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Maks Van Dyk, le «Mad Maks» toulousain

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Publié le Mis à jour
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Pilier de toulouse en réflexion permanente et à l’excès, dans tous les domaines, le sud-africain est une sorte de cérébral hyperactif, lequel a besoin de chercher à comprendre le monde qui l’entoure. Une curiosité affirmée et assumée, qui le rend fascinant mais qui peut aussi et parfois conduire à l’isolement. Rencontre avec un joueur définitivement classé à part.

Le personnage a quelque chose d’attachant autant que de déroutant. Après trente minutes d’échange avec lui, voilà quelques temps déjà pour réaliser ce portrait, dans un français parfait qui permet de nombreuses notes humoristiques, il est une évidence : Maks Van Dyk est de cette race qui ne laisse pas indifférent. Pour le meilleur ou pour le pire. "Il est sur sa planète, raconte Rynhardt Elstadt, à son sujet. Il est parfois dur à suivre mais c’est ce qui fait son charme." Ce que l’intéressé assume : "ça me fait marrer et je trouve ça banal mais je crois que je ne suis pas normal. Je suis un peu fou comme le répètent les autres (rires). J’ai conscience depuis tout petit que je ne pense pas comme tout le monde. On m’a déjà dit : "Tu es quelqu’un de rare." Je ne sais pas vraiment comment il faut le prendre mais je le reçois comme une remarque positive." Comment définir cette personnalité hors du commun ? Charlie Faumuina s’y était essayé dans ces colonnes en juin dernier : "Il est très intelligent, a appris le français en quelques mois, a étudié à la Toulouse Business School, a voulu obtenir la citoyenneté française. C’est quelqu’un d’obstiné pour atteindre ses objectifs et fixé sur ses idées. Mais ce mec est surtout différent. Ce n’est pas péjoratif mais ses blagues sont différentes, par exemple. Parfois, il en lance une et, sur le coup, on ne trouve pas ça drôle mais c’est justement la raison pour laquelle ça le devient !" En rappelant cette anecdote au Sud-Africain, lui ne peut s’empêcher de s’esclaffer : "Mes blagues sont nulles mais si elles sont drôles pour moi, c’est l’essentiel non ?" En réalité, Van Dyk est une sorte de cérébral hyperactif : "En moyenne, je dois poser mille questions par jour." Aux autres et à lui-même. Il ne peut s’empêcher de s’interroger et de chercher à comprendre. En permanence et à l’excès, dans chaque domaine. Ce qu’il reconnaît avec une lucidité déconcertante : "Je me rends compte que je pars loin dans mes raisonnements et que je finis par parler tout seul car plus personne ne me suit. J’ai toujours été comme ça. Ma tête ne s’arrête jamais, ça tourne sans arrêt là-dedans ! Sur un sujet banal, je démarre d’un petit truc mais j’ai besoin de le percevoir à 360 degrés. Donc je dérive sur autre chose, puis encore autre chose et ainsi de suite…"

L’économie, le rugby, l’histoire…

Une soif d’apprendre et de savoir. Jusqu’à l’épuisement ? Pas chez lui mais chez ses proches : "Le soir, je n’arrive pas à trouver le sommeil car je réfléchis trop aux choses qui m’intéressent. Je pense à tout : l’économie, le rugby, l’histoire… Le même mot revient : "Pourquoi ?" Si je regarde un documentaire avant de me coucher, je ne vous raconte même pas : "Comment ils ont fait ça ? Comment ils auraient pu faire autrement ?" Parfois, je suis au lit avec ma femme et on discute pendant une heure. En fait, je vois bien qu’elle ne parle pas et que je l’ai perdue au bout de trois minutes mais ça ne m’empêche pas de continuer mes réflexions. Je crois qu’elle en a marre, qu’elle veut juste dormir (sourires)." Ce qui le rend fascinant et captivant.

Maks Van Dyk est avant tout un passionné. Un espion de la vie et de ses subtilités : "Je lis beaucoup de livres sur la finance et l’investissement. J’aimerais travailler là-dedans plus tard, auprès des joueurs de rugby. C’est un sport professionnel depuis longtemps et j’en vois toujours qui ne savent pas quoi faire avec leur argent. J’ai validé mon diplôme en business management (gestion des entreprises, N.D.L.R.) pour préparer la suite. J’aime beaucoup l’histoire aussi, depuis ma jeunesse, surtout la Première et la Deuxième Guerre mondiale. Même pour des épisodes douloureux, il est essentiel de connaître le passé de chaque pays pour vivre pleinement notre présent et notre futur. Je me souviens qu’à Berlin, j’ai visité un mémorial sur les victimes du régime d’Hitler. C’était très touchant. Je veux aller un jour en Normandie, voir les plages du Débarquement, m’imprégner de ces événements."

