Sanchez : forteresse en péril

Par Thomas Saint-Antonin
  • Rugby Championship - Nicolas Sanchez (Argentine) contre l'Afrique du Sud
    Rugby Championship - Nicolas Sanchez (Argentine) contre l'Afrique du Sud Steve Haag / Icon Sport
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La hiérarchie chez les ouvreurs des Pumas pourrait bien être chamboulée à l’aube de ce Rugby Championship. Avec l’explosion de Joaquin Diaz Bonilla, l’ouvreur des Jaguares.

Adulé puis critiqué, idolâtré puis décrié, Nicolas Sanchez est aujourd’hui concurrencé dans la hiérarchie des ouvreurs candidats à une place de titulaire pour entamer le Rugby Championship, puis la Coupe du monde au Japon. Pourtant arrivé dans la capitale française avec le statut de véritable star en 2018, le demi d’ouverture des Pumas était, jusqu’alors, le titulaire indiscutable à son poste en sélection nationale. Fort de ses 74 sélections (dont 68 comme titulaire), le natif de Tucuman faisait même partie des tout meilleurs ouvreurs de la planète. Fin techniquement et buteur hors pair, tous les éléments étaient réunis pour que le rôle de chef d’orchestre lui revienne. Un costume taillé sur mesure pour un joueur qui faisait même figure de privilégié (au même titre que quatre autres de ses compatriotes) au moment où Mario Ledesma dévoilait sa liste de 46 joueurs présélectionnés pour le Mondial nippon. En effet, les dirigeants argentins ont assoupli leurs règles de sélections pour pouvoir faire du «cas par cas» et compter sur leurs meilleurs étrangers dans lesquels Sanchez figure au même titre que Cordero ou Isa. Une aubaine pour l’ouvreur qui n’a toutefois pas eu l’impact escompté sur le jeu du Stade français, alors qu’il connaissait déjà le Top 14 pour avoir évolué à Bordeaux-Bègles et à Toulon. 

Irrégulier avec le Stade français

Titulaire à 13 reprises cette saison avec Paris, l’Argentin a alterné le bon et le moins bon depuis sa première apparition avec le maillot parisien, en décembre dernier face aux Ospreys en Challenge Cup. Auteur de bons débuts en Top 14 face à Agen, il a été à l’origine du seul essai du match en mettant sur orbite son centre Waisea sur une passe au pied millimétrée. À l’inverse, les fidèles parisiens se souviendront de sa prestation ratée lors de la courte victoire du Stade français (23-20) face à Grenoble. Ce jour-là, le Puma vécut un véritable calvaire avec notamment une passe interceptée et un jeu au pied contré. Il s’était attiré les foudres du public de Jean-Bouin, excédé par ses coups de pied incessants sans aucune pression sur l’adversaire. « C’est le meilleur ouvreur du monde », clâmait pourtant Gonzalo Quesada l’année passée, quand Sanchez évoluait encore avec les Jaguares. à n’en point douter, Nicolas Sanchez n’a pas perdu ses nombreuses et immenses qualités en posant le pied en France. Et le réservoir sud-américain au poste d’ouvreur est très loin d’être colossal. La preuve, c’est que l’effectif 2018-2019 des Jaguares ne compte qu’un jeune demi d’ouverture (Domingo Miotti, 22 ans) qui n’a pas disputé la moindre rencontre. En revanche, il compte quelques ouvreurs confirmés et l’un d’entre eux pourrait bien venir titiller le maestro argentin.

La tentation Joaquin Diaz Bonilla, Urdapilleta en embuscade

Ce joueur, c’est Joaquin Diaz Bonilla qui fut l’un des grands acteurs de l’extraordinaire épopée des Jaguares en Super Rugby. Arrivé sur le tard au plus haut niveau, ce joueur de 30 ans s’est révélé cette saison en livrant des prestations plus abouties les unes que les autres au fil de la saison. Alors, comment ne pas évoquer son nom à l’aube du Rugby Championship ? Tout simplement impossible pour Mario Ledesma qui s’empressait de cocher son nom sur sa liste et lui offrait le précieux sésame afin de montrer toute l’étendue de ses capacités. Une éclosion tardive pour le trentenaire auteur d’une seule apparition avec les Pumas en 2018, face à l’Irlande à Dublin. Une pige non concluante, qui fut sans lendemain. Mais cette année, il a tout simplement éclaboussé le Super Rugby de son talent. Avec 119 points inscrits dans la compétition, il a grandement contribué à la saison historique des siens, pour la première fois de leur jeune histoire, les « naranjas y negros » ont atteint le stade de la finale.
Quid de Benjamin Urdapilleta ? Actuellement blessé à la cuisse, le Castrais de 33 ans et aux 10 sélections fait bien partie du groupe appelé à préparer cette nouvelle édition du Rugby Championship. Valeur sûre du Top 14 et sacré champion de France en 2018 avec le CO, «Benji» vit un rêve éveillé en retrouvant ses Pumas et saisira la moindre occasion dès qu’il aura soigné sa cuisse. Au point de bousculer la hiérarchie ? Difficile à dire. Il fera tout de même figure de nouveau concurrent à Nicolas Sanchez, là où quelques années en arrière, le parisien avait la voie totalement libre.

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