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La double tragédie de Roquefort

Par Jérôme PRéVôT
  • Tout le monde à Roquefort souhaite mettre fin à cette histoire, que ce soit les coéquipiers de Jean-Paul Taipunu (en haut, lors d’un hommage) ou le président Serge Berdet (en bas à droite), en conflit avec la famille de son joueur (en bas à gauche)  Photos Midi Olympique et DR
    Tout le monde à Roquefort souhaite mettre fin à cette histoire, que ce soit les coéquipiers de Jean-Paul Taipunu (en haut, lors d’un hommage) ou le président Serge Berdet (en bas à droite), en conflit avec la famille de son joueur (en bas à gauche) Photos Midi Olympique et DR
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Quelle affaire aussi tragique que bizarre ! Le club Landais a recueilli des fonds pour secourir un joueur grièvement blessé mais tarde à lui donner cette cagnotte. Explications.

C’est une double tragédie qu’a vécue le club de Roquefort (Landes). L’acte fondateur, c’est évidemment la grave blessure de son joueur Jean-Paul Taipunu, survenue le 12 janvier lors d’un match de réserves Honneur entre Roquefort et Sainte-Livrade. La situation est très sérieuse puisque le joueur est tétraplégique et hospitalisé à la clinique spécialisée de la Tour de Gassies, dans la banlieue de Bordeaux. L’acte second, plus scabreux, c’est l’affaire de la cagnotte réunie pour lui par son club, que son président n’a pas voulu lui remettre. De prime abord, l’affaire semble scabreuse. À ce propos, Serge Berdet, le président du RCPR, est donc un homme avide de se défendre de l’image qui lui colle à la peau depuis que l’affaire a éclaté médiatiquement. Comme dans toutes les histoires qui mélangent sentiments et argent, elle n’a pu échapper aux ambiguïtés. "Nous avons fait beaucoup pour lui et sa famille. Dès le lendemain, nous avons accompagné sa compagne et ses enfants pour aller le voir au CHU de Bordeaux. Nous avons payé le carburant, les péages, nous avons même eu une voiture de prêt mise à disposition. Nous avons fait le maximum. Puis j’ai été contacté par la Fondation Ferrasse qui m’a expliqué qu’elle avait envoyé des chèques à Jean-Paul pour faire face aux premiers frais d’hospitalisation, le temps que les assurances se mettent en route. Ce qui représentait 10 000 €."

Un virement "suspect"

La polémique a pris naissance là, sur la question de l’utilisation de l’argent de la fondation Ferrasse. Serge Berdet a eu les premiers doutes quand le joueur lui a demandé de l’argent pour payer la télévision de sa chambre. "Je me suis montré surpris qu’il ne le fasse pas avec l’argent reçu par la Fondation Ferrasse, justement destinée à ce genre de dépenses. Il m’a répondu qu’il ne voulait pas toucher à cette somme…" Le président Berdet affirme que l’argent a été viré à sur le compte de sa fille mineure à la demande de la compagne de Jean-Paul Taipunu. "Régulièrement, la fondation nous contactait pour le suivi du dossier, tant médical que financier. Après plusieurs échanges, nous avons tous constaté des incohérences… Les informations transmises par la famille ne collaient pas et Jean-Paul avait été dans l’incapacité de donner un accord a minima (pour le virement de la somme, N.D.L.R.), vu son état lors de son hospitalisation au CHU à ce moment-là."

Parallèlement, les dirigeants de Roquefort avaient lancé la fameuse cagnotte. "Je le reconnais : devant l’attitude de Jean-Paul, nous sommes entrés en conflit. Avec le bureau, nous nous sommes demandé pourquoi le club devrait continuer à payer dans ces conditions. Nous nous sommes adressés aux services sociaux. Je devais aussi avoir un rendez-vous avec sa compagne mais au dernier moment, elle n’est pas venue." Entre les dirigeants landais et la famille du joueur, la confiance s’est trouvée rompue.

"l’argent, on va le donner"

Nous avons alors contacté Katy Mira, avocate qui défend les intérêts de Jean-Paul Taipunu. "Il faut que vous compreniez que nous n’étions au courant de rien, jusqu’à tout récemment. Nous ne savions pas à combien s’élevait cette fameuse cagnotte. Nous avons découvert dans la presse que son montant était de 16 000 €. Tous les arguments de M. Berdet sont sortis quand nous avons demandé des comptes. Mon client voulait remercier personnellement tous les donateurs. Le club nous a répondu qu’il allait remettre l’argent mais avec des justifications sur son utilisation. Puis le président s’est répandu sur des sujets qui n’ont rien à voir avec l’affaire. Il a pris la mouche et nous ne comprenons pas pourquoi. Le club a collecté de l’argent pour M. Taipunu, il doit lui remettre. Nous avons l’impression qu’il veut détourner les regards du sujet principal, en parlant d’autre chose." Pour elle, l’argent de la fondation Ferrasse n’a pas été mal utilisé : "Les 10 000 € ont été mis sur le compte des enfants de mon client car il ne sait pas ce qui va advenir. Il est rassuré car il sait qu’au moins, ils auront ça pour eux."

Serge Berdet demeure amer, dans la peau de celui qui a voulu rendre service et qui ne veut pas trop en dire : "Je suis dégoûté. Cela me bouffe la vie. Ils considèrent que c’est leur argent, un point c’est tout. Mais si je devais recevoir, moi, de l’argent dans ces conditions, oui j’en justifierais l’utilisation. Tous les gens qui ont au fait de la situation me soutiennent. Je pense que ceci finira par une mesure de protection." Une phrase quand même pour donner un peu d’optimisme : "Je ne souhaite qu’une chose, clôturer ce dossier… L’argent de la cagnotte, on va le donner. Nous attendons juste un RIB. Je veux tourner la page. Je donnerai l’argent sans le contrôler et sans savoir ce qu’ils en font, même si je ne respecte pas mes engagements vis-à-vis des donateurs."

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