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C’est si bon...

Par Marc DUZAN
  • Grégory Alldritt a été élu homme du match. Le troisième ligne rochelais a fait preuve d’une activité incroyable. Virimi Vakatawa a été, lui, plutôt discret.Photos Midi Olympique Patrick Derewiany
    Grégory Alldritt a été élu homme du match. Le troisième ligne rochelais a fait preuve d’une activité incroyable. Virimi Vakatawa a été, lui, plutôt discret.Photos Midi Olympique Patrick Derewiany
  • C’est  si bon...
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Logiquement victorieux de l’Angleterre, ce XV de France n’a pas encore la carrure d’un champion du monde en puissance. Mais à l’hiver 2020, l’énergie qu’il dégage fait chaud au cœur...

Hé quoi ? Ce fut un crunch, un vrai, avec toute la dimension émotionnelle, toute la portée "amour-haine", toute la profondeur historique qu’un tel affrontement comporte par nature. Au vrai, on sut presque que ce serait exquis avant même qu’il ne débute, ce match, soit au moment où la composition d’équipe anglaise fut dignement conspuée par 80 000 furibards, lesquels montèrent encore en volume à l’instant où le patronyme du capitaine anglais (Owen Farrell) fut lâché par le speaker. Nom d’une reine, quel pied ! Quelle magnifique revanche sur les dix ans de misère que vient de traverser ce XV de France, dont le dernier grand chelem remonte à l’hiver 2010 ! Et comme il est difficile de rester raisonnable, mesuré ou intelligent, quand il est question d’une victoire des Bleus face à la Rose, qui plus est lorsque celle-ci est vice-championne du monde…

Parce qu’il y aurait tant choses à dire, ma bonne dame. Passé ce crunch, on raffole déjà de l’Anglais Shaun Edwards, le nouvel architecte de la défense tricolore, au sujet duquel on comprend que la FFR ait bien voulu péter sa tirelire. En quelques semaines - un mois peut-être ? - l’ancien bras droit de Warren Gatland a offert à la sélection nationale un rideau agressif, organisé, hermétique et ayant posé tant de problèmes à l’une des meilleures attaques de la planète, laquelle ne put pénétrer qu’à trois reprises dans les vingt-deux mètres tricolores, en première période. À ce jeu-là, l’abattage de Bernard Le Roux et Antoine Dupont sur les impacts fut tonitruant, l’hyperactivité de la troisième ligne Ollivon-Cros-Alldritt (49 plaquages pour aucun échec) hallucinante. Ici, on serait bien méchant d’affirmer que les Anglais préféraient le temps où la défense des Bleus, cornaquée par "Lagisque", défendait à la biarrote, tout en contrôle. Passé le Crunch, on serait même fort grossier d’assurer qu’Irlandais et Gallois brûleront demain un cierge pour que Jean-Marc Béderède, l’un des coachs de l’ère Brunel, revienne vite aux affaires…

Des Anglais perdus, méconnaissables…

Concernant les bizuts de Galthié, il est désormais acquis qu’ils étaient prêts à répondre à la "violence" qu’avait promis de déchaîner sur eux Eddie Jones, le patron d’en face. Il faut croire, Monsieur Eddie, que les coéquipiers de Charles Ollivon étaient à ce point prêts à riposter à l’équipe la plus dense du Tournoi qu’ils brisèrent votre casseur de briques, Manu Tuilagi, au bout de dix minutes. Passée la sortie du terrain du colosse, cher Eddie, vos "boys" semblèrent même bien orphelins des frères Vunipola lorsqu’il fut question de briser le rideau défensif mis en place par Shaun Edwards. Au sujet de vos hommes, coach, on en vient aussi à croire que vous aviez sous-estimé la portée du "dossier Saracens", tant les Sarries du jour furent méconnaissables à Saint-Denis, qu’ils se nomment Maro Itoje, Owen Farrell, Jamie George ou Elliot Daly. Finalement ? Il vous fut plutôt courageux, Mister Jones, de lancer la carrière internationale de l’arrière de Northampton George Furbank sur un crunch. Mais n’est pas Anthony Bouthier qui veut, my dear…

Les paris de Fabien Galthié

À l’hiver 2020, les paris a priori risqués de Fabien Galthié se sont tous avérés gagnants. On doutait de la capacité de Paul Willemse à survivre à plus de trente minutes de jeu au niveau international. Le "Languebok" a prouvé qu’il avait de la ressource et constituait, en l’absence du grand "Vahaa", une alternative plus que raisonnable. Si son coéquipier au MHR Anthony Bouthier n’est pas encore Beauden Barrett ou Stuart Hogg, le Montpelliérain reste à ce jour la meilleure solution pour le XV de France à ce poste et, le concernant, on espère seulement que le prochain France - Italie permettra de faire admirer ses qualités de relanceur. Vincent Rattez ? Surprenant. Mohamed Haouas ? Solide. Cyril Baille ? Plus que ça, encore. Globalement, il se dégage aujourd’hui de cette équipe de France une énergie nouvelle, une fraîcheur qui avait disparu au fil des claques, une cohésion à laquelle la sélection fébrile, maladroite et infoutue de tuer ses matchs de l’ère Novès-Brunel ne nous avait plus habitués.

Un malus ? Une conquête à revoir !

Au soir de cette première victoire dans le Tournoi, on n’oublie pas non plus que la marge de progression est encore immense, si la bande à Galthié veut incarner à terme un candidat sérieux au titre de champion du monde. À Saint-Denis, la mêlée connut quelques braves reculades lorsque Paul Willemse, Mohamed Haouas et Cyril Baille quittèrent la pelouse de façon précipitée. Sous la pluie fine de cet après-midi d’hiver, on regretta aussi que l’alignement, pourtant impeccable durant la dernière Coupe du monde, ait à ce point manqué d’adresse face à quelques-uns des meilleurs "contreurs" de la planète, que ce soit Maro Itoje ou Courtney Lawes. Ce sont donc autant de rognures qu’il faudra gommer dans la semaine, avant de recevoir la faiblarde Italie en ces mêmes lieux. Ce sont autant de repères qu’il conviendra de trouver ces cinq prochains jours, si les coéquipiers de Charles Ollivon entendent affermir le bulbe d’espérance planté dimanche.

À l’heure où les Bleus viennent de tordre le cou à l’une des meilleures équipes du monde, on serait pourtant fou de ne pas goûter totalement à cette victoire inaugurale. On serait finalement bien grossier de ne pas chavirer de bonheur aux côtés de ce sélectionneur insondable, énigmatique et mal-aimé du "milieu", cet homme qui vient pourtant de confirmer en quelques mois passés au chevet du XV de France qu’il était fait pour ça ou pire, qu’il ne dut qu’à une somme d’errements politiques le fait d’en avoir été si longtemps éloigné. Fabien Galthié, on aime ou on déteste. Mais à vous, à moi et à nous tous qui étions depuis trop longtemps habitués à vivre les matchs de la sélection nationale comme une longue agonie, l’ancien capitaine des Bleus vient d’offrir une vraie bouffée d’émotion, un bonheur aussi large que sa nouvelle paire de lunettes. Well done, coach… *

* Bien joué, coach…

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