Abonnés

Jouer, malgré tout

  • Le Trophée Webb Ellis
    Le Trophée Webb Ellis Sportsfile / Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

L'édito de Léo Faure... Bien sûr, la photographie du rugby mondial et de ceux qui le dominent, dans les pages qui viennent, interpelle sur les choix récents des Bleus. Pour gagner, en 2019 et comme depuis trois ans, c’est la maîtrise tactique qui paye et un système défensif dur comme le diamant. C’est l’hégémonie des Saracens, en Europe, de leur jeu de pression défensive et de leur maîtrise du temps qui nous le dit. C’est le récent titre de Toulouse en Top 14 qui nous le confirme. Si les hommes d’Ugo Mola ont enthousiasmé toute la saison, c’est bien leur capacité à étouffer dès les premières passes les lancements rochelais puis clermontois qui les a faits rois.

À l’international, le topo est à peu près similaire. Les Anglais, dans le dernier Tournoi, nous ont filé 45 points en nous laissant la possession du ballon mais en s’assurant qu’on n’en ferait rien de bon, avant de nous punir en contre. Les Irlandais de Schmidt aiment tenir le ballon mais cultivent un rugby à peu de risques, refusant le jeu après contact et respectant à la ligne un plan de jeu où, depuis son camp, on privilégie toujours le jeu au pied de pression. Les Gallois ont soulevé leur dernier Grand Chelem, le troisième en 12 ans, en s’appuyant sur la meilleure défense de la compétition. Et tant pis s’ils étaient l’attaque la moins prolifique.

Dans le Sud, on attend impatiemment de découvrir les vérités du prochain Rugby Championship. Des tendances émergent déjà du dernier Super rugby. Les Crusaders sont la province néo-zélandaise la plus structurée, la plus stricte tactiquement. Ils sont aussi les triples tenants du titre en Super rugby. Steve Hansen, dès l’été dernier, admettait le virage tactique enclenché par ses all blacks. Déjà plus enclins que ne veut bien leur prêter le cliché à multiplier les jeux au pied d’occupation, les Néo-Zélandais emprunteraient alors à la vague du moment, où le jeu au pied de pression devient l’arme privilégiée et celle qui rythmera les rencontres du Mondial 2019 au Japon. On prend les paris ?

Dans ce contexte, le XV de France s’avance donc comme la seule nation majeure qui affirme d’autres envies et d’autres options tactiques. Les Bleus vont jouer et miser sur leurs joueurs de duels, ils le promettent, trois mois après s’être enorgueillis, pendant le Tournoi, de lancer sur la pelouse du Stade de France le paquet d’avants le plus lourd de leur histoire.

L’option de vitesse, accouchée par l’arrivée de Fabien Galthié dans le staff, est séduisante. Qu’importe la tendance mondiale, qui fuit à l’opposé. Sera-t-elle gagnante ? Tant pis, après tout. Si les Bleus promettent préparer le Japon pour y décrocher le premier titre mondial de leur histoire, les dernières années promettent surtout un drôle d’enfer.

Soulever le trophée Webb Ellis à Yokohama serait un des exploits les plus improbables de l’histoire du sport français et, dans ce contexte, notre urgence est ailleurs. Les Bleus doivent à nouveau plaire. C’est une nécessité vitale, pour un sport qui se vide de ses licenciés. Ils doivent oser et rendre à nouveau fier de supporter cette équipe. Et si l’audace ne leur garantit rien, même pas de sortir des poules, elle leur assurera une réconciliation publique sur laquelle l’avenir se construira. Alors, il n’y a plus de doute : jouez, Messieurs. Jouez beaucoup et trop, s’il le faut. C’est la seule maladie dont on ne meurt jamais vraiment.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?