Ces Bleus ne font plus le poids
Battu dans le défi physique imposé par les Tonguiens, le XV de France paie ici le choix d’une préparation physique elaborée pour pratiquer un jeu basé sur la vitesse. au détriment du combat...
Le rugby est un monde de paradoxes. L’analyse de ce jeu pousse même parfois à la schizophrénie. Les Bleus n’ont raté que dix-sept plaquages sur cent vingt-six tentés face au Tonga. Une vraie satisfaction qui confirme la qualité globale de l’organisation défensive. Seulement, un autre chiffre sonne de façon étrange à l’instant d’évoquer la performance des Tricolores dans ce secteur de jeu. Combien d’essai les joueurs de Jacques Brunel ont-ils encaissés sur cette seule rencontre ? La réponse est trois. Le chiffre est bien moins flatteur que le taux de réussite des plaquages.
Qu’ont donc proposé les Tonguiens pour mettre autant à mal finalement la défense française ? à part du défi physique, rien. Ou presque. Leur animation offensive a parfois flirté avec le niveau d’une équipe moyenne de Fédérale 1. à aucun moment, les Îliens n’ont enchaîné de longues séquences de jeu en ratissant la largeur du terrain, mettant à mal les organismes. Sur une attaque placée, le ballon n’est jamais arrivé jusqu’à l’un ou l’autre de deux ailiers. Clairement, ils n’ont jamais déstabilisé le XV de France par du mouvement. Trois franchissements nets pour les joueurs de Toutaï Kefu, c’est franchement peu. Les Français en ont réussi dix. En revanche, ils ont constamment gagné leur défi individuel, avancé à l’impact et épuisé la partie du rideau situé près des rucks. Deux des trois essais des Ikale Tahi sont nés après du jeu à zéro ou une passe. Parce que si les Bleus ont bien défendu, ils ont souvent fini par reculer à l’impact. "C’est vrai que dans le défi physique, c’était dur, concède le deuxième ligne Paul Gabrillagues. En défense, nous avons peu gagné la ligne d’avantage, même si nous avons beaucoup plaqué."
Ce constat, c’est le même qui a été dressé sur les quarante dernière minutes disputées contre l’Argentine. Dès l’instant où les Pumas ont resserré le jeu, les Bleus ont été pris dans la dimension physique. Force est donc de s’interroger sur le choix d’une préparation physique basée uniquement sur "la très haute intensité". Durant l’été, nombreux ont été les joueurs à s’assécher, à perdre du poids. Un exemple ? Il y a peu, le pilier Cyril Baille avouait avoir perdu près de dix kilos, le deuxième ligne Bernard Le Roux, cinq, ce qui explique peut-être aujourd’hui le déficit de puissance affiché. "Nous avons axé toute notre préparation physique sur la course et le déplacement, a justifié le troisième ligne Charles Ollivon. Les Tonguiens n’ont certainement pas fait ça. Ce sont des machines."
Les anglais n’en ont pas perdu une miette
Certes, les Océaniens présentent des mensurations impressionnantes, parfois même un peu éloignées des standards internationaux. Sur la balance, leur pack affichait 971 kg au coup d’envoi, sans Ben Tameifuna, le pilier le plus lourd de la compétition… Seulement, ils ont aussi mis en lumière ce qui est en passe de devenir une véritable carence dans le jeu tricolore. Allez donc demander aux Anglais s’ils ne se sont pas rendus compte de la difficulté française à supporter ce combat au près. Parce qu’à l’heure où s’annonce un crunch au pays du Soleil-Levant, on imagine assez mal les hommes d’Eddie Jones se priver de réduire l’espace de jeu pour s’assurer le gain de la première place de la poule C.
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