Débat or not débat
L'édito d'Emmanuel Massicard... Vous l’aurez vu, Bernard Laporte a mis fin à un insoutenable suspense ! Mardi dernier, il s’est officiellement déclaré candidat à la présidence de la FFR. Secret de polichinelle, évidemment. Pourtant, l’information a fait des vagues. En bon stratège, son opposant Florian Grill lui a de suite proposé un débat public. Bilan contre bilan. Programme contre programme. Arguments contre arguments. Et vision contre vision.
L’invite est belle pour ce qu’elle suppose d’échanges et d’informations mises à disposition des clubs de rugby, les électeurs in fine. Elle nous semble surtout alléchante pour ce qu’elle incarne au premier chef : le débat d’idées vient, sur la forme, nourrir la démocratie ; il permet, sur le fond, d’enrichir le rugby et de l’élever au-dessus de la mêlée. D’ailleurs, nombreux sont les médias dont Midi Olympique à avoir proposé aux protagonistes de s’asseoir autour de la table et d’organiser ce fameux débat.
Mais il n’y aura pas de débat. Sur RMC, cette semaine, Laporte a refusé la proposition de Grill. Comme un raffût sur son adversaire direct : "Mon débat, c’est le 3 octobre dans les urnes !" Voilà du pain béni pour Grill qui a immédiatement hurlé au déni de démocratie. Dans son sillage, ses supporters ont fait jaillir des réseaux sociaux une vidéo de Serge Simon qui affirmait, en 2016 : "On veut du débat, du dialogue, une fédération plurielle, contradictoire […] Si on a un engagement à tenir, c’est que dans quatre ans on ait des opposants, d’autres visions que la nôtre…" Du miel pour l’opposition, et même pour Simon qui aura beau jeu de dénoncer la manipulation.
Pour autant, ne vous méprenez pas : personne n’a encore été bâillonné. Même pas la démocratie. Si elle n’en sort pas grandie, elle ne nous semble pas menacée parce que Laporte ne veut pas débattre directement avec son concurrent. Après tout, c’est son droit le plus strict. Rien ne l’y oblige, même pas une belle opération de com’qui servirait l’image d’une fédération déclarée plus ouverte que jamais…
Pourquoi Laporte le ferait-il d’ailleurs d’un point de vue purement stratégique, alors que les derniers votes lui sont favorables et alors que la campagne va forcément ralentir pendant l’été, malgré le tour de France des barbecues de Florian Grill, ? Pourquoi le président prendrait-il le risque de "déraper" et pourquoi son challenger ne s’accrocherait-il pas à la confrontation ? Au fond et au plus juste des choses, parce que chacun protégera ses intérêts jusqu’au 3 octobre prochain. C’est d’une logique implacable.
Même si nous n’aurions pas tout appris lors de ce mano a mano, nous aurions aimé pouvoir rassembler les deux hommes, les écouter face à nos questions et, finalement, les juger sur pièce. Mais ne soyons pas dupes. Par-delà les jeux de rôles, c’est sur la profondeur des programmes que les clubs trancheront au final, le 3 octobre. Sur le bilan des hommes, depuis qu’ils sont en responsabilités. Sur leurs idées et sur leur liste, aussi. Alors, permettez-nous d’imaginer que ces informations, précieuses, en diront bien davantage d’un seul débat. Fusse-t-il démocratique.
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