Il n’y a qu’à brancher le micro pour le voir déballer sa culture et sa curiosité. Facette qui peut l’isoler. "C’est dur de me poser sauf quand je pars pêcher en montagne, dans les lacs des Pyrénées, une autre de mes passions. J’en profite pour changer la disquette comme on dit, et m’aérer l’esprit. Sinon, je me dis parfois qu’il faut que j’arrête de parler mais cela me réclame un vrai effort. Que voulez-vous que je vous dise ? Moi, j’adore échanger mais il y a des gens qui ne sont pas de grands bavards. Forcément, ça peut créer des décalages." En a-t-il été victime dans le vestiaire ? Pas réellement puisqu’il amuse davantage qu’il n’agace, même s’il a dû prendre sur lui à son arrivée à Toulouse en 2016 : "Sur le terrain, je ferme ma gueule. En tout cas, maintenant. Au début, je voulais tellement apprendre le français que, même à l’entraînement, je demandais aux autres : "ça veut dire quoi ça ? Et comment on dit ça ?" Mes partenaires et entraîneurs s’énervaient : "Oh Maks, c’est pas l’heure du cours du français." à chaque mot inconnu, j’étais incapable d’attendre, je voulais la traduction sur le champ. Je suis trop impatient. J’ai la chance d’apprendre vite et si je ne connais pas quelque chose, ça me rend dingue. Mais je fais attention aujourd’hui."

« Faire pour faire, ça ne m’intéresse pas » 

Pour ce qui est du ballon ovale, c’est pareil : Van Dyk ressent la nécessité de disséquer le moindre aspect du jeu. "J’ai besoin de connaître mon rôle. Faire pour faire, de manière mécanique et bête, cela ne m’intéresse pas. Si on me dit "Maks, vas là et fais ça", pas de problème, mais je veux comprendre en quoi cela aide l’équipe. J’analyse énormément le jeu de mes adversaires car j’aime m’adapter à la situation, à la façon dont ils agissent en face." Un perfectionnisme d’autant plus précieux pour un pilier, lui qui évoluait troisième ligne jusqu’à 17 ans. Surtout que, comme de beaucoup d’autres Sudistes avant lui, il a rencontré des difficultés en mêlée fermée lors de ses premiers mois en Top 14. "Je ne suis pas le plus costaud ou le plus grand, donc je dois faire preuve d’intelligence et de technique mais c’était dur car les phases de mêlée sont bien plus longues qu’en Super Rugby. J’y ai passé du temps. Je restais à la fin des séances et demandais aux autres piliers de faire comme le gaucher que j’allais affronter. ça change chaque week-end en fonction du gabarit ou de la façon de prendre la liaison. En Super Rugby, il n’y a rien de spécial d’un match à un autre. Tu sais que tu vas faire des choses simples et tu les reproduis. Pas en Top 14. Ici, tu croises de nombreux tricheurs, c’est une culture (rires). Et si tu n’as pas le temps de réagir ou si tu attends juste que l’arbitre s’en rende compte… Première mêlée, boom. Deuxième, pareil. C’est trop tard ! Au départ, vu que ça ne se passait pas très bien dans ce secteur, je perdais confiance. Dès que cela a été mieux en mêlée, j’ai pu me lâcher sur le reste du jeu." Sûrement parce que, pour une fois, il cogitait moins.

Macron et le fameux passeport

C’est l’une des images de la dernière finale de Top 14. Quand le président de la République, Emmanuel Macron, saluait les joueurs avant le match, Maks Van Dyk a osé lui demander la nationalité française. "Je ne savais pas que ça ferait un tel buzz. On en avait rigolé avec les autres joueurs : "Qu’est-ce que je vais dire à Macron ?" J’ai confié à William (Servat) : "Je vais lui demander pour le passeport." Il m’a répondu : "Vas-y, c’est le moment." Depuis, il n’y a pas eu un jour sans qu’on me demande comment va Macron. Je n’ai pas dit ça pour rire, j’étais très sérieux. J’espère que les gens s’en rendent compte. Je voulais être français et je veux rester ici." Il a obtenu le fameux passeport en octobre, ce qui fait de lui un citoyen français. "ça change beaucoup de choses. Je me sens bien depuis que je suis ici, ma femme aussi. J’aime votre culture. Je ne sais pas encore comment on va organiser notre vie après le rugby mais j’apprécie la sécurité, pour elle et nos enfants un jour. Je ne veux pas dire du mal de mon pays mais c’est un vrai problème. Ici, ma femme peut se promener avec le chien à 20 heures, je ne suis pas inquiet. Ce n’est pas envisageable en Afrique du Sud. À mes yeux, la sécurité est un droit." Cette nationalité peut aussi lui ouvrir la porte des Bleus. Mais s’il était appelé avec les Boks ? "Ce serait une fierté mais je suis dans l’optique de penser au futur de ma famille. Je crois qu’il s’écrira davantage ici, donc je préférerais jouer pour le XV de France."

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