bayonne, à Lourdes » ; « Brive-Stade français, à Tulle », « Agen-Castres à Armandie », « Biarritz-UBB à Aguilera »… Et ainsi de suite, sur les trente-six lignes d’un tableau Excel qui compile l’ensemble des rencontres amicales qui, cet été, vont opposer les clubs professionnels du rugby français. En face de chaque match, on place le nom d’un journaliste, peut-être deux. On imagine un photographe et on cible quelques stades où, habituellement, les stagiaires d’été iraient faire leurs premières armes, sur le terrain, avec ses joies et ses débrouilles.

Toute la semaine, la vie du Midol a soudain repris des atours si classiques. On y a parlé de matchs amicaux, de transferts, de favoris et de pronostics pour la saison qui vient. On y a constaté toutes ces chamailleries intestines sans lesquelles notre rugby ne serait pas vraiment français. Quel autre pays se pointe, gonflé du torse, à une réunion capitale de World Rugby en ordre à ce point dispersé : le sélectionneur arguant différemment de la FFR, ellemême en opposition avec la LNR où les clubs tanguent ? Voyez-vous, ça, c’est « la France aux 300 fromages, ingouvernable » du général De Gaulle. Rien ne sert de se battre, on ne saurait jamais faire ordonné comme des Anglais. Prenons donc cette diversité d’opinions comme un charme, facilement qualifié de latin.

Chaque semaine un peu plus, on retrouve de la place pour parler, avec les joueurs, d’autre chose que de la Covid-19. Le mot disparaît d’ailleurs lentement du journal. On en revient à parler d’ambitions, de projet de jeu et de préparation. De rugby. Un été normal, en somme.

On reparle même de supporters. C’est réconfortant. Au gré des annonces gouvernementales, on sait donc qu’ils seront 5 000 au moins, en septembre dans les stades de Top 14 et de Pro D2. C’est un minimum et, pour tout dire, conscience sanitaire de rigueur, on se dit qu’il y aurait certainement matière à aller plus loin. À faire mieux. Sans mettre en péril la patrie, et puisque d’autres lieux de spectacle s’autorisent déjà à entasser les foules — étonnant, n’est-ce pas, ces images du Puy du Fou ! — donner aux enceintes de rugby une limite proportionnelle à leur capacité d’accueil apparaîtrait pour le moins légitime. À raison d’un siège sur deux et une jauge donc placée à 50 %, l’image d’un rugby qui reprend vie serait forte en symboles enfin positifs.

Une telle issue, rapide, est surtout vitale pour ce sport. À Toulouse, Clermont, Bordeaux et Toulon, qui recevront demain un quart de finale de Coupe d’Europe. À Bayonne, La Rochelle ou Brive, où la fidélité du public tient une si grande place dans la vie économique du club. Partout, en fait. Le rugby ne saurait trouver raison de vivre déconnecté de son public. Et ce ne sont pas les premières images du football, dénué d’émotion dans des stades vides, qui nous auront convaincus du contraire.

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