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Le match d’une vie

  • Romain Ntamack devant le pack de l'équipe de France
    Romain Ntamack devant le pack de l'équipe de France Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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L’exercice de communication à dessein dédramatisant s’entend, défendu par le staff depuis dix jours, relayé par des joueurs bons exécutants : ce match face à l’Argentine n’aurait rien de décisif. Limite, un match comme un autre. Exemple à l’appui : en 2011, les Bleus avaient bien pu perdre deux matchs en phase de poule, sous le crachin de Nouvelle-Zélande, ils avaient rallié coûte que coûte la finale de l’épreuve. Ce sont eux qui le disent.

Mais puisqu’on en est aux exemples historiques, gardons bien en bulbe que ce cas de figure n’est arrivé que deux fois dans l’histoire des Coupes du monde longue de désormais huit compétitions, toutes nations confondues. Une défaite inaugurale face à l’Argentine, samedi, signifierait donc la quasi-obligation de battre les Anglais en clôture, mi-octobre. Soyons sérieux : mieux vaudrait battre les Pumas.

Que les joueurs n’en ressentent pas la pression est finalement une aubaine. Le XV de France n’a jamais été souverain sous la pression, souvent décevant et parfois désastreux. Témoin ce soir du 7 septembre 2007 où, en ouverture de la Coupe du monde face à cette même Argentine, les garçons du sélectionneur Laporte se fissuraient de toute part, vrillaient sous les mots de Pichot, ployaient sous les foudres d’El Mago Hernandez et sombraient, au Stade de France, en ouverture de "leur" Mondial (12-17).

Tous les joueurs d’aujourd’hui le jurent donc : pas de pression, trop négative ; pas de chape de plomb, trop oppressante ; une simple envie de faire bien, de faire beau, de montrer au monde de quel bois ce XV de France se chauffe vraiment, loin de ses trois dernières années d’errance. Et c’est tant mieux.

Le match qui les attend samedi est pourtant celui d’une vie. Qu’ils le veuillent ou non. Pas le match qui les fera rois du monde. Pas encore. Mais celui qui leur évitera le spectre dégueulasse d’être la première génération du XV de France à se faire vider d’une Coupe du monde dès les phases de poule. Voilà pour la pression, réelle, autrement plus saignante qu’un banal discours empli "d’envie de prendre du plaisir".

Ce défi, colossal, les Bleus l’aborderont avec leur plus jeune garde. Ce n’est finalement pas si mal. Si on prête à la plus vieille un cliché de science aiguisée des matchs, une capacité accrue à gérer les temps de pression, une résilience plus grande au combat, celle de France ne l’a plus montré depuis bien longtemps. Raté, donc.

Ce seront quelques mômes de France qui guideront la cocotte bleue vers son destin voulu glorieux. On rêve désormais aux inspirations de Ntamack, aux coups de gaz de Dupont, aux solos de Penaud et aux crochets d’Iturria, deuxième ligne sans vouloir l’être. Et pourtant, il compte parmi les plus doués de tous.

Qu’importe la pluie, la grisaille, la brume qui se promet à Tokyo ce samedi, ces Bleus oseront. Ils n’ont aucune alternative dans leur besace. Ils en sortiront perdant ? Peut-être. Pas sûr. Sans les armes de l’âge, ils perdraient tout autant à jouer un rugby de petits.

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