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Salary Cap : la fuite des stars

  • Eben Etzebeth, le deuxième ligne champion du monde avec l’Afrique du Sud, recruté par Toulon, est une des rares stars que le public français pourra voir évoluer en Top 14 cette saison.
    Eben Etzebeth, le deuxième ligne champion du monde avec l’Afrique du Sud, recruté par Toulon, est une des rares stars que le public français pourra voir évoluer en Top 14 cette saison. PA Images / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Le départ du Bordelais Semi Radradra vers Bristol est-il de nature à remettre en cause le Salary Cap ? De plus en plus de présidents de clubs, à l’image de Mohed Altrad à Montpellier, soucieux de pouvoir rivaliser financièrement avec les clubs anglais ou japonais pour attirer les meilleurs joueurs de la planète, y seraient favorables…

Jacky Lorenzetti s’est peut-être dit samedi que le départ de Radradra vers l’Angleterre n’était finalement pas une si mauvaise nouvelle. Le trois-quarts centre international fidjien, qui s’est engagé pour les trois prochaines saisons avec Bristol, a fait bien des misères au Racing 92 lors de la 10e journée de Top 14. Deux essais, des franchissements en pagaille et des gestes de classes mondiales, le facteur X de l’UBB a régalé « Paris la défense Arena ». Radradra, c’est clairement, le genre de joueur que chaque président de club rêve de compter dans son effectif. À n’importe quel prix ? Voilà toute la question…

Mercredi dernier, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le milieu du Top 14. Semi Radradra a choisi de rejoindre l’Angleterre ni pour ses « fish and chips », ni pour son climat. Soyons clairs : avec une rémunération flirtant avec le 1,2 million d’euros annuels proposé par les dirigeants de Bristol, c’est bien la monnaie sonnante et trébuchante qui a convaincu l’ancien joueur du RC Toulon. Que les romantiques passent ici leur chemin, le sujet n’a rien de glamour. Il est purement vénal. Radradra va quasiment doubler ses revenus, son contrat avec l’UBB ne portant ose-t-on dire- que sur 600 000 euros annuels…

Évidemment, le président du club bordelais n’a eu ni l’envie, ni les moyens de faire de la surenchère pour convaincre son joueur-vedette de rester en Gironde. Et pour cause. Si le Premiership a bien lui aussi un Salary Cap, il diffère de celui mis en place en Top 14. Aujourd’hui, la masse salariale de l’effectif des clubs anglais est plafonnée à 8,15 millions d’euros quand les clubs français le sont eux à hauteur de 11,3 millions. Seulement, nos voisins d’outre-Manche ont la possibilité chaque saison d’extraire deux joueurs ("Marquee Player") de cette masse salariale afin de leur offrir un salaire bien supérieur. Ainsi, les clubs de Premiership sont autorisés à faire des folies financières sur deux joueurs sans que leur Salary Cap n’en soit impacté. Ce système, les clubs français ont voté contre. C’était lors d’une assemblée générale de la LNR, le 19 décembre 2018. Ce jour-là, amenés à se prononcer sur la mise en place d’une telle mesure, les présidents n’avaient pas trouvé d’accord. Certains comme Mohed Altrad ou encore Mourad Boudjellal y étaient favorables. D’autres, un peu moins. Laurent Marti, président de l’UBB figurait dans la seconde catégorie. "Il s’est dit que j’étais pour, alors que je suis peut-être celui qui est le plus contre, avait-il d’abord expliqué à l’époque. Je fais partie des gens qui se sont levés contre cette mesure et qui ont été très actifs pour qu’elle ne passe pas." La raison ? "Parce que nous avons déjà un Salary Cap brut de 11,3 millions d’euros, plus 200 000 euros par joueur inscrit sur la liste équipe de France et qu’en cinq ans, nous sommes passés de 7,5 millions à 11,3 millions d’euros de salary cap. Pour quel résultat ?" Laurent Marti avait alors développé : "Citez-moi une seule star qui remplit les stades de rugby en France ? Même Dan Carter n’a pas rempli les tribunes en France. Il faut arrêter de nous faire croire n’importe quoi pour soigner les maux de certains présidents."

Le départ de son joueur en direction de l’Angleterre quand d’autres présidents se plaignent d’avoir de plus en plus de difficultés à convaincre les stars de l’hémisphère Sud est-il susceptible de le faire changer d’avis ? Rien n’est moins sûr. Mais d’autres envisagent de remettre le sujet sur la table des négociations. Et vite. Le Top 14, que certains ne cessent de qualifier de "meilleure championnat du monde", ne séduit plus autant que par le passé. Trop long, trop ennuyeux et désormais sujet à une concurrence financière venue d’Angleterre, mais aussi du Japon. Au pays du soleil levant, les stars du Sud y sont de plus en plus nombreuses. La proximité géographique n’y est pas étrangère, le championnat plus court non plus. Mais surtout, les salaires y sont aussi souvent bien supérieurs, sinon similaires. Jusqu’à faire passer le Top 14 pour une compétition "has been" ?

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