Fofana au naturel
Petite histoire assez cruelle, racontée ainsi. Ce qu’a fait de pire Wesley Fofana, au long de sa carrière en Bleu, est certainement ce qu’il a fait de meilleur. Un moment de grâce, de gloire et de talent, tout simplement, où rien ne manque. Certainement pas le contexte. C’était à Twickenham, rien que ça. C’était face au rival anglais, dans ce Tournoi qu’on aime tant et peut-être, pour les puristes, plus encore qu’une Coupe du monde. C’était le 23 février 2013 et Fofana, tout juste replacé au poste de centre qu’il réclamait, avait soudain pris feu.
Servi sur ses 40 mètres, à la demi-heure de jeu et d’une passe sur le pas signée Mathieu Bastareaud -tiens donc !- le Clermontois avait d’abord déposé Courtney Lawes d’une accélération, à la prise de balle. Avant de raffûter Joe Marler, main droite et ballon sous le bras gauche. Puis d’inverser les polarités et de raffûter Chris Ashton, main gauche et ballon sous le bras droit. Un changement de main, deux accélérations et trois défenseurs assis en l’espace de cinq mètres : avouez que ça a de la gueule. Une dernière accélération, plus longue celle-ci, finissait de laisser dans les rétroviseurs deux derniers défenseurs, battus « sur les cannes ». Du grand art et un essai d’anthologie, directement entré au panthéon des plus belles réalisations sous ce maillot bleu.
Comment, alors, Fofana pourrait-il avoir pâti d’un tel élan de classe ? Parce qu’il lui faudrait alors le répéter. Puisque le Clermontois savait exporter à l’international ce qu’on lui connaissait déjà en Top 14, il lui faudrait le faire et le refaire, chaque week-end en bleu. Sous peine d’être lesté d’un match raté, aux yeux du plus grand nombre.
Fofana s’y est alors employé, jusqu’à l’excès. Mais l’exploit à ceci de charmant qu’il est rare. Désormais connu, reconnu, surveillé et pisté, il n’a jamais réédité l’exploit. En revanche, à s’y atteler-puisqu’on le lui réclamait- il s’est vite trouvé catalogué « coffre à ballons ».
L’étiquetage est dangereux. Il lui a coûté du temps et pas mal de tranquillité. À vouloir combattre cette image, Fofana a basculé dans des extrêmes inverses. À des actions qu’il aurait pu finir seul, il s’est contraint à ajouter la passe de plus, qui était souvent la passe de trop. À des situations simples, il a trouvé des réponses noueuses. Avant de trouver la paix, en se détournant du qu’en-dira-t-on.
La leçon vaudra. Pour lui, il est trop tard. Au crépuscule de sa carrière internationale, puisqu’il estime que son heure sera venue une fois le Mondial japonais achevé, Fofana s’est sorti seul de ces méandres. Mais d’autres le suivent, au moins aussi talentueux. Pour le profil, on pense à Dupont, forcément. Il est un 9 de duel, bien plus qu’un gestionnaire. Il devra encore progresser, bien sûr, et dans tant de domaines. Mais il ne pourra jamais changer du tout au tout.
Dupont sera toujours Dupont, avec ses talents et ses excès. Il faudra l’accepter ainsi. Lui comme Carbonel, Bamba, Ntamack, et tous ces gamins rois du monde chez les jeunes, devront garder cette fraîcheur et cette spontanéité qui les ont faits champions. Le rugby français a besoin d’eux. Tels qu’ils sont.
Vous êtes hors-jeu !
Cet article est réservé aux abonnés.
Profitez de notre offre pour lire la suite.
Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de
0,99€ le premier mois
Je m'abonne Déjà abonné(e) ? Connectez-vous
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?