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Lochore : la conscience d'une nation

  • Brina Lochore avant la finale de la Coupe du monde 2011 entre la Nouvelle-Zélande et la France
    Brina Lochore avant la finale de la Coupe du monde 2011 entre la Nouvelle-Zélande et la France Amandine Noel / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Il fut capitaine, puis entraîneur des All Blacks. Brian Lochore était l'une des figures les plus respectées du pays. Il est parti à 78 ans. Sa troisième bataille contre le cancer fut celle de trop.

A son époque, on faisait une immense carrière avec 25 tests tout juste . Mais il avait porté le maillot noir à 68 reprises en comptant les matchs de tournées, voilà la bonne façon de résumer sa carrière internationale qui s'étala sur sept ans seulement. Mais son empreinte fut très profonde. Brian Lochore est donc parti avec le cortège de souvenirs qui nous est revenu immédiatement en mémoire. Les kiwis avaient coutume d'avaler le C de son patronyme : Lo'hore...  A nos yeux, il fut d'abord, le capitaine de la tournée de 1967, celle qui a tout changé pour les All Blacks. Ce n'était pas le numéro 8 le plus costaud du pays, il fut toujours assez loin des cent kilos, mais il incarnait pour les entraîneurs Allen et Saxton une certaine conception du rugby, assez nouvelle, portée en priorité sur le mouvement plus que sur l'épreuve de force. Surtout elle mettait l'accent sur la vitesse.

Brian Lochore personnifiait ce nouveau style, ce rugby complet, total qui permit aux Néo-Zélandais de prendre une avance qu'ils ont toujours conservé depuis. Allen et Saxton avaient quasiment interdit à leurs hommes d'avoir recours aux coups de pied, la solution de facilité à l'époque ( les règles leur faisaient la part belle). Bien sûr les images ont vieilli, nos yeux ont changé, on a aujourd'hui du mal à se rendre compte ce que Lochore et ses hommes ont apporté au rugby. Mais sur le moment, l'effet fut sidérant. Dans ce collectif, Lochore brillait par ses conquêtes en fond de touche et sa couverture de terrain et bien sûr par son influence sur ses équipiers. Ce n'était pas un aboyeur, mais un meneur naturel et tranquille. « Il ne provoquait pas le dialogue, mais ne le refusait jamais. On pouvait toujours lui parler, et il vous recevait tranquillement dans sa chambre. Il avait cet abord plutôt fermé d'homme de la campagne, mais il était très bien éduqué, » se souvient Henri Garcia, qui le fréquenta pour le quotidien l'Equipe. « Pour vous donner une idée de sa façon de jouer, il était un peu le Kieran Read de son temps. » 

Jeune capitaine surprise 

Brian Lochore avait été nommé capitaine en 1966 alors qu'il était plus jeune et moins expérimenté que les Colin Meads, Kel Tremain ou Ken Gray. Ce fut un petit événement dans l'archipel, accueilli avec un brin de scepticisme, mais cette décision s'avéra particulièrement judicieuse. La preuve, il gagna ses quatorze premiers tests en tant que capitaine, seuls les rudes Sud-Africains sur leur sol en 1970 ont brisé cette série enchantée. Brian Lochore jouait pour la province modeste de Wairapapa Bush, dans la région de Masterston, au Sud-Est de l'Ile du Nord à la jointure des deux iles en fait. Un pays d'éleveurs de mouton (dont il faisait partie) auquel il resta fidèle toute sa vie.

Son décès a secoué tout le pays évidemment, il demeurait l'une des figures les plus respectées du rugby néo-zélandais avec qui il avait vécu toutes les consécrations. En 1987, il était aussi l'entraîneur de l'équipe pour la première fois sacrée championne du Monde, manageur en 1995. En 2005, pour la victoire facile des All Blacks face aux Lions, il appartenait encore au Comité de Sélection. Son influence était énorme en Nouvelle-Zélande, quand le rugby passa professionnel, il usa de son image pour que les talents les plus éclatants du pays signent des contrats avec la fédération alors que, on l'a oublié, des projets totalement privés leur faisaient les yeux doux.

Brian Lochore soulevant le Trophée Webb Ellis
Brian Lochore soulevant le Trophée Webb Ellis

Naïvement, nous le pensions parti pour vivre centenaire car il y a deux ans, en avril 2017, il avait avoué avoir vaincu deux cancers (mélanome et prostate) plus une toxoplasmose. Il se flattait de pouvoir assister aux trois tests face aux Lions dans des conditions sereines, après des mois rendus très épuisants par des séances de radiothérapie. Cette victoire face à des forces obscures nous l'avait rendu encore plus héroïque. Mais en juin dernier, son entourage indiqua qu'il souffrait cette fois du cancer de l'Intestin. Une bataille trop incertaine s'engagea pour lui.

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