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Savea : Révolution silencieuse

Par Pierrick Illic-Ruffinatti
  • La légende néo-zélandaise, Julian Savea impressionne et est en passe de devenir l’élément moteur du RCT. Photo Icon Sport
    La légende néo-zélandaise, Julian Savea impressionne et est en passe de devenir l’élément moteur du RCT. Photo Icon Sport
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Critiqué de toutes parts la saison passée, le All Black s’installe désormais comme un joueur indispensable sur la rade. Meilleur varois face à Bayonne et lors du deuxième bloc, le nouveau centre redevient un joueur dominant.

Il y a quatre ans, alors qu’il marchait sur le Mondial en Angleterre, qui aurait imaginé que Julian Savea ne serait pas de la partie au Japon ? À vrai dire, pas grand monde. Pourtant, après avoir petit à petit perdu sa place dans le squad de Steve Hansen, "le bus" a choisi de s’exiler. Et quel meilleur club que Toulon pour vous remettre sur pied ? Savea a ainsi fait ses adieux à la Nouvelle-Zélande, pour devenir la star du recrutement varois à l’été 2018. Sauf que le joueur a déçu. Et dans un club où l’impatience n’est que rarement de mise, le champion du monde 2015 a pris son président dans les côtes. En février Mourad Boudjellal déclarait : "Je vais demander un test ADN. Ce n’est pas Savea qu’on a recruté mais "Savéapas". Ils ont dû le changer dans l’avion. Si j’étais lui, je m’excuserais et je rentrerais au pays. Quand on arrive à ce niveau de jeu, il faut s’excuser et partir. Je lui ai dit qu’il était libéré et qu’il n’était plus le bienvenu à Toulon!" Des attaques à la hauteur des attentes qui reposaient sur ses immenses épaules. Vexé, le All Black aux 46 essais en 54 sélections, a donc choisi de quitter la rade, pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs ? Que nenni, ce dernier a préféré courber l’échine, et montrer qu’il n’était pas obsolète pour le plus haut-niveau. Sans ne jamais rien réclamer, et en prouvant qu’il pouvait redevenir indispensable.

"On a longtemps restreint Julian à sa puissance"

Sa résurrection, le meilleur marqueur d’essais du Mondial 2015 (8 en 6 matchs) a d’abord choisi de la mener en assumant son désir de changer de poste. "On m’a offert l’opportunité de jouer 12, et je l’ai saisi immédiatement. J’apprécie beaucoup ce poste, nous confiait le peu bavard néo-zélandais après le succès contre Bayonne où il a une nouvelle fois été le meilleur Toulonnais sur la pelouse. C’est bien pour moi, ça me permet de toucher davantage de ballons, et je prends beaucoup de plaisir." Sauf que nouveau poste, implique nouvelles responsabilités. Et jouer au centre demande, bien plus encore qu’à l’aile, de réussir à ouvrir les espaces pour offrir des solutions à ses ailiers et son arrière. Pas de quoi effrayer "Juce". "Ça doit être ce qu’on appelle la maturité, sourit Casey Laulala. On a longtemps restreint Julian à sa puissance. Et en Nouvelle-Zélande, quand on décide que tu es tel type de joueur, tu cherches à accentuer le trait, pour plaire à l’opinion. Maintenant, il a compris qu’il pouvait faire autre chose. Il reste un joueur surpuissant, mais a également pris confiance en ses skills. Il est en train d’atteindre un tout autre niveau! C’est parfait pour nous, et je pense que ça lui fait du bien, à lui et sa famille." Bien loin le joueur "juste" capable d’écrabouiller ses adversaires, faites place au Julian Savea 2.0. À Anthony Belleau de poursuivre : "Au-delà de cette image qu’il a de marcher sur ses adversaires, c’est un mec qui a une excellente vision du jeu. Il est capable de lire les situations, et d’allonger une passe des deux côtés. On le caricature souvent comme "le bus", car il aime le duel physique, mais c’est surtout un excellent joueur de rugby." Qui a déjà inscrit trois essais cette saison, soit autant que la saison passée.

"Il est devenu centre à 100%"

"Faire jouer un ailier au centre ne lui enlève pas son instinct de tueur", s’amuse Laulala. Devenu plus complet, Savea impressionne à chaque sortie. "En match, la seule chose qu’on lui demande c’est de prendre du plaisir. Julian est un énorme travailleur. Il arrive à élever son niveau de jeu et d’exigence. Il fait du bien à l’équipe et fait peser un danger constant sur l’adversaire. Il peut, en deux pas, mettre la défense à l’amende. Son physique est un cadeau, alors même s’il va lui arriver de choisir une zone où il n’y a pas d’espace, il peut le créer." Meilleur varois lors du deuxième bloc, le All Black a permis - que ce soit à Paris, ou contre la Rochelle et Bayonne- à Toulon de gagner de précieux mètres, de remporter des duels et de marquer ses adversaires. La révolution Savea est donc en marche. Et l’ailier qui marchait sur ses adversaires a décidé de devenir bien plus qu’un finisseur ; "On peut l’utiliser à l’aile, mais je pense qu’il est devenu centre à 100%", concluait Laulala. Le bus a élargi sa palette. Au point de devenir l’élément moteur du RCT ? C’est en tout cas ce qui semble se jouer ces dernières semaines sur une rade, qui n’attend qu’une chose : rugir encore et encore aux exploits de sa légende néo-zélandaise.

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