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  • Bernard Laporte, vice-président de World Rugby et Président de la FFR devra choisir entre le rugby international et rugby français
    Bernard Laporte, vice-président de World Rugby et Président de la FFR devra choisir entre le rugby international et rugby français Icon Sport - Icon Sport
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L'édito de Léo Faure... L'heure d’exulter semble encore si loin. Septembre, on nous le répète. Au regard des dernières tendances sanitaires, réconfortantes, on serait enclin à le croire et enfin remiser ce pessimisme tenace depuis deux mois. Mieux encore, l’idée se fait une place, dans les discours politiques, d’une reprise possible en public. Tant mieux. Et pour tout dire, il ne saurait en être autrement : bien avant ses obligations économiques, qui disent d’ailleurs la même chose, le sport n’a de valeur que par les émotions qu’il véhicule. Lesquelles ne se vivent pleinement qu’au stade. À huis clos, une reprise ne serait même pas une victoire, elle serait une petite défaite.

Tout ceci, ce rêve que l’on aperçoit sans encore le palper, aura-t-il bien lieu dans trois mois ? Il faudra suivre les bilans de l’été, pour savoir si le rugby pourra reprendre ses droits définitifs, en Europe. Et surveiller de près ce qui se dira ce lundi, à Dublin, où s’écrira la première page d’un autre rugby : celui d’une conception planétaire de ce sport et de ses calendriers, enfin globalisés et unifiés entre les deux hémisphères.

À ce jeu, figurez-vous que certains rêvent de nous priver de rugby professionnel trois mois de plus. Au nom de l’intérêt général et jusqu’en décembre. Comme si l’anémie n’avait pas été assez violente, déjà.

Soyons clairs : la question de l’alignement des calendriers est centrale, nécessaire à l’évolution du rugby. Les sacrifices qu’elle réclame s’imposeront à chacun. C’est ici que les négociations taperont dans le dur, projet contre projet, à la recherche d’un point d’équilibre de ces sacrifices que chacun sera prêt à consentir. Vaste chantier, quand les positions de départ semblent si éloignées.

Les clubs indépendants du Nord, plus vite regroupés sous l’appellation « couple franco-anglais », ont leurs obligations bien légitimes. Dans notre rugby, on ne peut décemment concevoir une élite professionnelle verrouillée, qui clouerait au nez du monde amateur le rêve d’une accession. Il nous faut donc des calendriers de saison alignés sur ceux des Fédérales, c’est un fait. Il conviendra de le faire entendre, ce lundi devant les instances mondiales qui prévoient une refonte autrement plus sismique.

Dans ce bras de fer qui s’annonce, le positionnement de Bernard Laporte vaudra mille points. Vêtu de son costume « World Rugby », Laporte semble condamné à prendre les pas de la Sanzaar et du 6 nations (doit il est également vice-président) en faveur d’une refonte profonde de nos calendriers et, au bout du chemin, de saisons des clubs professionnels appelées à s’étirer de décembre à septembre.

Comment le président de la FFR, son autre costume, pourrait-il laisser faire telle incongruité ? Défendre cela, ce serait pour « Bernie » défendre la fin des passerelles entre les mondes amateur et professionnel. Alors même que la division nationale, pour laquelle il a milité et qui se concrétise, incarnera justement cette passerelle.

Drôle de dilemme. Entre ses deux costumes, Laporte devra trancher. Les intérêts de World Rugby ne sont pas ceux de son rugby français. En pleine année électorale dans ses murs fédéraux, il y a matière à penser que Laporte optera pour sa casquette nationale. Il serait, alors, un atout de haute valeur dans la main des clubs français.

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