Silence

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L'édito d'Emmanuel Massicard... Jusqu’ici, tout va bien. à l’amorce du plus puissant des typhons de l’année qui se présentera samedi sur le Japon, il convient de retenir son souffle et de suspendre la parole. Au moins pour un temps. Par prudence. Par respect. Par décence.

Que pèse un match de rugby face aux aléas climatiques et à la camarde qui rôde dans l’œil d’Hagibis ? Que valent les plus grandes promesses sportives, les plus belles liesses populaires et même les plus lourds des enjeux économiques quand le danger menace de tout emporter à plus de 270 kilomètres/heure ? Pas grand-chose, vous en conviendrez.

à cette jauge, l’annulation du « crunch » et celle du match Nouvelle-Zélande – Italie (décisif pour l’avenir des Transalpins dans la compétition) semble couler de source.

Il serait facile de clouer les organisateurs au pilori après avoir tant loué, depuis quinze jours, les mérites d’une Coupe du monde parfaitement maîtrisée. Il serait insupportable de se regarder le nombril et se vautrer dans la critique quand, au bout du compte, des vies sont en jeu. Alors, silence.

Plus tard, il sera bien temps d’analyser et de comprendre les raisons des tergiversations dans les prises de décisions, l’absence de solutions de replis dans l’organisation, la pertinence de programmer un Mondial au Japon en pleine saison des Typhons (là encore sans plan B) ou le manque de souplesse du calendrier…

Jusqu’ici le grand cirque du sport business, avec ses stades pleins toujours plus imposants et son économie galopante, a toujours imposé sa loi. Même en 1995, le déluge de Durban n’avait pas résisté à la volonté des organisateurs autant qu’à celle de Mandela. Mais, pour la première fois véritablement aujourd’hui, il se retrouve rattrapé par la réalité. Contraint de baisser la tête et d’éteindre la lumière sur ses terrains de jeu alors que le monde entier a les yeux braqués en direction Japon ; avec le rugby en première ligne. L’image est évidemment terrible et notre discipline ne manquera pas d’être une fois encore brocardée par certains trop heureux d’oublier les erreurs et dérives d’ailleurs.

Derrière tout cela s’impose une vérité : jusqu’ici, tout allait bien. Et Hagibis sonne comme un drôle de rappel à l’ordre. La course aux événements toujours plus surdimensionnés, parfois déraisonnables (citons les Mondiaux d’athlétisme et de football au Qatar, dans des stades climatisés) touche ses limites. Mais, à l’avenir, nul ne pourra ignorer le changement climatique et ses conséquences. Le sport, au contraire, devra affirmer un engagement féroce, exemplaire, dans la construction dumonde de demain. Dès lors, il ne pourra jamais fermer les yeux sur la trace laissée par le Super Typhon, au cœur d’un Japon devenu pays hôte de la Coupe du monde de rugby 2019.

Jusqu’ici, tout va bien. Même pour les Bleus de Fabien Galthié et Jacques Brunel qui, permettez-nous ce léger trait d’ironie, terminent la phase de poule invaincus quand l’enfer leur était promis au Pays du Soleil Levant. L’Angleterre écartée sur tapis vert, ils aborderont le quart de finale, face aux Gallois, avec quatre succès enchaînés pour (re) gonfler leur moral et croire en leur drôle de destin. Un énième pied de nez qui, espérons-le, ne sera pas le dernier…Jusqu’ici ? Tout va bien ! 

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