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Entre les murs : on vous raconte la dernière réunion des présidents de Top 14 et Pro D2

  • Paul Goze et Bernard Laporte
    Paul Goze et Bernard Laporte Icon Sport
Publié le Mis à jour
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C’est en recueillant les témoignages de différents présidents du Top 14 et de Pro D2 que nous avons pu reconstituer en intégralité, ou presque, la dernière réunion des patrons du rugby pro. En voici les meilleurs moments..

Généralement, les réunions effectuées autour de Paul Goze par les trente présidents du rugby professionnel depuis le début de la crise excèdent largement les deux heures qui leur sont allouées. Pour la première fois depuis deux mois, celle de mercredi soir aura à peine « duré une heure », nous confiait à ce sujet un président, jeudi matin. Est-ce à dire que les propositions énoncées par le patron des patrons ont toutes été accueillies par un contentement général ? C’est ce que l’on en a déduit, en effet.
Le sujet majeur du 13 mai concernait, lui, le format des prochaines Coupes d’Europe et, comme nous vous l’apprenions dès mercredi sur notre site Rugbyrama.fr, la proposition française à l’EPCR serait la suivante : en Champions Cup, la nouvelle formule verrait se frotter vingt-quatre équipes issues des trois ligues professionnelles du Vieux Continent, des formations toutes regroupées au sein de deux poules de douze. Au cours d’une phase préliminaire étalée sur quatre week-ends, toute confrontation anglo-anglaise, franco-française ou celto-celte serait rendue impossible par un système de péréquation empêchant radicalement les équipes d’un même pays de se croiser : en clair, un club français rencontrerait en format aller-retour un adversaire anglais puis un celte selon un système de classement par points, réalisé au préalable. Dans la foulée de cette phase qualificative, les quatre premiers de chaque groupe disputeraient alors les quarts de finale, lesquels pourraient à ce moment-là héberger des affrontements entre deux équipes issues d’un même pays. C’est encore plus complexe que la règle du « plaqueur-plaqué », vous dites ? C’est indéniable.

De l’art de la Diplomatie européenne

Mais ce format proposé aux dirigeants de l’EPCR aurait au moins le triple mérite de qualifier huit clubs français, d’apaiser la colère légitime de Clermont ou Toulouse et d’incarner ainsi le consensus politique qui manque parfois à nos clubs pros depuis le début de la crise. Si les Britanniques décidaient de s’opposer au fait que huit clubs de chaque Ligue participent à la prochaine Champions Cup, le boycott des clubs français évoqué dans nos colonnes lundi dernier reviendrait alors sur le tapis. « Nous espérons évidemment que ce nouveau format sera validé de façon diplomatique et sans menace de boycott », nuançait, mercredi soir, Yann Roubert, le président lyonnais, considéré comme le porteur du projet.
Concernant l’Europe, le format initial (huit poules de trois) a été abandonné parce qu’il comprenait huit équipes exemptes sur chacun des week-ends, une configuration qui déplaisait fortement aux diffuseurs, les grands argentiers du tournoi. Si la proposition française était adoptée dans les jours ou les semaines à venir, la Challenge Cup, elle, regrouperait quatorze équipes au sein d’une même poule, des formations qui s’affronteraient sur le système explicité plus haut. à ce titre, il est d’ailleurs spécifié que les équipes du ventre mou des deux poules de Champions Cup (placées de la cinquième à la neuvième place, par exemple) pourraient être automatiquement reversées sur les huitièmes de finale du Challenge européen, un dispositif assurant au moins cinq matchs à chaque club disputant l’une ou l’autre des deux compétitions continentales.

C’est « gagné » pour septembre ?

Au fil de la réunion du 13 mai, le président de la commission médicale de la LNR, Bernard Dusfour, s’est ensuite adressé aux présidents de clubs, se montrant plutôt confiant pour la reprise des championnats, toujours espérée début septembre par les caciques de la Ligue. Pour lui, la mise à disposition des tests salivaires et PCR, qui conditionne en partie le retour à l’entraînement des joueurs pros, sera établie dans les trois prochaines semaines du déconfinement : en clair, si une deuxième vague de personnes symptomatiques apparaît d’ici peu, les tests dont dispose aujourd’hui le gouvernement seront réquisitionnés pour ces néoinfectés ; dans le cas d’une épidémie maîtrisée, les tests, dont la fiabilité a récemment été réévaluée à « proche de 100 % » selon le docteur Dusfour, seraient mis à disposition des clubs et les joueurs pourraient donc reprendre l’entraînement entre fin mai et début juin. Sur ce sujet précis, il est à souligner que la Ligue nationale de rugby a respecté de façon scrupuleuse les consignes gouvernementales quand certains clubs de foot, tel l’Olympique de Marseille, en ont fait fi, testant en masse des joueurs non symptomatiques ces jours derniers, dans le but de leur faire reprendre l’entraînement au plus vite. Mercredi soir, le docteur Dusfour concluait ainsi sa prise de parole : « S’il n’y a pas de deuxième vague, j’ai envie de vous dire que c’est gagné. » La reprise en septembre ? Une hypothèse hautement souhaitée par tous les acteurs du monde du sport professionnel en France, qu’ils soient joueurs, entraîneurs, dirigeants, supporters ou… journalistes au Midol, ça va de soi.

Le lobbying des présidents

Dans le petit monde des présidents de clubs, il a enfin été question du plan Marshall relatif au sport professionnel en France et que pourrait déclencher, afin de sauver les clubs du krach, le gouvernement d’ici peu. à l’Élysée, à Matignon et auprès de tous les parlementaires proches du monde ovale, un intense travail de lobbying de la part des présidents de clubs se poursuit donc, dans le but de voir Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, débloquer d’importants fonds dans les semaines à venir. à ce titre, plusieurs arguments ont été avancés. Le plus juste d’entre eux avance qu’en cas de huis clos de septembre à décembre 2020, option plus que probable, des entités centenaires - comme le sont certains clubs de Top 14 ou Pro D2 - disparaîtraient de la surface du globe s’ils n’étaient pas soutenus de façon significative par l’état ; à trois ans du Mondial en France, une disparition du rugby professionnel dans l’Hexagone serait un coup fatal porté à l’équipe de France et mettrait un frein au développement des clubs amateurs, soudainement privés d’une vitrine. Le plan Marshall, s’il était déclenché par le gouvernement, serait déployé à toutes les ligues du sport professionnel en France et serait concrétisé sous la forme d’une exonération de charges d’une valeur équivalente à l’impact économique subi par les clubs en cas de huis clos prolongé…

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